Production: Agav, MK2, Arte
Réalisation: Amos Gitai
Scénario: Amos Gitai, Marie-Jose Sanselme
Montage: Kobi Netanel
Photo: Yorgos Arvanitis
Musique: David Darling, Manfred Eicher
Durée: 100 mn
Andrei Kashkar: Janusz
Helena Yaralova: Rosa
Juliano Merr: Moussa
Yussef Abu Warda: Youssouf
Festivalcannes.org
Kippour (Cannes 2000)
Histoire - Israël
 
 

Kedma

Israël / 2002 / Sortie en salle le 22 mai 2002
Sélection Officielle / Présenté le : 16.05.02

Le cargo "Kedma" ("Vers l'Orient") fait route vers la Palestine, emmenant à son bord des rescapés de la Shoah. Rosa, Janusz, Roman, Menahem... autant de destins qui espèrent trouver la terre promise après tant de souffrances et de sacrifices.
Mais sur place la guerrilla avec les Anglais fait rage; et les relations avec les Arabes sont tendues. Pour atteindre le Kibboutz, alors que Jérusalem est assiégée, il faudra renier ses illusions.

Amos Gitai est né en Israël, au début de l'Etat d'Israël. Le cinéaste a la chance d'être, grâce à Cannes, le plus connu des réalisateurs israëliens à travers le monde. Le troisième K est ainsi sélectionné en Compétition officiel après le lumineux Kadosh (99), le belliqueux Kippur, voici l'historique Kedma.
Gitai filme ainsi son pays comme personne : d'abord les paysages, ensuite les visages, mais aussi le bruitage des armes ou des voix. En se penchant sur l'histoire des gens, il collectionne les anecdotes et les souvenirs de chacun, pour former son nouveau film. Comme souvent,il a finalement changé de nombreux éléments entre le scénario final et le tournage. Il tourne vite, et monte simultanément. En 5 semaines, Kedma fut bouclé. Car, parallèlement, ce cinéaste continue son métier de documentariste, et l'écriture de pièce de théâtre.
Le film se situe en mai 48, deux semaines avant la création d'Israël. Le 14 mai, les britanniques mettront fin à leur mandat, laissant les peuples à l'abandon. Les Juifs et les Arabes se combattent. En effet, le retrait de la Grande Bretagne était annoncé, et quelques mois auparavant, le 29 novembre 47, l'ONU avait voté le partage des terres entre un Etat juif et un Etat palestinien. Dès le lendemain, chaque peuple voulu prendre le contrôle de Jérusalem, assiégée. Au même moment, de nombreux immigrants venaient pour construire Israël, fuyant une Europe qui les avait détruits.
Kedma sort pendant le Festival.Excepté pour Kadosh (285 000 entrées en France), les films de Gitai séduisent généralement moins de 100 000 spectateurs.

 

EXODUS

"- On est sur la même planète? Non."

Amos Gitaï, avec un aplomb certain, ne prend aucune précaution pour attirer un public étranger à son style, composé de longs plans séquences fondant au noir quand tout a disparu du champ. Comme d'habitude, tout semble long, répétitif; Gitaï s'attarde trop sur la beauté de l'image sans lui donner le sens qui lui sied. Le film se divise ainsi en deux parties distinctes. Les bavardages, citations et autres poncifs se mélangent aux chants et aux langues. Puis leur succèdent les explosions, les morts et les tirs au milieu des incantations prophétique (l'arabe) et pjilosophique (le juif).
Reconnaissons que l'auteur a su - laborieusement - mettre en perspective les conflits de l'époque. Cependant, en nous écartant de l'Histoire (si vous ne lisez pas notre buzz, vous ne comprendrez rien au contexte historique, ndlr), le cinéaste oublie la force d'un scénario. Les petits histoires (ou souvenirs) collées une à une ne forment pas les grands récits, cohérents. Le drame, où chaque sentiment semble peser son fardeau de souffrance, n'est jamais allégé de dérision ou porté par l'émotion.
Alors, les peuples migrateurs se croisent : les Arabes fuient les Juifs qui fuient les Anglais. Sur cette terre promise, le sang coule déjà, les armes font mal; le belliquisme envahit les esprits. La guerre, à l'instar de Kippur, est filmée froidement , telle un observateur immobile face au massacre. De l'horreur des camps, ils sont passés à l'horreur de la Guerre.
Amos Gitaï livre ainsi un film aride, pénible par l'ennui qu'il dégage. Nos oreilles prennent le relais des yeux avec le monologue final d'Andrei Kashkar sur la destinée des Juifs. Après une heure et demi de paysages écrasant l'image et les errances humaines, le message est clamé, désespérément. Le peuple de la souffrance, celui qui n'a pas d'Histoire, ne peut avoir un pays. Le mythe d'Israël est battu en brêche, l'utopie fait place à une réalité sordide qui mendie un rêve. Hélas, le spectateur n'est plus attentif. Cela fait 50 ans qu'il voit ce cauchemar dégénérer. Déjà, on parlait de Ramallah.

  (C)Ecran Noir 1996-2002