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Nuits d'ivresse printanière (Chun Feng Chen Zui De Ye Wan - Spring fever)
Sélection officielle - Compétition
DES ETREINTES BRISEES
�- le haut de mon corps a 27 ans, mais le bas de mon corps en a 17.�
Lou Ye continue d’explorer cette jeunesse chinoise contemporaine, qui bascule vers la sociét� occidentale, dans ne Chine � underground �, � punk �, � gay �, � trav �. Nuits d’ivresse printannière ne s’attarde pas sur des faits historiques, mais le film n’en est pas moins combattant. Cependant, l’œuvre souffre d’une narration maladroite qui étire en longueur une histoire qui ne finit jamais. Dès le suicide de l’un des personnage, tout se délite. Le cinéaste perd la fluidit� de son récit, et son rythme, et dévertèbre son scénario au point de le laisser errer vers une destination floue. A cela s’ajoute quelques ellipses brutales (montage impos� ?) qui rendent certains propos ou certaines scènes incompréhensibles.
Cependant il faut aussi être indulgent. Le film a ét� tourn� dans des conditions extrêmes (ce qui explique certaines images � la photo terne), clandestines, dont le sujet, la bisexualit� et l’homosexualit�, a tout pour offenser les autorités chinoises. Parfois on ne sait pas ce qui est le plus risqu� : une caméra cachée ou une sexualit� cachée ? Dans ce contexte, avouons surtout que lorsque l’ennui s’empare un peu de nous le temps d’une séquence, nous sommes davantage embarassés qu’exaspérés. Car Nuits d’ivresse printannière ne manque pas d’intérêt, � commencer par les comédiens, beautés brutes pas formatées.
Complainte
Lou Ye propose une complainte, tragique et passionnelle, d’amoureux contrariés dans une grande ville chinoise. Dès la première scène (un touche pipi qui dérape vers un orgasme sodomite, ce qui nous renvoie au début d’Happy Together), il ose le cul, cru, mais s’attarde sur les caresses, les déclarations sussurées, la sensualit� érotique, les étreintes sollicitées. Avec un style réaliste, proche de cette génération de réalisateurs chinois comme Jia Zhang-ke (la vie diurne) ou Wang Chao (la vie nocturne), toujours sur le qui-vive, il essaie de coller au plus près des réactions de ses personnages, qu’ils soient hystériques, jaloux, déprimés, abattus� Car ils vont rarement bien. Hormis les instants de grâce sur l’île aux pèchés, l� o� l’on s’isole de la famille et de la scoiét�, de cette honte collective, et le moment de bonheur o� le trio vit en parfaite harmonie, aucun couple, aucune relation ne survit � ce bonheur massacr�.
Quand l’un � étouffe ici �, il cherche � ce que l’autre le � serre fort �. La plénitude n’existe pas. Une femme est cocufiée par son mari, qui couche avec un autre omme. Une autre a du mal � jouir avec son amant et cherche les faveurs de son patron. Cet amant, justement, qui va virer sa cuti, difficilement, pour chercher sa voie, et ne saura jamais vraiment de quel côt� il est. Il n’y a pas d’amour heureux�
Culpabilit�
En fait le film est entâch� par la culpabilit� qui pèse sur chacun. Il y a l’innocente victime, celui qui se suicide, et tous les autres qui ont leur part de responsabilit� dans ce crime. Son épouse qui le fait suivre, qui humilie son rival pour provoquer la cassure de ce couple � malade �. Celui qu’elle paye pour avoir des photos, qui s’en veut d’avoir entraîner, la destruction du couple et la déchéance de l’amant. L’amant, justement, celui par qui le scandale arrive, le personnage pricnipal, que nous suivrons jusqu’au bout, qui ne veut plus lui parler, ne lui donne jamais d’explication. Cette rupture conduira � l’acte fatal.
C’est d’ailleurs lors de sa nuit d’ivresse que le film changera de cap. Il se saoule d’alcool, de sons, de rage. L� débutera l’efflorescence. Mais pas la renaissance. Il laissera les sentiments s’exprimer, mais répétera ses erreurs. Une femme dans un couple d’hommes, ce n’est pas viable. Les balancements du cœur percutent de plein fouets ces vies trop fragiles. De l� l’errance, qui conduit le film dans une incertitude peu palpitante, et même étrange quand revient après une heure d’absence la veuve du suicid�. � Certaines histoires restent inachevées, il faut mieux les oublier� � Dans ce long poème, l’histoire inachevée aurait sans doute ét� plus inoubilable. D’autant que l’essentiel se dit dans les ultimes plans. � Je n’ai aucun goût pour l’errance. J’ai manqu� l’amour qui m’était destin�. � Voyage initiatique mal expliqu�, que le spectateur subit avec crainte l� o� il aurait du y avoir du désir, il nous laisse avec cet homme bless�, marqu�, trahi, coupable et innocent, victime et inconscient. Désespér�. Comme la jeunesse chinoise ?
vincy
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