Deux
Fiche technique
Production: Paul Branco et Gemini Films
Réalisation: Werner Schroeter
Scénario: Werner Schroeter, Cédric Anger
Montage: Julianne Lorenz
Photo: Elfi Mikesh
Son : Philippe Morel


Durée : 121 mn

Isabelle Huppert (Magdalena)
Bulle Ogier (La mère)
Manuel Blanc (Le soldat)
Arielle Dombasle (La cantatrice)

Festivalcannes.org
Isabelle Huppert sur EN
Quinzaine des Réalisateurs
 
 

Deux

France-Allemagne / 2002 /
présenté à la Quinzaine des réalisateurs le 19 mai 2002

Les existence parallèles et entrecroisées d’une mère (Bulle Ogier) et de ses deux filles, s¦urs jumelles séparées à la naissance (Isabelle Huppert). Toutes trois privées d’amour filial, instables et incapables de sentiments durables, elles poursuivent la quête désespérée de leurs origines, ne trouvant d’apaisement que dans les drames provoqués et le sexe. L’opéra et la passion contribueront à les réunir, mais comment cette tragédie pouvait-elle se terminer autrement que dans un accomplissement sanglant ?

Après des études de psychologie à l’université de Mannheim, Werner Schroder réalise dès 1967 des films en 8 mm qui sont fortement inspirés par le cinéma d’avant-garde américain. Vers la fin des années soixante, ses ¦uvres ont une résonance considérable. Au début des années soixante-dix il commence à mettre en scène des pièces de théâtre et monte depuis 1979 également des opéras. Son premier long-métrage, intitulé "Eika Katapa" (1969) recevra le Prix Josef Von Sternberg. Dans "La mort de Maria Malibran" apparaît un motif qui cristallise son ¦uvre: le décès d’une chanteuse qui meurt "d’avoir trop chanté". En 1980 il recevra un Ours d’Or au Festival de Berlin, et en 1996 Locarno lui décerne un Léopard d’honneur pour l’ensemble de son ¦uvre.

Après son sacre l’an dernier à Cannes avec "La Pianiste" de Michael Haneke (prix d’interprétation), et son succès dans "Huit femmes" de François Ozon, Isabelle Huppert confirme ses prédispositions pour les sujets dérangeants. A noter également la présence d’Arielle Dombasle, déjà l’an dernier sur la Croisette pour le film de Raoul Ruiz avec Frédéric Diefenthal et Laetitia Casta. Enfin, Schroeter a engagé le fils et le père Stévenin, Jean-François et Robinson, ce dernier ayant obtenu récemment le césar du meilleur espoir masculin pour son rôle de travesti dans "Mauvais genre" de Francis Girod.

 

 

L'INSOUTENABLE LEGERETE DE L'ETRE

Tu sais, ça va te paraître idiot, mais depuis que je me suis mis au bouddhisme, çà va beaucoup mieux.

mes sensibles s'abstenir. Après "La pianiste" de Michael Haneke l'an dernier (prix d'interprétation pour Benoit Magimel et Isabelle Huppert), le nouvel opus de Werner Schroeter risque d'en choquer plus d'un. Il faut de dire que le réalisateur de " La mort de Maria Malibran " ne ménage pas le spectateur, qui en aura le c¦ur tout retourné : cannibalisme, présence d'organes humains déchiquetés, hommes pendus, errements au cimetière, torture, drogue, roulade dans un bain de sang Š Si au moins ce qu'on pourrait qualifier de "boucherie" était au service d'un scénario cohérent et d'un réel propos.
Mais on a beau tourner et retourner le film dans tous les sens, force est de constater qu'il n'existe pas de message ni d'ellipse apparents qui ressortent clairement du film. Hélas, on nous balade de scène en scène sans aucun lien apparent, tout arrive comme un cheveu tombé sur la soupe. A tel point que l'histoire elle-même s'avère incompréhensible pour toute personne qui n'a pas lu le script avant de rentrer dans la salle. Un comble.

Résultat: les seules fois où le malaise laisse la place au rire, c'est pour mieux s'esclaffer devant le ridicule des situations: Arielle Dombasle déguisée en tibétaine, affublée d'un lampadaire en guise de chapeau, chantant "J'adore les militaires" ou "Jingle Bell", vaut à elle seule le déplacement. Ou encore l'héroïne écrivant à Yasser Arafat pour le supplier d'arrêter la guerre au Proche-Orient...
Seule Isabelle Huppert s'en tire bien une fois de plus, grâce une interprétation hors-pair. On aimerait simplement voir la comédienne ailleurs que dans des rôles de torturées physiques et mentales. Sans doute se complait-elle trop dans ce genre de rôle. Dommage, au regard du potentiel comique de l'actrice, qu'avait réussit à exploiter François Ozon dans "Huit femmes".
En réalisant "Deux", Werner a certainement voulu choquer les biens-pensant. Son film rassemble tout et surtout du n'importe quoi, enrobé dans un style pseudo-auteurisant et provocant. N'est pas Haneke qui veut.

  (C)Ecran Noir 1996-2002