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Une pure coïncidence
France / 2002 /
présenté à la Quinzaine des réalisateurs le 17 mai 2002
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Un sans-papier contacte un jour Romain Goupil pour linformer
du racket exercé par des passeurs. Il lui désigne
un bureau de change parisien chargé de récolter
les fonds des clandestins. Romain Goupil en discute immédiatement
avec Pascale Ferran, Tonie Marshall, deux amies cinéastes,
qui lui conseillent de tout filmer. Le réalisateur informe
alors ses amis, Olive, Nicolas et Alain de la situation. De
repérages en discussions, tout est filmé de A
à Z. Jusquau moment où les complices décident de passer
à laction contre cette officine de trafic humain. Lobjectif
nest pas simple, dautant que la police est aussi sur laffaire.
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Romain
Goupil a été révélé voilà vingt ans à Cannes, où il avait
obtenu la caméra dOr en 1982 pour " Mourir à trente ans "
(par ailleurs César de la meilleure première ¦uvre). Depuis,
le réalisateur a tourné cinq films : " La java des ombres
" en 1983, " Maman " en 1989, " Lettre pour L. " en 1993,
" A mort la mort " en 1999 et donc "Une pure coïncidence "
en 2002. En parallèle à cette carrière de cinéaste, Goupil
a été à bonne école en étant de 1974 à 1990 lassistant réalisateur
de Coluche (" Vous nairez pas lAlsace et la Lorraine ",
1977) Chantal Akerman (" Les rendez-vous dAnna " en 1978),
Roman Polanski (" Tess ", 1979) et Jean-Luc Godard (" Allemagne
année neuf zéro ", 1990). Rien que çà.
Au
départ, Romain Goupil navait pas prévu de tourner ce film
: vers noël 2000, Nicolas Minkowski demanda à son ami Goupil
de réaliser un film sur son père qui était hospitalisé dont
il sétait rapproché. Mais un soir, les six complices se retrouvent
dans le jardin de Nicolas. Ce dernier a rencontré par hasard
(doù le titre " Une simple coïcidence ") un sans-papier quil
lui a raconté comment il a été tabassé et racketté. Une histoire
qui ne laisse pas insensible les ex-soixante-huitard, qui
décident denquêter sur cette affaire louche dofficine de
trafic humain. Mécaniquement, Romain Goupil filme tout de
A à Z, sans savoir que cette histoire deviendra un jour un
film. Lutilisation de la DV, caméra légère et pratique, se
prête dailleurs assez bien au genre et permet au spectateur
de suivre tous les phases de l'investigation. Depuis lapparition
du dogme, ce format ne cesse de séduire les réalisateurs tel
Coline Serreau, qui avait entièrement son film " Chaos " (avec
Vincent Lindon, Catherine Frot et Rachida Brakni) en DV.
Les
six compères qui se connaissent depuis 1966, sont tous danciens
gauchistes, ont suivit la même formation. Leur complicité
est largement visible à lécran. A noter aussi la présence
de deux amies cinéaste de Romain Goupil : Tonie Marshall ("
Vénus Beauté Institut " avec Nathalie Baye, Audrey Tautou,
Mathilde Saignier et Samuel Le Bihan) et Pascale Ferran. Enfin,
les observateurs apercevront furtivement Edwy Plennel, rédacteur
en chef adjoint du journal Le Monde, lors de la scène danniversaire.
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REALISME HASARDEUX
Loft Story et le principe de la télé-réalité risquent
de prendre un coup de vieux avec " Une pure coïncidence
" : ici rien nest fabriqué. Pas de casting, juste une
bande de copains en prise avec la réalité quotidienne,
pas celle montée de toute pièce, où toute spontanéité
est annihilée. A mi-chemin entre " MacGyver " , " Secrets
dactualité " et " Zone interdite ", " Une pure coïncidence
" distille un plaisir évident, celui de suivre pas à
pas une enquête sur une officine de trafic humain, réalisée
par des as de la débrouille. La spontanéité semble même
être le vecteur commun de la bande, à commencer par
Romain Goupil qui nhésite pas à inclure dans son film
une dispute sérieuse avec sa fille. On pense aussi à
" Oceans Eleven " en terme de complicité, sauf quil
ne sagit pas ici dargent mais bien de vies humaines.
Lenjeu est double, au moins : agir par amitié tout
dabord, poser les bonnes questions ensuite. Connaissant
le passé soixante huitards de la bande, le spectateur
ne sera guère surpris de voir le film prendre une tournure
politique, surtout après lappel des cinéastes de 1997.
Pour autant, le film ne se réduit pas à la réunion de
ces deux moteurs narratifs : la maladie, les nombreux
anniversaires tout comme lesprit militant des années
70 à qui perdure (on voit notamment Nicolas Minkowski
laisser brusquement en voiture en pleine chaussée pour
aller tabasser un colleur daffiche du FN en plein jour).
Face à cela, lusage de la caméra DV, de par sa maniabilité,
sa légèreté et sa petitesse ne sont pas sans rappeler
lusage du super 8 dans lusage qui en est fait. Tout
est filmé, sans exception et sans censure, en samusant
de tout sauf des axiomes de départ et de leur amitié
indéfectible. La frontière entre vérité et reconstitution
est souvent ténue, mais permet néanmoins de livrer un
film sans fioritures. Et la mise en scène, quasi-inexistante,
fait qu " Une pure coïncidence " se rapproche davantage
du documentaire que dune fiction. Pourtant, le problème
des sans-papiers reste hélas bien une réalité préoccupante.
Romain Goupil et ses complices ont simplement eu le
bon goût de traiter le problème sous un angle original
et quasi-ludique (présence de maquettes et gadgets en
tout genre), qui ne laissent aucune place au pathos
et lémotion facile bien au contraire. Un excellent
travail dinvestigation qui apporte un peu de sang neuf
à genre (le documentaire) sclérosé, et dont nos confrères
de la presse quotidienne et nationale seraient priés
de s'inspirer à lheure du thème rebattu de linsécurité.
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