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LA VIE REVEE DES ANGES
Réalisateur: Erick Zonca
Scénario et dialogues : Erick Zonca, Roger Bohbot, Virginie Wagon
Images : Agnès Godard
Montage : Yannick Kergoat
Casting : Elodie Bouchez, Grégoire Colin, Natacha Régnier, Jo Prestia, Patrick Mercado...
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Elodie Bouchez
Interview EricK Zonca
Question : Cest votre première fois à Cannes et votre premier long métrage. Quelles sont déjà à brut les premières réactions?
Eric Zonca : bien Cannes moi je connaissais, javais déjà des courts métrages qui étaient venus à éma en France. Mais là, avec un long métrage, déjà il y a énormément de boulot, dinterviews, de cocktails... Moi, je croyais que je venais là en vacances et mon distributeur et mon producteur rigolaient quand je leur disais ça... Effectivement, non. D'autre part, jétais très ému de laccueil du film lors de la compétition, enfin lors de la soirée officielle.
Question : Comment étiez-vous dans la salle ? Aviez-vouslimpression davoir les yeux derrière vous ?
EZ : , jai été... quand on était en bas des marches (du palais des festivals) tous, on était joyeux parce que cétait le premier film du producteur, le premier film de Natacha Reignier en tant que premier rôle, mon premier film, le scénariste cest son premier film aussi, donc on était très heureux. Mais, quand on était dans la projection, dans le film, moi jai pas pu voir mon film cétait terrible. Je voyais un film laborieux, cétait impossible pour moi de voir le film. Et javais limpression dune salle morte autour de moi qui réagissait pas au film. Cest pour ça que jétais très surpris quand le film sest arrêté. Ca a commencé à applaudir, et jétais très surpris de laccueil, on a eu un bel accueil. Javais envie de le partager avec toute mon équipe, et donc, je les ai fait se lever. Je ne pouvais pas imaginer un accueil plus chaleureux pour moi.
Question : Quest ce qui est le plus important pour vous aujourdhui, quest-ce qui vous ferait le plus plaisir ? Il y a plein de jeunes cinéastes et de premiers films à Cannes, exceptionnellement beaucoup... Vous parliez de la Caméra dor tout à lheure, est-ce que vous vous sentez dans une mouvance de jeunes cinéastes, de nouvelle génération?
EZ : , bah jespère (rires). Jespère que je nappartiens pas à la... Oui, cest un premier film. Jai envie de parler de certaines choses. Ces choses évidemment je les voit dans les films de Manuel Poirier, de Robert Guédiguian, de ClaireSimon. Enfin il y a tout un cinéma, comme ça, un jeune cinéma français, je my sens bien dans ce cinéma qui parle, qui est proche du personnage, qui sont des petits personnages, dans des régions qui sont pas forcément Paris, qui sont des régions et des coins de France comme ça. On a de la chance en France parce quil est vivant encore ce cinéma-là.
Question : Vous faîtes référence à des cinéastes qui sont des, on pourrait dire, du éma dacteur. Vous, vous avez une expérience de comédien de formation. Est-ce que vous auriez aimé jouer, être comédien ?
EZ : , je suis pas du tout comédien. Quand jétais jeune, je voulais faire du cinéma. Très tôt, jai voulu être réalisateur. Mais, jécrivais des histoires, je narrivais pas à les écrire. Jai été vers les comédiens, vers les cours de théâtre pour apprendre comment on travaillait avec les comédiens. Et puis, comme je narrivais pas à écrire mes propres histoires, un jour je me suis dit : , faut que jarrête, je vais droit dans le mur là, pourquoi je serais pas comédien. Et pendant un ou deux ans, cétait la seule chose qui métait possible, mais je nai jamais eu dexpérience de travail de comédien, jétais toujours dans les cours. Et je suis parti au Etats-Unis. Jétais assez mégalo à lépoque en me disant : pas comédien américain?. Je suis parti au Etats-Unis pour suivre des cours de théâtre là-bas. Mais, cest là-bas, où jai découverts le cinéma européen vraiment. Dans des cinémas dart et essai new-yorkais.Et cest là-bas où je suis revenu à écrire des histoires et à les mettre en image et à abandonner lidée dêtre comédien. Mais, maintenant, jai joué pour une amie, jai joué un petit personnage dans son court métrage et jai été coupé au montage parce que jétais très mauvais, ça nallait pas du tout. Non, je ne sais pas faire comédien. Jaime bien travailler avec les comédiens.
