|
|
|
L'homme sans passé
Finlande / 2002 / Sortie en France le 6 novembre 02
Compétition/ Présenté le : 22.05.02
Grand Prix du Jury, Prix d'interprétation féminine
| |
Un ouvrier soudeur débarque dans la grande ville dHelsinski dans lespoir de décrocher un job. Ses plans de carrière se trouvent compromis quand au détour dun square, il croise trois malfrats qui lui font sa fête, le laissant inconscient et dans un sale état. Miraculé, il se réveille sans aucun souvenir de son identité.
| |
Prix spécial du jury en 96 avec Au loin sen vont les nuages, le finlandais Aki Kaurismäki soffre pour 2002 une double participation cannoise. Il a en effet réalisé un des segments de 10 minutes older - présenté dans la sélection Un certain regard pour lequel il a engagé les deux mêmes acteurs principaux de Lhomme sans passé, Markku Peltola et Kati Outinen. Car Kaurismäki est un homme fidèle ; jusquà ses personnages animaliers. La petite chienne Tähti, présente dans le film, est en effet issue dune lignée canine qui participe à ses projets depuis trois générations.
Avec Lhomme sans passé, Kaurismäki a souhaité revenir à un cinéma plus attractif, voire commercial, ses derniers films tendant vers lépuration extrême (noir et blanc, absence de sonŠ). Le film na pas rencontré un succès considérable dans son pays dorigine, dont le circuit dexploitation est de toute façon limité. En revanche il bénéficie dun statut dauteur culte à létranger qui lui permet despérer que sa nouvelle ¦uvre, plus accessible, trouvera à un accueil satisfaisant à lexport.
|
|
|
|
|
|
| L'INNE ET L'AKI "Ah, il parle ! - Oui je sais, je ne savais pas quoi dire avant"
En traitant de lamnésie, cest à notre propre mémoire sélective que Kaurismäki nous renvoie. Cette fâcheuse tendance que nous avons à faire abstraction de ceux qui ne brillent pas, les laissés pour compte, les oubliés de la réussite sociale. En perdant son identité, le rebaptisé M quitte essentiellement la place qui était la sienne dans le système. Car loin dêtre réduit à létat de légume désoeuvré mais en pleine possession de ses moyens, il se retrouve déshinibé, libéré du carcant des conventions de sa vie antérieure. Une existence qui lempêchait de concrétiser certains rêves auxquels il aspirait sans même le savoir peut-être (comme simproviser directeur artistique dun groupe de rockŠ). Aussi, le drame passé, cest très vite à une renaissance que nous assistons, loin de lindividualisme matérialiste, mais proche dune chaleur humaine retrouvée dans la solidarité et la compréhension mutuelle de la nouvelle famille dinfortune qui lentoure bientôt.
Le metteur en scène finlandais se garde bien de développer son histoire avec un trop grand soucis de réalisme et désamorce la charge dramatique que pourrait laisser sous entendre lincident du départ. Fable avant tout, le film dégage une force comique certaine dans la satire. Pétris de bon sens et plutôt portés sur un humour pince rire, les problèmes de communication que rencontrent les protagonistes dés lors que leurs milieux respectifs les différencient ou que linstitution quils incarnent présente des vices de fonctionnement débouche sur autant de situations cocasses susceptibles de déclencher lhilarité. Et les failles sont nombreuses selon Kaurismäki. De la police ségrégationniste, aux banques en faillite, de la justice assommante à laide sociale inadaptée, le réalisateur se livre à un constat sombre mais non désespéré.
Humaniste convaincu, le réalisateur semble nourrir une foi dans la capacité de lêtre humain à sentraider, à trouver des solutions au-delà de lenvironnement inadapté quil sest créé. Oscillant entre amertume et dérision, Kaurismäki nous offre une ¦uvre dynamique et accessible, à la réalisation inventive. Une ode à la dignité humaine qui touche sa cible grâce à sa sincérité.
|
|
|
| |