Il y a des fois où le critique de cinéma peut apparaître sans coeur, ou trop exigeant, en émettant des réserves sur un film qui touche au coeur. Cela risque d'être le cas avec ce documentaire bouleversant qui a obtenu plusieurs standing-ovations lors de sa présentation en ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs. Le fond n'est absolument pas à remettre en cause puisqu'il parvient sans misérabilisme à nous rendre proches ses personnages et à nous donner envie de les suivre. Leurs conditions de vie difficiles, la situation tendue du pays (en filigrane), les drames qui les frappent... ne parasitent pas le portrait de ce groupe bourré de talent et de ressource.

Toutefois, en laissant ces aspects négatifs au second plan, les cinéastes peuvent donner l'impression d'édulcorer leur récit. D'en faire une success story sympathique et touchante mais un peu naïve. Voire "arrangée" pour les besoins du film. Car certaines séquences semblent plus scénarisées que spontanées, notamment lorsque la femme de Ricky l'appelle pour lui annoncer qu'un incendie a ravagé leur foyer.

Formellement, d'un point de vue purement cinématographique, Benda Bilili n'est donc pas totalement convaincant. Il souffre d'une construction un peu lâche qui met parfois l'accent sur des micro-événements anecdotiques et passe sous silence les grands rebondissements de l'aventure du groupe. Il est également frustrant de voir que le traitement des membres du groupe est aussi inégal, certains étant plus mis en lumière que d'autres. Sans doute est-ce parce qu'ils sont aussi attachants que l'on regrette de ne pas en savoir plus sur eux, sur leur vie, leurs doutes et leurs espoirs. Ce serait alors la rançon du film que d'avoir su provoquer un désir d'identification et de partage... et de ne pas être capable de l'assouvir.

MpM