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Étoile de Cannes: Mathieu Kassovitz
Faits Historiques majeurs: Guerre en Tchétchénie. Attentat chimique dans le métro de Tokyo. Assassinat de Itzhak Rabin. Grande grève en France.
Films de l’année 95:
Gazon Maudit (Josiane Balasko), La Haine (Mathieu Kassovitz)
L’Appat (Bertrand Tavernier),BraveHeart (Mel Gibson),Apollo 13 (Ron Howard),La Cérémonie (Claude Chabrol),Nelly et Mr.Arnaud (Claude Sautet),Seven (David Fincher),Casino (Martin Scorsese),Le bonheur est dans le pré (Etienne Chatilliez)
True Blondes
Deneuve était sélectionnée en 93, présidente en 94, de nouveau sélectionnée en 95 (elle le sera en 96 aussi). 4 d’affilées. C’est ce qu’on appelle un abonnement à vie.
Les blondes sont à la mode: Vanessa Paradis qui chante le Tourbillon de la vie (Jules et Jim) en hommage à Jeanne Moreau (pour la deuxième fois présidente du jury).
L’héroine de la TV, Pamela Anderson, les seins silliconés, la chevelure platinée. Bref la parfaite incarnation de la californienne.
Et pour la cloture, la plus radieuse de toutes, la star des stars, Sharon Stone, qui revient triomphante, prêtant sa silhouette au Festival, comme Marylin représentait le 7ème art. Bellissima.
Le cercle des poètes réapparus
Xavier Beauvois trouve la lumière dans le sourire de Chiara Mastroaianni. Hugh Grant semble apprécier son récent de statut de star...deux mois avant le scandale de sunset boulevard. Le romantisme envahit les désirs des garçons. Jusqu’à cet inquiétant One (Rin perlman) qui s’éprend pour une petit Miette en robe rouge dans cet univers fantasque et portuaire digne de La jetée.
La Palme est attribuée à Johnny Depp. Beau gosse, sympathique, il présente deux films très loin du cinéma Hollywoodien, signé par deux grands auteurs (Burton, Jarmusch). Artiste et Poète, Rêveur et Marginal, il sort des sentiers battus pour mieux montrer son voyage au bout de l’envie.
Les bonheurs de Sophie
Mel Gibson l’a rencontrée à Cannes l’année dernière. Au moment où elle se disait déçue du cinéma, on lui offrait un cadeau magnifique sur la croisette. Un an plus tard, Sophie Marceau, à quelques jours de la sortie américaine de BraveHeart, est de nouveau à Cannes, pour y présenter son premier court-métrage: L’Aube à l’envers..
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Palme d'or:
Underground (Emir Kusturica)
Caméra d’or : Le Ballon blanc (Jafar Panahi)
Chiffres de l’année:
29 longs métrages, 14 courts métrages, 22 à Un certain Regard, 7 à La semaine de la critique, 17 longs métrages à la 15ne des Réalisateurs, 5 à Cinémas en France. 30 pays représentés.
3183 journalistes de 69 pays, 23 066 participants de 93 pays
Contexte:
D’un coté toute la poésie pour fuir une réalité sociale de plus en plus dure: La cité des enfants perdus, Dead Man, Ed Wood....de l’autre la caméra pointée sur l’actualité ou son histoire: Land and freedom, La Haine, N’oublie pas que tu vas mourir.....
On comprend mieux pourquoi un film comme Underground a su faire réagir autant qu’il a ému, et pourquoi Kusturica, en ces années de guerre civile a reçu la Palme d’Or. Une Palme qui devient le symbole politique d’une guerre entre intellos et cinéphiles. Dans un excès très slave, parce qu’on l’accuse d’être pro-serbe, Kusturica menacera d’abandonner le cinéma. Ce n’est plus un accueil, c’est un procès.
De la difficulté d’être juge. Le grec Angelopoulos a par ailleurs ressorti la vieille rivalité greco-yougoslave. Il y croyait à la Palme d’Or pour son Regard d’Ulysse.
Il repart avec un grand Prix et très en colère.
Underground comme Le Regard d’ulysse auront été parmi les rares films à avoir de la difficulté à trouver un distributeur en Amérique, malgré leurs prix.
Face à cette sélection qui divise, ce sont les films hors-compétitions qui intéressent: The Usual supects (le hit de l’été en France et un bon point pour Kevin Spacey), To die for (avec la jubilante Nicole Kidman), ou encore Le Confessionnal (coup de maître du québécois Robert Lepage).
Cette année le festival parle de son époque: la guerre civile, les banlieues, le sida, la manipulation ...
Chacun sur sa note personnelle. Rien n’est conventionnel en 1995.
Jusqu’ici tout va bien
L’explosion Kassovitz. Les médias français s’emparent de ce sujet chaud (les banlieues) et de cette fiction critique, ironique, onirique. Le langage donne lieu à des dicos dans les journaux, les caméras vont pointer leurs yeux sur les ghettos (comme au zoo). Kasso va prouver qu’il est doué (Prix de la mise en scène, César), ambitieux (il ira chercher un deal chez Jodie Foster), mais médiaphobe. Le Marketing lui fout les boules. La Haine devient phénomène de mode. Malgré lui.
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