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La nostra vita
Sélection officielle - Compétition
Italie
LA CHAMBRE DE L'AMER
"Si tu voulais être honnête, il fallait me le dire tout de suite."
Mélo mesuré dans lequel la vie reprend rapidement le dessus, La nostra vita est un film bourré d'énergie (parfois maladroite, quoiqu'entrainante) sur le deuil, la famille et la nécessité de réparer ses erreurs. C'est aussi, et surtout, un portrait au vitriol de l'Italie berlusconienne, obsédée par l'argent et les apparences, malade d'intolérance et d'individualisme. Claudio, le personnage principal, est en effet le prototype de l'arriviste prêt à tout pour faire son chemin. Il a une revanche à prendre sur le destin, quitte à dissimuler derrière cette façade hâbleuse insupportable son romantisme et sa vulnérabilité. Il est en cela le digne représentant de son milieu, cette société conservatrice qui règle tous ses problèmes en signant des chèques, et sur laquelle le réalisateur Daniele Luchetti porte un regard acéré mais neutre.
Ce manque d'implication lui permet d'être efficace dans les scènes dramatiques, qui sont comme étouffées, distanciées. La mort surgit ainsi hors-champ, dans un écho lointain, et la tristesse est à peine suggérée, vite muée en mélancolie douce. Par contre, dès lors qu'il s'agit des propos borderline du personnage, cette absence de point de vue est plus dérangeante. On aurait en effet aimé que le réalisateur se désolidarise des opinions racistes soutenues dans le film, ou au moins qu'il en démontre l'inanité.
Or ce n'est pas le cas puisqu'aucune conséquence ne vient les sanctionner. Au contraire, les travailleurs émigrés passent à la fois pour des paresseux et des voleurs, quand les ouvriers italiens sont efficaces et sympathique... Racisme ordinaire, presque mondain, qui ne fait finalement réagir personne. Pas plus que les insinuations sexistes, d'ailleurs. Ce qui place le spectateur dans la délicate position de se sentir complice d'idées qu'il n'a pas envie de partager et témoin d'une rédemption facile au goût amer.
MpM
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