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Trois mondes
Certain Regard
France / sortie le 05.12.2012
COLLISION(S)
«Un mec normal, pas un salaud »
Catherine Corsini revient avec un nouveau film qui n’est pas sans rappeler par moment Ma part du gâteau de Klapisch , mais aussi quelques trames des films de Téchiné.
Ce film confronte trois personnages, qui ont chacun leur monde, ou plutôt qui appartiennent chacun à un monde différent. Al, le self-made-man, tout juste promu à la tête d’une concession automobile (la réussite); Juliette, jeune femme enceinte de trois mois et étudiante en médecine (la pensée) ; et Vera une jeune femme immigrée depuis 5 ans, sans papiers (l’illégal). Juliette vient en aide à Vera, la femme de l’homme qu’a renversé Al.
On ne sait pas bien pourquoi Juliette s'investit ainsi. Est-elle trop gentille ? Trop naïve ? Il aurait été plus simple d’aller voir la police au lieu de vouloir s’occuper elle même de rencontrer le chauffard (Al). Trois mondes joue beaucoup sur la culpabilité d’Al mais aussi de Juliette et de Vera, ce qui rend le film assez lourd et répétitif.
D’autre part, on se demande ce qu’il se passe quand, au milieu du film, Juliette couche avec Al dans la voiture. Pourquoi ? Cette scène semble sortir de nulle part, sans trop d’explications. Quand Vera choisi un costume pour son défunt mari, le costume est très similaire à ceux que porte Al, plusieurs fois désigné comme « un homme au costume sombre ». Est-ce que c’est le mari de Vera qui prend la place de Al ou Al qui prend la place du mort ?
Ces trous, ces flous accentuent les faiblesses du scénario. Les personnages, comme les univers, ne sont pas assez distincts. Les mondes de Juliette et de Al sont-ils si différents que ça ? Le doute est permis. Il manque la subtilité habituelle des meilleurs films de la cinéaste. Un nuancier trop faible, ou manquant de tonalités.
Quelques autres passages sont vraiment poignants mais ils sont trop rares. Discours intéressant par exemple quant au « savoir mourir » fait par le mari de Juliette pour un cours à des étudiants. Autre moment fort quand le mari de Juliette lui dit qu’il ne comprend pas pourquoi elle fait ça et que « c’est narcissique de vouloir arranger la vie des gens ». Cependant, il ne faut pas prendre Trois Mondes comme un film moralisateur pour autant.
Le drame est juste un peu trop gentil et moyennement abouti. Catherine Corsini n’a pas assez exploité le potentiel de son histoire et de ses croisements. Heureusement le jeu des acteurs, notamment celui des trois principaux personnages, renforce le film. Ce sont eux qui rendent le film touchant.
antoine
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