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Production : Gloria Films, Par-Par Films Réalisation : Karin Albou Scénario : Karin Albou Montage : Christiane Lack Photo : Laurent Brunet Décors : Nicolas de Bouscuillé Distribution : Ocean Films Son : Jean-François Mabire, Steven Ghouti Costumes: Tania Shebabo-Cohen Durée : 96 mn
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Bruno Todeschini : Ariel
Fanny Valette : Laura
Elsa Zylberstein : Mathilde
Sonia Tahar : La mère
Hédi Tilette de Clermont Tonerre : Djamel
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La petite Jérusalem (La petite Jérusalem)
Semaine critique - Films en sélection
France / sortie le 14.12.05
Un premier long métrage des plus remarqués parmi la sélection de cette Semaine de la Critique 2005. A l'arrivée, La petite Jérusalem s'est vu couronné du Prix SACD. Notable récompense pour la jeune scénariste et cinéaste Karin Albou, âgée de 37ans, parallèlement enseignante en direction d'acteur à l'EICAR et déjà distinguée avec ses précédents films ; un documentaire, Mon pays m'a quitté, et deux courts de fiction : Chut (1993, Prix du premier film Cinécinéma) et Aid el Kébir (1999, Grand Prix à Clermont-Ferrand). Pays d'origine de sa famille paternelle, l'Algérie était naturellement au centre de ce second court métrage. La jeune auteur et cinéaste peut se prévaloir d'un itinéraire particulièrement riche quant aux différents sujets de ce premier long. Elle nous vient d'une formation en théâtre, danse et cinéma mais a tout autant étudié l'hébreu comme la littérature française et arabe. Rompre avec les poncifs du grand écran (tels que les juifs du Sentier), rendre hommage aux juifs venus Maghreb, dont nombre furent hébergés dans les cités de Sarcelles et de Créteil dès leur arrivée en France : ainsi se sont esquissées ses intentions premières.
S'il fallait dater La Petite Jérusalem, Karin Albou reconnaît volontiers que sa fresque serait à contextualiser en 2002 : répercussions de la deuxième Intifada, agressions à caractère antisémites, montée du FN, choc des élections présidentielles… Autant d'événements qui, à l'écran, restent en catimini mais concrètement palpables. Définitivement axé sur le thème de la féminité, le film y trouvera une parfaite mesure, la découverte de soi, quelle s'exprime en terme de relations amoureuses, de cheminements intellectuels, échos à l'exil ou passerelles transculturelles, constituant le noyau de son film. "J'ai commencé à écrire La petite Jérusalem à une période où je regardais avec tendresse mon adolescence et les théories intellectuelles que j'élaborais alors pour me prouver l'illusion de la passion amoureuse", nous explique Karin Albou. "Dès les premières versions du scénario, les personnages de Laura et Mathilde sont apparus : deux sœurs qui développent chacune face au désir un alibi différent, l'une la pensée, l'autre le discours religieux. Pendant le film, elles questionnent la Loi, perdent leurs certitudes et trouvent leur propre expression de la liberté et du désir". L'occasion de découvrir Fanny Valette, jeune comédienne qui décroche ici le premier rôle après son interprétation dans Le fils du français (Gérard Lauzier, 1999) mais aussi Hedi Tillette de Clermont Tonerre, venu du théâtre classique et contemporain. Devant la caméra, le comédien ne s'était jusqu'alors illustré qu'au court métrage. Elsa Zylberstein quant à elle nous offre une jolie pause intimiste avant de repartir sur les sentiers de la comédie (J'invente rien de Michel Leclerc, aux côtés de Kad Mérad et Claude Brasseur). Panache d'interprétations pour Bruno Todeschini, doublement à l'affiche en cette mi-décembre 2005 (Gentille de Sophie Fillières). Un casting joliment enrichi de ses multiples tonalités. L'amour au féminin, la vie ordinaire, comme elle va en banlieue dans le sillage de l'Histoire et de ces conflits d'ici et d'ailleurs… Un film aussi fort en enseignements particuliers qu'universel.
Sabrina
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