Production: Taehung Pictures, Pathé, Cinema Services
Réalisation: Im Kwon-Taek
Scénario: Im Kwon-Taek, Kim Young Oak
Photo: Jung Il-Sung
Durée: 113 mn
Choi Min-Sik : Ohwon (Jang Seung-Up)
Ahn Sung-Ki : Kim Byung-Moon
You Ho-Jeong : Mae-Hyang
Kim Yeo-Jin : Jin-Hong Yuan
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Corée - Histoire
Corée - Peinture
ChunYangh (Cannes 2000)  
 

Chihwaseon (Ivre de femmes et de peinture)

Corée du Sud / 2002 / Sortie en salle n.c.
Sélection Officielle / Présenté le : 24.05.02

Durant la deuxième partie du XIXème siècle, la Corée du Sud était menacée par des invasions étrangères et des révolutions civiles. La dynastie de Chosun, au pouvoir depuis 500 ans, approchait de son crépuscule. Ohwon est né en 1843 et disparu vers 1897. Il est né juste après la soumission de la Chine à l'Angleterre et est mort avant l'exécution de Hae-Wol.
Entre les deux, ce gosse des rues deviendra le plus grand peintre du pays, réclamé par les puissants, adoré par le peuple. Avant gardiste, il avait besoin des femmes (le désir) et d'alcool (le fournisseur de couleurs) pour peindre ce qui lui passait par la tête.

Un peintre coréen rappelant Van Gogh ou Pollock, a disparu mystérieusement et a laissé peu de traces. Peu de biographies existent sur cette légende coréenne, tout juste trois reconnues. Ohwon n'avait pas de rapport avec les milieux lettrés de l'époque, ne se souciait pas de la postérité, et ne se pliait pas aux règles officielles. Par exemple, il ne signait pas ses oeuvres et pouvait tout autant les détruire.
Im Kwon-Taek est le plus ancien et le plus renommé des cinéastes coréens. Alors que le cinéma local connait une véritable Nouvelle Vague, IKT (65 ans) travaille depuis 40 ans en plus de son professorat à l'Université. Chihwaseon est son deuxième film retenu à Cannes. Etrangement, seul le Festival de Berlin l'avait repéré avant cela, dans les années 80. Depuis quelques temps il s'intéresse beaucoup au Pansori, art lyrique coréen.
Pour la première fois, il collabore avec Choi Min-Sik, qu'on avait repéré dans Failan 4 fois primé au Festival du film asiatique de Deauville.

 

LE LIBERTIN

"- Il est si vrai qu'il va percer le papier et s'envoler vers le ciel."

Le dernier opus du vétéran coréen Im Kwon-Taek prolonge son désir de cinéma ultra-esthétique, historique et traditionnel. Là encore il choisit un personnage hors-norme, légendaire même, dont la vie et l'avis importent plus que la morale et les règles de l'époque.
Vite saisis par tant de splendeurs, ce conte d'un monde flottant entre guerre civile et invasion étrangère nous émerveille d'un bout à l'autre, sans jamaisnous assommer. Dans cette Corée pleine de tumultes, Kwon-Taek dessine les grands traits du destin d'un homme qui fit davantage pour l'Histoire que tous les "politiciens" qui passaient.
Le réalisateur trace alors deux voies. Les étapes d'une vie et la description d'un caractère, soit un être solitaire, triste, abattu, alcoolique et libidineux; et la création artistique, tant ses origines que son enseignement et son héritage.
Le génie du peintre est ainsi compris et démontré. On s'extasie devant ces estamps exquises. Choi Min-Sik, l'acteur principal, transmet parfaitement les excès de ce fou en liberté, bridé par un système aux préjugés tenaces. La fusion de l'oeuvre et de son auteur se comprend aisément. Il avait un droit de vie et de mort sur ses créations.
Non dénué d'humour, Chihwaseon repose essentiellement sur l'excentricité, la lubricité et la rage inféodée de son personnage. Le film, en cela, est un peu moins lyrique et céleste que La fidèle de Chunhyang. Mais la psychologie du personnage, les couleurs, la beauté se mélangent au regard admiratif et affectueu du cinéaste. L'itinéraire biographique nous implique mieux en nous facilitant l'identification à une culture si lointaine.
Si l'on reste en dehors de l'Histoire - succession chronologique maladroite - la fluidité du récit, la séduction des mouvements de l'image se marient pour faire de nous les concubins de la folie artistique de Ohwon.

  (C)Ecran Noir 1996-2002