Blue Gate Crossing
Fiche technique
Production : Peggy Chiao
Réalisation : Chin-yen Yee
Scénario : Chin-yen Yee
Montage : Ching-song Liao
Photo : Hsiang Chien
Son : Duu-chih Tu
Musique : Chris Hou

Durée : 84 mn

Boing Chen (Kérou)
Lunmei Guey (Yueshen)
Shuhui Liang (Shihao)

Festivalcannes.org
Quinzaine des Réalisateurs
 
 

Blue Gate Crossing

Taiwan / France / 2002 /
présenté à la Quinzaine des réalisateurs le 21 mai 2002

Kérou a 17 ans, elle est lycéenne. Comme d'autres jeunes filles de son âge, elle se cherche. Rêveuse, elle doute d'elle même et regrette l'insouciance de l'enfance. Shihao est un jeune garçon séduisant et un peu rebelle, les filles l'adore. Yuezhen, la meilleure amie de Kerou, en est folle amoureuse. Mais le jeune apollon n'a d'yeux que pour Kerou dont le comportement mystérieux l'intrigue.

Diplômé de littérature occidentale à l'université de Cheng-chi à Taïwan, Chih- yen Yee poursuit ses études de cinéma aux Etats-Unis à l'université de UCLA, où ses films d'étudiants reçoivent de nombreuses récompenses. Il revient à Taïwan en 1988 et commence à travailler dans la publicité où, là encore, son travail en tant que réalisateur est très remarqué. Parallèlement il exerce diverses activités dont en vrac critique de films, auteur de scénario, producteur et conférencier sur le cinéma. En dix ans de carrière, il a dirigé un nombre considérable de fictions pour la télévision, et fait ses débuts au cinéma en 1995 avec "Lonely Heart Club", un premier long métrage évoquant les conflits de l'adolescence et l'homosexualité.

Son deuxième film, "Blue Gate Crossing" développe sensiblement les mêmes thèmes que son premier film. Sans le dévoiler pour autant, le fameux "secret" entretient d'ailleurs un rapport plus ou moins direct avec la sexualité d'une des protagonistes du film.

 

 

IN THE MOOD FOR LOVE

Je l'aime depuis si longtemps que j'en suis réduit à prendre des photos de lui en cachette et de fouiller dans les poubelles.

Passons outre le fameux "secret" cesser captiver le spectateur (efficace en effet) pour davantage se concentrer sur l'ambiance du film. Comme beaucoup d'oeuvres asiatiques, tout est question ici d'ellipses, de symboliques. Rien n'est laissé au hasard. A commencer par la lumière bleutée dans laquelle baigne tout le film. Soulignons au passage le magnifique travail du directeur artistique Hsiang Chien. Cette dominante du bleu s'avère non seulement reposante pour les yeux mais surtout concentre un nombre considérable de thèmes divers tels l'ambiance romantique inhérente aux soirées nocturnes (un certain nombre de scènes se déroulant à une heure avancée de la nuit, dans une piscine), l'apparente quiétude des relations amoureuses ou encore l'ambivalence des sentiments.

Ajoutez à ce soin particulier accordé aux images une musique adéquate qui n'est pas sans rappeler les mélodies envoûtantes de Joe Hisaishi, compositeur attitré de Takeshi Kitano et Miyazaki ("Le voyage de Chihiro", "Princesse Monoké"). Le piano, omniprésent, revient telle une ritournelle, soulignant au passage la beauté plastique de l'ensemble. Tout ici est délicat, raffiné et léger. Apaisant même.

Le trio de jeunes acteurs s'avère en tout point convaincant et collent à l'esprit général du film : une histoire d'amour impossible, sans fioritures, où la douceur des images n'égale que la finesse des sentiments. Presque statiques, les comédiens n'en dévoilent pas moins un jeu très fin. Leurs regards sont pénétrants et particulièrement expressifs. L'apparente immobilité n'est qu'une façade qui cache avec habileté le bouillonnement intérieur. Le réalisateur en profite pour affiner un peu plus ses thèmes chers, les conflits de l'adolescence et l'homosexualité, après son précédent film "Lonely Heart Club" (1995).

Des sujets délicats abordés avec délicatesse. Lentement, le spectateur succombe peu à peu, tel le héros du film, à la fois au charme simpliste des étudiantes et des paysages. A dégusté frappé.

  (C)Ecran Noir 1996-2002