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Or (Mon trésor - Or)
Semaine critique - Films en sélection
Israël
La maman est la putain
« Tu es mon trésor. Personne au monde n’a un tel trésor. Tu es ma lumière. »
Or est un film magnifique. Etincelant à l’image de son personnage principal prénommé… Or. Je sais, le lien est facile mais il est adéquat. Avec une réalisation épurée (des longs plans séquence, un montage simple, pas de musique), Keren Yedaya a dressé un très joli portrait de deux femmes israéliennes (une mère et sa fille donc).
Ce qui est beau est d’abord le personnage de cette jeune fille de 17 ans. Sans fioriture, la réalisatrice la suit dans son quotidien. On la voit faire la plonge dans un minuscule restaurant, laver la cage d’escaliers de son immeuble, ramasser des bouteilles en plastique sur la plage, rencontrer son ami Ido, coucher avec un autre garçon, faire la lessive… Elle fait tout cela avec une simplicité déconcertante, sans se déparer de son large sourire. Et la jeune comédienne Dana Ivgy est tout simplement rayonnante. Elle réussit à faire passer à son personnage une fraîcheur inouïe dans toutes les situations, y compris les plus sordides. En cela, elle illumine le film car la jeune fille est un personnage qui emplit l’écran et chacune des scènes.
Elle les illumine encore plus lorsqu’elle est avec sa mère. Les liens entre elles deux oscillent entre les moments d’affection (de simples gestes nous montrent à quel point la tendresse partagée est énorme) et les moment de tension (lorsque Or veut empêcher sa mère de sortir faire le tapin). Toujours avec une mise en scène simplissime et très peu de dialogues, la cinéaste parvient à faire passer beaucoup de cet amour entre une mère et sa fille. Alors ce sont quelques jolis plans : Or qui lave Ruthie dans la baignoire, les deux femmes qui regardent la télévision... En quelques moments, on perçoit que Ruthie est une mère enfantine et irresponsable et que sa fille doit s’en occuper. La profondeur de cette relation est très bien dépeinte et vraiment touchante.
Avec beaucoup de subtilité, Keren Yedaya nous conduit dans son histoire. Petit à petit, partant de cette situation, elle nous fait entrevoir le lent glissement d’Or. Car pour éviter à sa mère de travailler (Ruthie a du mal à s’adapter à un autre travail et ne cesse de retourner sur le trottoir), elle va trouver des solutions. Progressivement, elle va suivre les pas de sa mère. En cela, Or montre une fatalité effroyable : un chemin que l’on défend à sa mère et que l’on va pourtant suivre soi-même. Et le film prend alors tout doucement une autre tournure. Le sourire disparaît, la candeur aussi. Malgré sa composition enthousiaste, Or est finalement rattrapée par la triste réalité et l’on ne peut s’empêcher de sortir du film, éblouis certes, mais avec léger un goût amer. Car Or est un triste témoignage sur la prostitution et sur une certaine condition de la femme qui renvoit à une forme d'esclavage.
Laurence
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