Morvern Callar
Fiche technique
Production : Compagny Pictures
Réalisation : Lynne Ramsay
Scénario : Lynne Ramsay, Alan Warner
Montage : Lucia Zucchetti
Photo : Alwin Kuchler
Son : Paul Davies, Richard Flynn
Musique : Andrew Cannon

Durée : 97 mn

Samantha Morton (Morvern Callar)
Kathleen McDermott (l'amie de Morvern Callar)

Festivalcannes.org
Quinzaine des Réalisateurs
 
 

Morvern Callar (Le Voyage de Morvern Callar)

Grande-Bretagne / 2002 /
présenté à la Quinzaine des réalisateurs le 23 mai 2002

Morven Callar a 21 ans. Elle habite un petit port, sur la côte ouest de l'Ecosse et travaille dans un supermarché. Pour Morvern, dans la vie, il faut se débrouiller avec ce qu'on a et accepter ce qui cous tombe dessus.Un matin elle découvre ce que la vie lui a réservé : son copain gît, raide mort, sur le carrelage de la cuisine. Il s'est suicidé après lui avoir laissé un message sur l'ordinateur, sa carte de crédit et sur une disquette, le roman inédit qu'il venait d'achever.

Diplômée de la National Film Television School de Londres en 1995, Lynne Ramsay s'est fait connaître à Cannes, où elle a reçut le prix du Jury en 1996 pour son court-métrage intitulé "Small Deaths".

Après deux courts-métrages, "Kill the day" et "Gasman", salués dans plusieurs festivals, elle réalise son premier long-métrage, l'excellent "Ratcatcher" en 1999. Le film présenté à Cannes, a fait également l'ouverture du festival international d'Edimbourg et remporté de nombreux prix.

"Le voyage de Morvern Callar" (Morvern Callar), son second long, est l'adaptation d'un livre d'Alan Warner. Dans le rôle principal, l'actrice Samantha Morton. Depuis que Woody Allen nous a fait découvrir le talent de cette jolie british dans "Accord et désaccord" avec Sean Penn, la comédienne tourne avec les plus grands. On la retrouvera ainsi aux côtés de Tom Cruise dans le nouvel opus de Steven Spielberg, "Minority Report".

Le tournage de "Morvern Callar" s'est déroulé en Ecosse et Espagne. Difficile de trouver climats plus antinomiques .

 

 

QUI VIVRA VERRA

Quel est le sujet de votre prochain roman ? En réalité, je suis travaille dans un supermarché.

Impossible de ne pas comparer "Le voyage de Morvern Callar" à "Virgin Suicides". Même soin apporté à la musique. Mêmes thèmes: le suicide, le sens de la vie .Mais la comparaison s'arrête là. La réalisatrice n'a pas réussit à insuffler une ambiance aussi marquée que dans le film de Sophia Coppola. Pourtant "Morvern Callar" débute de manière atypique : le spectateur découvre Morven aux côtés de feu son petit ami, les lumières du sapin de Noël illuminant le visage de l'héroïne. Intriguant et efficace. Pas de larmes. Encore moins de cris.

Le comportement de Morvern Callar s'avère alors encore plus troublant : l'héroïne fait comme si de rien n'était. Elle prend place au coin du feu, ouvre ses cadeaux de Noël, et fume une cigarette, alors que son ami gît à terre. Voilà matière à intriguer.

D'autant que la réalisatrice habile, met admirablement en image le chaos intérieur : un rythme lent, lourd qui ne fera que renforcer par la suite les différences entre la vie de Morvern dans la première partie du film (un appartement glauque, une vie ennuyeuse et morne dans une Ecosse pluvieuse ) et la seconde. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Morvern Callar s'envole vers des cieux plus cléments et ensoleillés, histoire de se laisser bercer par la douceur du soleil Espagnol. Le contraste n'en est que plus flagrant. Déjà témoin mal à l'aise de réactions improbables, le spectateur se retrouve alors confronté au mensonge déroutant d'une femme qui profite allègrement de l'ouvre de son ami mort, substituant au passage son identité pour se faire passer pour l'auteur du livre écrit par le défunt. Samantha Morton apporte toute l'ambivalence nécessaire à son rôle. Son regard fixe et sans vie, plein de mystère, apporte une certaine profondeur au personnage. Et trame sonore revêt une importance toute particulière, puisque l'héroïne écoute dans son baladeur un mélange savant de musique indienne et rock, qui noie le film dans un malaise étrange.

Hélas, faute à un script confus, on voit mal où Lynne Ramsay veut en venir. Le film ne bénéficie pas de ligne directrice claire. Un constat d'autant plus dommageable : le livre qui a inspiré le film aurait pu servir de base solide à un film qu'on aurait aimé davantage rythmé.

  (C)Ecran Noir 1996-2002