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Tropical Malady (Tropical Malady - Sud Pralad)
Sélection officielle - Compétition
Thaïlande
NATURE ET DECOUVERTES
«- N’importe qui avec deux pieds peut conduire.»
Tropical Malady a tous les aspects d’un virus exotique. Il peut vous enfiévrer comme il sait vous endormir. Surtout, il provoque des hallucinations. Objet atypique, ce long métrage a la langueur de ses films frappés de chaleur. Il est scindé en deux parties. Certains préféreront la première, d’autres la seconde.
Un personnage permet de faire le lien entre les deux. Un soldat. En ville, il joue une passade amoureuse avec un jeune provincial. Le film est alors plus outrancier qu’un Almodovar. Sensuel, coloré, chanté, pudique, naïf. Pour ne pas dire kitsch. L’homme alors est dompteur, civilisé et apprend l’amour. Les deux hommes regardent le spectateur et nous sourient. Tout le monde ici se sourit, même un garçon dans une pissotière, toutes dents blanches dehors. Le film est, hélas, difficile à suivre dans sa chronologie. Mais l’impression d’ensemble donne à rire ou à regarder. La mise en scène est élégante. Le propos lucide : un jeune quasiment illettré sait jouer à Tomb Raider. La Thaïlande est filmée sans paillettes.
Et l’amour reste aux limites du platonique. Un jeu de main en dit bien plus que toutes scènes de cul.Ces caresses, cependant, concluent un film où tous les codes sont résolument gays (du prof de gym à la chanteuse ringarde). Cet ode à la beauté des mâles, tantôt pathétique, tantôt parodique ne constitue pas l’essentiel du propos. Et, hélas, la superficialité de l’histoire d’amour ne permettra pas de supporter la deuxième partie du film, radicalement opposée.
On passera, pour faire court, de Bollywood à Boorman.
Et pour justifier cette deuxième heure, le cinéaste revient aux sources du cinéma : des contes et légendes, des cartons comme au temps du cinéma muet, et notre soldat, presque seul, dans la Jungle, personnage à part entière. Les fantômes sont des mâles nus. De quoi reluquer. Mais pas de quoi s’exciter. Cette partie naturaliste (de fait la jungle est magnifiquement filmée et sonorisée) nous fait plonger dans un sommeil paradoxal. Le rêve semble interminable. Et l’histoire perd de son intérêt. Trop contemplative ?
De l’érotisme nous passons à la bestialité. Une sauvagerie très calme. Mais inquiétante. Certains plans sidèrent en effet par leur maîtrise. La tension existe. Pas suffisamment pour nous passionner jusqu’au bout. L’ennui guette et l’on a hâte de croiser ce magnifique Tigre promis. Si l’on comprend la logique (l’homme redevient ce qu’il fut, un animal), on se fout de l’objectif recherché. Ce qui devient problématique lorsque vous êtes assis dans une salle. En inversant les deux parties, le film aurait été radicalement différent. Moins spirituel, mais plus optimiste.
Déroutant, folklorique, comique, troublant, perturbant et au final ? De l’indifférence ?. Le mystère ne provoquer qu’un brouillard dans nos cerveaux paumés dans ce dédale narratif. Trop simple ou inutilement complexe? Le film a des allures de concepts qui s’éternisent et nous envoie dans un autre monde. Un univers où les singes parlent. Nous sommes loin d’Happy Together, par exemple. Et sur la fin, beaucoup plus proche de O Fantasma. Cette histoire de fantôme thaï n’a du coup rien de spectral ni de mémorable.
vincy
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