Question : Comment travaillez-vous avec vos comédiens ?
EZ : travaille... En fait, je répète avec eux. Déjà, je leur parle du personnage, du film. Je répète avec eux. Ils ont limpression quon répète pas mal, mais moi jai pas limpression quon répète tant que ça. Et puis après, jarrête parce que, cest au moment du tournage après. Au moment du tournage, je leur demande un peu toujours plus, je veux toujours une autre prise, je les embête beaucoup quand même.
Question : Quest-ce que vous vous voudriez, si vous voulez résumer lhistoire, simplement donner les prémisses de lhistoire, quest-ce quon pourrait dire de lhistoire de la vie rêvée des anges ?
EZ : ésumer lhistoire... Pour moi, cest un personnage comme Isa, qui est quand même un personnage un peu rêvé. Un personnage qui est malgré une vie de galère de petits boulots, une réalité sociale assez difficile. Cest une jeune fille qui rêve un peu à un rapport idyllique aux autres et au monde. Quand elle rencontre quelquun, elle lui donne toute son amitié et elle ne lâchera jamais cette personne. Et moi, jai rencontré des gens qui étaient comme ça. Ils me fascinent parce que je ne suis pas du tout comme ça. Javais besoin, je pense que la vie ce nest pas telle quIsa la rêve au début du film, mais la vie ça peut être quelque chose de plus tragique, et javais besoin de foudroyer la trajectoire de vie dIsa par une flèche plus sombre, cest Marie. Et Marie, elle peut rompre avec les autres. Elle peut rompre avec elle même aussi définitivement parce quà la fin elle meurt.
Question : Pourquoi ce titre ?
EZ : vie rêvée des anges, cest à la fois linnocence, à la fois le rêve, une certaine illusion ou désillusion du monde.
Question : Je crois quà travers ce film on doit rendre hommage à votre producteur, François Marquis, qui vous à suivi depuis le début. Est-ce que vous pouvez nous parler de votre rencontre et de votre collaboration ?
EZ : a commencé avec un premier court métrage où on sest engueulé au bout de deux jours de tournage. On était vraiment fâché lun contre lautre. Et maintenant, on est devenu très amis.Cest quelquun qui sait lire mes scénarios, qui sait en parler avec moi, qui na jamais pensé à laspect production, quand on parlait du scénario. Cest quelquun, dun point de vue artistique, qui me correspond tout à fait. On est en phase, on a envie de faire le même cinéma.
Question : Vous comptez continuer avec lui ?
EZ : à, on est en train de, oui, il produit le scénario de la jeune femme qui travaille toujours avec moi. Ca va être son premier long métrage que jai co-écrit avec elle, mais là cest elle qui le réalise. Et puis il produit aussi mon prochain long métrage.
Question : Qui est déjà en préparation ?
EZ : , là en fait, je vais tourner. Il n'est pas en préparation parce que je tourne pour Arte, un téléfilm au mois de juillet.
Question : Est-ce que vous voulez bien nous raconter l'anecdote de la photo dElodie Bouchez et de votre rencontre décriture avec elle ?
