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Japon (Japan)
Mexique / Espagne / 2002 /
présenté à la Quinzaine des réalisateurs le 17 mai 2002
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Un homme quitte la ville pour se rendre au fin fond du Mexique,
où il se souhaite se préparer à la mort. Il se trouve à se loger
chez une vieille métisse habitant seule dans un canyon désolé.
Plongé dans limmensité dune nature vertigineuse et sauvage,
il se trouve confronté à lhumanité infinie de sa logeuse. Lhomme
oscille entre cruauté et lyrisme et voit en lui se réveiller
livresse des sens, son désir de vie.
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Japon
est le premier film du talentueux Carlos Reygadas, inconnu
du grand public. Passionné par les films de Tarkowski,
le jeune réalisateur Carlos Reygadas est fasciné
depuis lâge de seize ans par le cinéma
comme moyen dexpression plus que comme outil à
raconter des histoires, divertir, documenter ou militer. Voilà
en gros le style dun réalisateur qui nen
manque pas. Reygadas a intégré une université
de droit au Mexique où il a effectué une thèse
sur la Cour Internationale de Justice. Fasciné par
les situations extrêmes, le réalisateur a commencé
à travailler pour le service extérieur du Mexique,
aux Nations, sur les travaux préparatoires de la cour.
Puis Carlos arrête tout pour repartir à Bruxelles
étudier le cinéma. Il prépare alors un
court-métrage avec le futur chef opérateur de
Japon. Dès lors tout saccélère
et durant le premier semestre de 1999, il réalise trois
autres courts-métrages auto-produits, en vue de maîtriser
le technique de projets plus ambitieux. Au regard du résultat
de " Japon ", lexpérience a été
plus que profitable.
Le scénario de Japon a été écrit
entre septembre 1999 et février 2000. Le film a été
tourné en été, auto-produit et en partie
autofinancé. Ce fût dailleurs pour la totalité
de léquipe une première expérience
sur un long métrage.
Le film a dabord été présenté
au festival de Rotterdam en janvier 2002 dans une version
différente. Lors du premier visionnage, le réalisateur
décela de nouveaux points faibles. Cest alors
quil rencontre Philippe Bober, vendeur international
qui senthousiasme pour le film. Ce dernier lui donne
davantage de moyens, tant au niveau du montage, de létalonnage
que du mixage.
Enfin, le casting est composé de non professionnels
à commencer par le personnage principal, incarné
par Alejandro Ferretis, un ami des parents du cinéaste.
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THE MAN WHO WASNT THERE
Le diable charge les armes, les crétins appuient
sur la gâchette.
La vie, la religion, le sexe, la mort. Autant de thèmes
sont abordés dans Japon, film on ne peut plus
dense. Dans une atmosphère éthérée,
aux dominantes sépia, le jeune mais néanmoins
talentueux réalisateur Carlos Reygadas filme
les derniers jours dun homme dont on devine les
blessures secrètes sous-jacentes. Tout ici est
suggéré, calculé, à tel
point quon pense au perfectionnisme de Wong-Kar
Waï. Une comparaison non fortuite : à linstar
d " In the mood for love " la musique joue ici
un rôle prépondérant, catalyse les
émotions et remplace souvent les dialogues, devenus
inutiles. La beauté de la musique classique transporte
le spectateur, déjà époustouflé
par la splendeur des paysages verdoyants, somptueux
du Mexique.
On
reste subjugués devant ces plans aériens,
tout comme les panoramiques, englobant lintégralité
spatiale et temporelle. Pas de bluff et de mouvements
de caméra inutiles pour autant. Tout est calculé,
rien nest laissé au hasard, pas même
le choix de la trame sonore, particulièrement
soignée. Certains seront déconcertés
par le manque de rythme et lhistoire, qui se résume
en une ligne : une complicité qui sinstalle
entre un homme qui vit ses derniers jours et une vieille
métisse pétrie dhumanité.
Une sorte d " Une hirondelle a fait le printemps
" (présence de la nature sauvage aidant) en moins
allégorique. Tout est question dambiance,
de psychologie et démoi. Pour autant, Carlos
Reygadas ne tombe pas dans le pathos, bien au contraire
et réussit à diluer ici et là un
humour insolite. Difficile en effet de ne pas sesclaffer
devant une personne âgée en train de goûter
aux joie de la marijuana ou un ivrogne récitant
un poème damour. Signe dun talent
certain, le réalisateur sait passer du rire aux
larmes sans accrocs. Un constat dautant plus étonnant
quand on note la performance obtenue avec un casting
de non-professionnels, à commencer par létonnant
Alejandro Ferretis. Ce dernier a réussit à
composer un personnage complexe, qui se protège
derrière une barrière didées
métaphysiques, sorte darmure pour ne pas
être atteint pas les choses basiques de la vie.
Dès lors, lorsque Ascen, vieille femme plus âgée
et plus forte sabandonne à lui de manière
aussi ouverte, lhomme dévoile que sa carapace
est inadéquate. Loccasion aussi pour le
réalisateur daborder la pratique religieuse,
lexacerbation du rite. De la même manière
que les mythes sont révélateurs de linconscient
dun peuple, les icônes révèlent
ici des désirs, des peurs et des frustrations.
Lessence même de la vie.
Japon est en tout cas un film quil faut prendre
le temps de comprendre et surtout de ressentir. Carlos
Reygadas filme limpalpable à travers un
personnage rendu ultra réceptif par la situation
dans laquelle il se trouve. Tous les sens du spectateurs
sont en éveil pour découvrir une ¦uvre
basée sur la suggestion et les non-dits. La maîtrise
de lensemble fait vraiment plaisir à voir.
Un réalisateur à suivre de très
près.
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