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| Production: 02 filmes, VideoFilmes, StudioCanal Réalisation: Fernando Meirelles et Katia Lund Scénario: Braulio Mantovani Montage: Daniel Rezende Photo: César Charlone Musique: Antonio Pinto et Ed Côrtes Durée: 135 mn |
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| Alexandre Rodrigues : Fusée Leandro Firmino da Hora : Petit Zé Seu Jorge : Manu Tombeur Matehus Nachtergaele : Carotte |
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Cidado de Deus (La Cité de Dieu)
Brésil / 2002 / Sortie en salle n.c.
Hors Compétition / Présenté le : 18.05.02
| | Val est
Nous suivons une chronique à travers une ville nouvelle des années 60 devenue le quartier des gangs
dans les années 70, près de Rio.
A travers le regard de "Fusée", les Minus, les Minets, les Truands se cotoient. Jusqu'au jour où il y aura un mort de trop. Un mort qui déclenchera une guerre civile, où la police semble complice, où les médias ont peur d'aller.
La Cité de Dieu est l'histoire de ses chefs de files et ses valets qui ont transformé une ville entière en carrefour de la dope, des armes, et du sang.
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A l'origine, il s'agit d'un roman de Paulo Lins (600 pages), retraçant la montée du crime organisé puis de la guerre civile dans la Cidade de Deus à Rio. Pour le réalisateur, c'était aussi l'occasion de dévoiler une autre facette d'un Brésil souvent résumé à ses bidonvilles ou ses plages.
La pré-production fut longue; il fallait mettre en scène 300 personnages, plus de 15 ans d'évolution urbaine, avoir recours à 110 jeunes des ghettos et leur apprendre le métier de comédien (un atelier fut créé pour l'occasion).Il y eut donc 4 versions différentes du scénario.
Le réalisateur Fernando Meirelles n'en est pas à son premier film; il avait réalisé Domesticas o Filme en 99 et O Menino Maluquinho en 96. Né à Sao Paulo dans les années 50, architecte de formation, sa société indépendant Olhar Electronico a produit des oeuvres expérimentales primées un peu partout; il a insufflé sa créativité dans la télévision, puis dans la pub. Le scénariste, Barulio Mantovani avait été retenu par Sundance pour qu'il écrive le script dans le laboratoire d'écriture du Festival.
Le film a été co-produit notamment par le cinéaste Walter Salles, membre du jury cette année à Cannes, et Ours d'or à Berlin avec Central do Brasil. Le budget de 3.3 millions de $ (assez conséquent pour un film sud américain) a été couvert par les ventes à des distributeurs internationaux : Mars en France, Miramax aux USA. Nul doute qu'il rencontrera un certain succès. Des films comme Tigre et Dragon ont été sélectionnés Hors Compétition avant de connaître des carrières brillantes...
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| BRAZIL EMBRASE "- Vous avez même pas des têtes de bandits!"
Le film aurait certainement mérité la compétition officielle - par exemple pour éviter l'humiliante projection que devra subir Assayas. Le choc Amores Perros avait été engoncé dans une faible exposition à la Semaine de la Critique. Et aucun film sud américain notable n'a eu l'honneur de la Compétition depuis des lustres. En voyant La Cité de Dieu, on ne peut s'empêcher de regretter cet acte manqué.
Il est vrai que le cinéma de Meirelles emprunte beaucoup : aux effets américains (caméra à 360 degrés, ralentis, split screens ...), à Tarantino (scénario, genre, ...) et à la nouvelle vague sud américaine de réalisateurs (Salles, Larritu, Pineyro...).
Malgré ce manque de singularité, reconnaissons que ce polar à forte connotation sociale est un bijou dans le genre. Que de plaisir!
A partir d'un scénario foisonnant, Mireilles nous expose des dizaines de personnages, qui ont tous leur importance. Rarement film chorale n'aura été si cohérent et si maîtrisé. Il nous décrit la vie dans un microcosme, et ainsi décortique les origines d'une guerre des gangs ultra-violente en plein Rio de Janeiro. Là bas "le soleil est pour tout le monde et la plage pour ceux qui la méritent." Le début est évidemment la fin du film qui s'articule donc comme un long flash back; et chaque personnage va contribuer à nous donner un élément qui changera un peu plus les événements. Cette impression de fatalité découpée par chapitres prend son accélération avec la mort de Béné, Truand et Minet, ami des deux chefs de clans, et en fait seule neutralisateur. Avant comme après, le scénariste et le cinéaste nous font découvrir un autre Brésil : analphabète, pauvre, violent, drogué, bref un ghetto américain dans toute son horreur extrême où l'espérance de vie tient dans une balle perdue. Il y a d'ailleurs une séquence dure (moralement) où un gamin est forcé de tuer un autre gosse. La désagrégation sociale est observée par le seul qui souhaite s'en sortir, se hisser vers un ailleurs, Fusée. Si Béné marque la fin de l'insousciance et de l'immoralité, Fusée sera le porteur d'espoir, celui par qui la vérité sera annoncée.
Au milieu de cet univers sans foi ni loi, chaud et sanguin, où l'hémoglobine ne sêche jamais vraiment, Mireilles impose un visuel créatif, imaginatif, à défaut d'être original. Il sert sa narration complexe, fragmentée et condense son message avec des images multiples ou des effets appuyés. Il n'oublie jamais la force de la tragédie, du drame, le suspens aussi et son intrigue en sort renforcée. Si on ne se souvient plus de tous ces destins avortés trop tôt, on garde cette malchance permanente en mémoire. A la fin de ce polar entraînant, passionnant, où le monde des adultes se confond avec celui des enfants, où le bien fusionne avec le mal, le spectateur ressort plus bousculé qu'après de nombreux films américains, policier ou d'action. Un vrai film noir.
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