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Blue Gate Crossing
Taiwan / France / 2002 /
présenté à la Quinzaine des réalisateurs le 21 mai 2002
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Kérou a 17 ans, elle est lycéenne. Comme d'autres jeunes filles de son âge,
elle se cherche. Rêveuse, elle doute d'elle même et regrette l'insouciance de
l'enfance. Shihao est un jeune garçon séduisant et un peu rebelle, les filles
l'adore. Yuezhen, la meilleure amie de Kerou, en est folle amoureuse. Mais le
jeune apollon n'a d'yeux que pour Kerou dont le comportement mystérieux
l'intrigue.
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Diplômé de littérature occidentale à l'université de Cheng-chi à Taïwan, Chih-
yen Yee poursuit ses études de cinéma aux Etats-Unis à l'université de UCLA,
où ses films d'étudiants reçoivent de nombreuses récompenses. Il revient à
Taïwan en 1988 et commence à travailler dans la publicité où, là encore, son
travail en tant que réalisateur est très remarqué. Parallèlement il exerce
diverses activités dont en vrac critique de films, auteur de scénario,
producteur et conférencier sur le cinéma. En dix ans de carrière, il a dirigé
un nombre considérable de fictions pour la télévision, et fait ses débuts au
cinéma en 1995 avec "Lonely Heart Club", un premier long métrage évoquant les
conflits de l'adolescence et l'homosexualité.
Son deuxième film, "Blue Gate Crossing" développe sensiblement
les mêmes thèmes que son premier film. Sans le
dévoiler pour autant, le fameux "secret" entretient
d'ailleurs un rapport plus ou moins direct avec la sexualité
d'une des protagonistes du film.
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IN THE MOOD FOR LOVE
Je l'aime depuis si longtemps que j'en suis réduit à prendre des photos de lui en cachette et de fouiller dans les poubelles.
Passons outre le fameux "secret" cesser captiver le
spectateur (efficace en effet) pour davantage se concentrer
sur l'ambiance du film. Comme beaucoup d'oeuvres asiatiques,
tout est question ici d'ellipses, de symboliques. Rien
n'est laissé au hasard. A commencer par la lumière
bleutée dans laquelle baigne tout le film. Soulignons
au passage le magnifique travail du directeur artistique
Hsiang Chien. Cette dominante du bleu s'avère
non seulement reposante pour les yeux mais surtout concentre
un nombre considérable de thèmes divers
tels l'ambiance romantique inhérente aux soirées
nocturnes (un certain nombre de scènes se déroulant
à une heure avancée de la nuit, dans une
piscine), l'apparente quiétude des relations
amoureuses ou encore l'ambivalence des sentiments.
Ajoutez à ce soin particulier accordé
aux images une musique adéquate qui n'est pas
sans rappeler les mélodies envoûtantes
de Joe Hisaishi, compositeur attitré de Takeshi
Kitano et Miyazaki ("Le
voyage de Chihiro", "Princesse
Monoké"). Le piano, omniprésent, revient
telle une ritournelle, soulignant au passage la beauté
plastique de l'ensemble. Tout ici est délicat,
raffiné et léger. Apaisant même.
Le trio de jeunes acteurs s'avère
en tout point convaincant et collent à l'esprit général du film : une histoire
d'amour impossible, sans fioritures, où la douceur des images n'égale que la
finesse des sentiments. Presque statiques, les comédiens n'en dévoilent pas
moins un jeu très fin. Leurs regards sont pénétrants et particulièrement
expressifs. L'apparente immobilité n'est qu'une façade qui cache avec habileté
le bouillonnement intérieur. Le réalisateur en profite pour affiner un peu
plus ses thèmes chers, les conflits de l'adolescence et l'homosexualité, après
son précédent film "Lonely Heart Club" (1995).
Des sujets délicats abordés
avec délicatesse. Lentement, le spectateur succombe peu à peu, tel le héros du
film, à la fois au charme simpliste des étudiantes et des paysages. A dégusté
frappé.
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