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Nouvelle Donne
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Oslo, 31 août (Oslo, 31. august)

Certain Regard
Norvège / sortie le 29.02.2012


CHANGER DE DONNE





- Il préférait le mot mélancolie � celui de la nostalgie.

Le précédent film de Joachim Trier, Nouvelle donne, nous avait emball� par sa fraîcheur. Il semblait certainement plus optimiste que Oslo, 31 août. A bien y regarder, les deux films e sont pas si éloignés. Les mêmes demi-teintes, une mélancolie similaire. L’un allait plutôt vers la lumière, l’autre s’enfonce inexorablement dans le chien-loup crépusculaire.

Anders Danielson Lie porte avec grâce ce jeune homme mal dans son époque. Le film démarre comme une polyphonie sur un temps révolu, avec des images d’un Oslo d’antan. Incapable de voir l’avenir autrement que dans le spectre de sa destruction, profondément pessimiste sur ce monde de plaisirs quand lui se plaît dans son univers littéraire, toxicomane et suicidaire, Anders flippe, et ne peut se protéger qu’avec son intelligence et son cynsime � l’éagrd de ses semblables.. � Cocaïne, ecstasy, alcool. Héroïne. J’ai un peu deal� aussi. Est-ce qu’il fallait que je le rajoute sur mon CV ?

Le spectateur est pourtant mis � distance de ce désarroi et de ce cancer psychologique qui le ronge. Oslo, 31 août esthétise même cette descente aux enfers. Il y a ici le maniérisme de Proust dans la forme qui cherche � illustrer l’intensit� de Rilke souterraine.

Jeune dragueur émotif, manquant de confiance, incapable de se révolter ni même de jouer � cette compétition imposée par le libéralisme, il gâche son potentiel. � Privilégi� qui a tout bousill� �, il s’essaie aux compromis pour être parfois heureux. Moments de maladresses. Heureusement, l’acteur s’immerge sans retenue dans son personnage. Séduisant en apparence, il donne corps � un malaise qui ne le quittera pas. Il cherche une absolue libert�, comme Icare voulait voler. Le soleil les brûlera tous les deux.

Oslo, 31 août ne manque ni de charme ni d’intérêt. La polyphonie du prologue se prolonge dans les murmures de la ville, les bribes de conversations, les citations venues du pass�. Il s’isole ainsi en écoutant le monde, en observant les solitudes. Joachim Trier flirte ici avec un cinéma o� le son, l’image et le sens se percutent. Il est un peu moins convaincant quand il s’agit de dénoncer la sociét� ou de filmer la routine de nos quotidiens.

Anders se voit en branche morte d’un arbre généalogique qui pouvait le faire grandir jusqu’au ciel. Le ciel, justement, envahit l’écran. Le scénario se délite aussi, un peu. L’ennui gagne le personnage, et le film, � trop l’aimer, ne parvient plus � reprendre le rythme malgr� d jolies idées visuelles. Il glisse avec son � héros � dans une lente anesthésie salvatrice.

C’est une œuvre sur la fatalit�. La fatalit� quand on est soumis � des schémas ou quand on se laisse écraser par un choix. Si elle manque parfois de nerfs et sans doute de chair, la version cinématographique de Feu follet offre � son comédien principal un rôle magnifique, � fleur de peau. L’énergie du cinéma de Trier a disparu. Mais reconnaissons qu’il est aussi plus appliqu�.

vincy



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