Présidente du Jury
In Studio Mag. Spécial Cannes
"Un jour à New York, j'ai pris un petit déjeuner tardif avec Sean Penn. Il y avait ses enfants et un de nos amis, un jeune producteur. Sean était très déchiré à cette époque là. (J'en parle parce que lui-même en a parlé). Il était malheureux de sa vie amoureuse. Ça n'allait plus du tout entre lui et la mère de ses enfants (Robin Wright). Il disait: "Je pars tourner un film demain matin à l'aube. Je n'ai même aps été aux essayages, j'ai simplement envoyé mes mesures, je mettrai ce qu'ils me donneront quand j'arriverai...". Il avait l'air totalement déconnecté du projet, pas prêt, pas présent, pas disponible, démotivé, vidé. Et je me disais: "Comment peut-on partir faire un film dans cet état-là?" Ce film c'était La Dernière Marche. Et c'est, pour moi, le film le plus fort et le plus vrai, le plus absolument incarné qu'il ait fait! Il aurait dû recevoir l'Oscar pour ce film-là! En fait, ce matin là, Sean était dans l'état du film. Un homme qui se sent condamné. Condamné par cet amour qu'il n'arriverait pas à faire vivre. Et il a joué ça, tout simplement! (...) L'authenticité d'une détresse mais au service d'une autre histoire que la sienne... Alors, ça, c'est le miracle. La grâce d'un état qui, en plus, n'est pas un état de bonheur. Son talent conjugué à ceux de Tim Robbins, attentif et protecteur, et de Susan Sarandon, sereine et bienveillante, a permis ce miracle. Son travail allié à la bonté et l'affection des gens qui l'entouraient. Lui, il s'est retrouvé dans le film. Plus besoin de se poser la question: "Comment est-ce que je rentre dans mon personnage ? Quand est-ce que j'en sors?" C'était: "J'y suis, j'y reste". Pas autre chose. C'est terrible parce qu'il a dû souffrir vraiment. C'est terrible mais, quand c'est réussi comme ici, c'est magnifique. Une telle rencontre entre un rôle et l'état dans lequel un acteur se trouve à un moment précis dans sa vie, c'est magnifique. Mais ça arrive combien de fois dans une carrière?" |
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