EZ : oui, en fait, lorigine de ce film, cest ma rencontre avec une jeune fille. Jétais en train de faire un casting pour un court métrage, et puis je voyais beaucoup de comédiennes. Et arrive une jeune fille qui est comme Isa très spontanée, très naïve, pas de barrière entre elle et les autres. Elle me dit : , je suis comédienne. Et puis quand jouvre son book, je vois tout à fait quelle n'est pas comédienne, parce que cétait dune façon très naïve, cétait sa vie et ses pensées, ses émotions... Enfin tout ce quelle avait fait. Ce nétait pas du tout dans le book dune comédienne. Et jai parlé avec elle, et elle avait une telle foi dans la vie, alors quelle vivait de petits boulots à gauche à droite. Je ne sais pas où elle allait, quel était le futur de cette fille, moi je ne le savais pas. Et elle, en parlant avec elle, elle ne savait pas quelle était son futur, mais elle était bien dans sa vie, elle avançait. Et jai commencé à écrire sur elle, sur ce personnage, en disant que jétais attiré par un personnage comme ça. Au bout de 40 pages, Elodie je lai rencontrée. Elle ma remit un prix pour un court métrage que javais fait. Dès que jai commencé à écrire cette histoire, cétait évident pour moi que cétait Elodie. Parce que je lavais vue dans les Roseaux sauvages. Elle était, cest une lumière comme ça, elle était très lumineuse, gracieuse, on est très proche delle tout de suite.Elodie, je lui ai dit : à, jai écris une histoire pour toi, mais elle sera prête dans trois ans. Et cétait la première fois quon écrivait une histoire. Toujours on lui proposait des scénarios qui étaient déjà écrits. On sétait dit, qui est ce quon veut comme comédienne pour ce scénario là. Mais, on lui avait jamais proposée, elle navait jamais été elle même un personnage dans la tête dun scénariste qui écrit une histoire, un scénario. Puis, après au bout de trois ans, je lui ai soumit, on sétait pas revu. Et elle ma vu réapparaître avec mon scénario, et je navais pas changé didée. Cétait toujours elle.
Question : Dans votre court métrage Seule - vous avez fait trois court métrages le dernier, cétait Seule - on trouvait également deux personnages féminins qui étaient antagonistes au niveau des caractères, et là, dans La Vie rêvée des anges, on retrouve la même chose. Quel est le rapport entre cest deux films ?
EZ :Oui, dans Seule cest effectivement deux personnages féminins, mais il n'y a pas damitié. Il y en a une dans un désarroi social et personnel intime va se coller à un autre personnage qui vit elle la galère de façon plus professionnelle, elle a ses repères. Moi jai eu du mal à rapprocher Seule du long métrage en fait.
Question : Oui, Seule est beaucoup plus tragique, en fait que...
EZ : , en plus, cest filmé de lexterieur Seule, jamais on n'est dans la tête du personnage. On reste toujours à lexterieur alors quau contraire dans le long-métrage, jai voulu faire le contraire, jai voulu quon soit le plus près possible dans les émotions des personnages.
Question : Plus de générosité également ?
EZ : , cest un constat assez dur.
Question : Est ce que vous avez eu du mal à monter ce film ?
EZ : , pas vraiment, parce quon avait fait trois courts métrages avec le producteur et cétait trois courts métrages qui avaient été reconnus, et on a eu rapidement lavance sur recettes, rapidement un co-producteur... Cest un petit budget, cest 9 à 10 millions. Mais, ça été moins difficile que ce quon imaginait.
Question : Là vous êtes sous les projecteurs, premier film français en compétition à Cannes, est ce quon est venu vous solliciter pour des projets ?
EZ : "Là, je vais voir un producteur tout à lheure. Donc oui , non mais ça certainement.
Question : Est ce que vous aimeriez tourner une histoire damour ?
EZ : histoire que quelquun a écrit, pourquoi pas, si cest une histoire... De tout façon il y a des adaptations qui mintéressent, mais que je trahirais énormément, cest-à-dire, les livres qui m'attire, si jarrive à les adapter, je trahirais énormément. Jai besoin de rentrer dans lécriture dun film. Donc, travailler avec quelquun qui a déjà une histoire, mais la réécrire un peu avec lui, oui ça serait tout à fait possible.
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