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Les garçons et Guillaume, à table !

Quinzaine des réalisateurs - Compétition
France / sortie le 20.11.2013


TOUT SUR MA MÈRE





"Dans la vie, il ne faut ni se plaindre, ni se mentir."

En adaptant à l’écran la pièce de théâtre qu’il interprétait seul en scène, Guillaume Gallienne propose une comédie décalée et savoureuse qui mêle souvenirs d’enfance, réflexion sur l’identité et déclaration d’amour à sa mère et aux femmes en général. Ses idées de mise en scène, notamment le fait d’interpréter à la fois son propre rôle et celui de sa mère, permettent de dynamiser un récit éclaté, raconté en voix-off à la première personne. Il crée également un effet loupe sur cette relation filiale atypique.

On rit aussi beaucoup des ruptures de ton entre les séquences fantasmées (inoubliable version de Sissi revisitée par un jeune Guillaume Gallienne romantique) et une réalité qui s’avère toujours plus brutale, voire cruelle. Les apparitions du personnage de la mère, qui commente soudainement l’action aux moments les plus inopportuns, créent un effet à la fois de distanciation et de dérision par rapport à l’action. Comme si le regard très intime que Guillaume Gallienne porte sur son passé devait toujours être contrebalancé par un humour féroce et une légèreté absolue.

On apprécie cette pudeur, mais elle finit par donner au film un aspect un peu superficiel qui en gâche la subtilité. L’aspect le plus comique du récit en recouvre la dimension plus introspective et notamment tout ce qui touche à la construction de l’identité et aux notions de genre. Sur ce point, l’acteur-réalisateur reste volontairement dans le flou, donnant à la fois la sensation de conforter des stéréotypes manichéens (aux femmes les conversations feutrées et la série des Sissi, aux hommes les sports violents et les films d’action) et celle de justement chercher à dynamiter les convenances. Il ne faut donc pas compter sur lui pour aller au-delà du récit romanesque et cocasse de sa propre histoire, ce qui empêche dans une certaine mesure le film de tendre vers l’universel. Reste une comédie singulière, intelligente et réussie, portée par un comédien brillant doublé d’un metteur en scène inventif et survitaminé.

MpM



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