Bizarre et désarmant, ce "petit" film de Kiarostami est avant tout une expérience, non pas technologique, mais bien narrative. Poser sa caméra dans une voiture et filmer 10 séquences/dialogues sans jamais utiliser la mise en scène comme recours, en laissant entrer le hasard des lumières et des arrières plans documentaires, est une forme inusitée.
Nous lisons ainsi la psychanalyse d'une jeune femme, belle, intelligente, moderne, confrontée à la religion, au sexe, à son fils, à l'amour, aux contradictions de sa vie et de son pays. A chaque visage de passager, elle explore sa pensée, ses tourments, ses idées. Son fils (trop mature, déjà macho) lui renvoie une autre vérité, celle de l'image de la mère, celle qu'elle ne veut pas.
On sent chez cette femme un besoin de guider, d'éclairer, d'apprendre, de comprendre, de profiter de son savoir pour le partager. Mais le tchador des uns, les préjugés des autres ont la vie dure. Et beaucoup voient en elle une moralisatrice.
Ce film porte sur la condition féminine, de manière assez crue. Dans le fond, de manière documentaire, il aurait été fascinant.
Hélas, la forme le conduit à s'aventurer dans des voies plus télévisuelles. Ces 90 minutes semblent croiser les concepts d'émissions comme "La Route", "Ca se discute" et "Oprah Winfrey Show". Un mélange de débat voyeuriste et de télé réalité, où l'on parle de sujets de société comme le sexe, les vérités et le tout en vidéo.
Egocentrique, le film n'a ni début ni fin, s'absorbe d'un quotidien routinier et admire l'intelligence banale des discours. Bref, tout celà mène à un certain ennui.