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Joueurs
Quinzaine des réalisateurs - Compétition
France / sortie le 04.07.2018
JEUX DANGEREUX
"Tu serais prête à balancer ton mec ?"
Pour son premier long métrage, Marie Monge s'intéresse au milieu des cercles de jeux. Un pari osé mais surtout risqué. Gérante d'une bistrot, Ella voit sa vie basculer lorsqu'elle rencontre Abel. Il dit vouloir être serveur, elle se sait en besoin de main-d'œuvre. Très vite, il semble faire l'affaire. Véritable roublard, il semble s'ouvrir à elle et lui permet d'apprendre à se connaître. Instable mais surtout insaisissable, Ella se laisse donc entraîner dans un Paris cosmopolite où tous les soirs, des dizaines d'individus se croisent en espérant faire fortune.
Bien évidemment, Joueurs doit beaucoup au talent de ses deux acteurs principaux : Stacy Martin et Tahar Rahim. La première excelle dans ce rôle de jeune parisienne en quête d'adrénaline quand le second offre l'une des meilleures performances de sa carrière. L'alchimie entre les deux est palpable et il n'y a qu'à voir les multiples scènes de sexe pour comprendre que les deux ont pris énormément de plaisir à tourner ensemble. Plus qu'un joli duo ou une belle rencontre, nous pourrions même parler de coup de cœur professionnel tant ils ont à offrir et à apprendre de l'autre.
Construit précisément comme un thriller, Joueursn'est pas sans rappeler Requiem for a dream dans la mise en scène de la descente en enfer. Ella est jeune, innocente et surtout amoureuse. Elle veut protéger Abel mais n'a pas réfléchi un seul instant aux conséquences de ses aventures avec lui. Car rapidement, le spectateur est tenté de se poser la question : de qui faut-il protéger Abel, des rabatteurs et autres prêteurs ou simplement de lui-même ? Il va sans dire que la réponse est un peu des deux. Marie Monge signe une très belle première réalisation, propre mais loin d'être lisse,. A 31 ans, cette réalisatrice qui nous avait habitués à des courts métrages particulièrement forts démontre qu'elle n'a rien à envier de ses aînés. Plus encore, ils pourraient avoir beaucoup à apprendre d'elle.
Didactique dans la première partie, Joueurs s'impose ensuite comme un film basé sur les émotions et l'instinct de survie. La violence y est physique mais également verbale et c'est au prix de nombreux sacrifices qu'Ella va réaliser que passer de jeune fille à femme n'est pas si simple. Plus encore, dans ce Paris rongé par la criminalité, elle n'a nulle part où aller. Et c'est sur ce point-là que Marie Monge excelle : elle parvient à nous faire croire à l'idée qu'aucune issue n'est possible, qu'un happy end ne peut survenir dans de telles conditions. Ce qui fait de v un film glacial et enflammé à la fois.
wyzman
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