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Année bissextile (Ano bisiesto)

Quinzaine des réalisateurs - Compétition
/ sortie le 16.06.2010


AMOUR PERVERS





"Ca fait quoi de se faire pisser dessus ?
- C'est chaud
"

S’agit-il d’une histoire d’amour ? D’une aventure sexuelle ? S’agit-il de raconter une vie meurtrie ? Une relation violente et destructrice ? On ne saurait dire. Le réalisateur Michael Rowe, Australien de naissance mais Mexicain de cœur, explique que son Année bissextile est � une histoire d’amour �, ni plus ni moins. Mais � vrai dire, on ne sait pas trop o� il veut en venir.

Pourtant, tout commence plutôt bien, cinématographiquement parlant. Le cinéaste pose sa caméra dans l’appartement de Laura � installant un huis-clos qui durera jusqu'� la fin - et filme au mieux la pauvret� émotionnelle de son personnage. La jeune journaliste mène une vie de célibataire un brin pathétique, installée dans une routine malsaine. Et Michael Rowe parvient � faire passer ce sentiment d’une manière convaincante. Des plans fixes qui enferment le spectateur comme le personnage, des images qui se ressemblent (Laura qui mange, Laura qui fait l’amour � un inconnu, Laura qui appelle sa mère, Laura qui regarde avec envie ses voisins � la fenêtre, Laura qui reçoit la visite de son frère�). Mais aussi un cadrage serr� sur le personnage qui permet de montrer ses expressions, dénuées d’un quelconque sentiment positif (elle ne sourit jamais, except� lorsqu'elle voit son frère). Cette façon de procéder embarque le spectateur, le déprime, au moins autant que Laura.

Puis, vient la relation avec Arturo. Le problème, c’est que le réalisateur ne change pas de tempo. Si la façon de filmer du début invitait le spectateur dans le film, il installe désormais l’ennui. D’accord, le cinéaste utilise un mécanisme bien huil� pour montrer le cercle vicieux, l’escalade malsaine de la relation amoureuse et sexuelle des deux personnages. La scène se répète inlassablement. Laura entend sonner, elle se déshabille et attend : son amant ? son bourreau ? Puis, le jeu sexuel sado-masochiste commence, chaque fois plus malsain. Par ailleurs, la photo de son père -cause première de sa dépression, même si tout est suggér�- et le calendrier dont elle s'obstine � cocher les jours jusqu'� la date fatidique sont deux éléments scénographiques importants. Ils renvoient tous les deux � l'emprisonnement mental de Laura. Mais � force de répétitions, le spectateur n'arrive plus � s'y intéresser.

Quant aux scènes de sexe, le réalisateur a choisi d'être � la fois cr� et pudique. Des plans fixes, un dépouillement sonore hormis les gémissements et les voix de Laura et Arturo. Ce choix enlève tout aspect érotique au film et surtout tout sentimentalisme. Il apporte un regard dur, � l’image de la relation entre les deux personnages. Celle-ci se construit uniquement autour du sexe, mais dans un sens plus récréatif qu'intime. Pourtant, c'est d'intimit� dont ils ont le plus besoin tous les deux, ce que l’on sent lors des moments de complicit� devant la télévision.

Les acteurs, Monica Del Carmen (Laura) et Gustavo Sanchez Parra (Arturo), parviennent � rendre leurs personnages � ordinaires �, au sens noble du terme. La jeune actrice mexicaine d'origine indienne joue même parfaitement son rôle de célibataire torturée et dépressive, marquée par la mort de son père.

Année bissextile, qui a reçu la Caméra d’or lors du Festival de Cannes 2010 n’est pas dénu� d’intérêt. Michael Rowe parvient � créer une ambiance malsaine qui emporte le téléspectateur. Mais il se répète beaucoup, au point de lasser. Le spectateur attend un rebondissement qui n'arrive jamais. Et surtout, il cesse totalement de nous embarquer vers la fin. Il reste sur sa faim.

Anne-Laure



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