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Matrix Reloaded
Sélection officielle - Hors compétition
USA / sortie le 16 mai 2003
La Caverne
«- Il joue à Superman ! »
Ne lisez rien. Non pas que nous allons tout vous dévoiler. Mais bien parce que cela ne sert à rien.
Le film est clairement coupé en deux. La fin (et la bande annonce du troisième qui suit le long générique) est une énigme, une angoisse qui prend place dans un vaisseau perdu dans son espace.
Cela n’a pas de sens de vouloir critiquer, analyser donc, un film dont on ignore tout de l’ambition finale.
Nous pouvons juste établir quelques constats. La saga s’est transformée en fresque. Le Matrix originel n’est désormais qu’un prologue d’un film épique sur le genre humain, et ses mythes. Il ne servait qu’à placer les éléments, positionner les personnages. Par sa mise en scène et ses effets spéciaux, Matrix devenait aussi une œuvre où notre aliénation aux images se reflétait dans les abysses d’un miroir qui nous fascine.
L’ambition des Wachowski est louable. Ils ont réalisé un film culte, touchant instinctivement le malaise social grandissant pour des générations entières. Le premier Matrix aurait été un échec, le film existait en tant que tel. Dans son unité, il aurait de toute façon fait date. En lui annexant deux films, ils métamorphosent leur création.
Ici, tout se multiplie. Les personnages, les machines, les vaisseaux, les décors. Artistiquement, techniquement, des entrailles infernales de la Terre à la métropole en surface, le film est à la hauteur de nos attentes. Les effets spéciaux frôlent la perfection. On reste scotché à son siège, aidé par une musique attrapant nos tripes. Tout le monde a droit à ses upgrades, les Agents Smith comme Néo. Une suite, c’est toujours plus fort dans la logique américaine.
Meilleur ? Moins bon ? Là, nous verrons. Le film a ses forces : l’humour (Lambert Wilson), le charme et la sensualité (quelques seins nus, une danse tribale charnelle), Carrie-Anne Moss (qui vole toutes les scènes et obtient le statut d’égal). Certains plans saisissent notre avidité de nouvelles images. Les combats défient notre capacité à les comprendre. En cela le film dépasse le jeu vidéo, offrant une réelle dimension humaine. Car la sueur, la salive, le sexe démontrent à quel point The Matrix est un duel entre l’Homme et la Machine, entre le Créateur et le Contrôleur. Néo, et c’est dit, est alors l’anomalie du programme, parmi des virus ou des logiciels pirates.
Le plus bel atout de Reloaded est sans doute de nous faire comprendre à quel point tout est matriciel. Un vieux réveil devient alors un objet virtuel. Les codes verts se muent en réalités. La Matrice est partout. Le génie des Wachowski est de savoir nous l’exposer simplement.
Leur faille est la narration. Le scénario est complètement déséquilibré avec un début trop bavard et linéaire et une fin presque trop complexe. Tout se dilue et nous noie. Ce n’est pas compliqué. C’est juste inutilement confus. L’intensité dramatique est souvent sauvée par un découpage et un montage très habiles. Certaines séquences sont trop calquées sur le jeu vidéo. Une bagarre, un bonus, et un échelon de difficulté supplémentaire pour passer au tableau suivant.
Nous sommes rapidement asphyxiés dans ce déluge d’effets et de nouveautés.
Aussi, nous attendrons la fin du film pour en reparler. Bien sûr, il faut y croire, à cette science-fiction pour éprouver un plaisir réel. C’est d’ailleurs subversif d’être à ce point programmé pour jouir de ses images virtuelle. Mais surtout, pour comprendre cette trilogie, il faut croire.
Pour l’instant, nous sommes dans la Caverne, avec Platon. Pas loin de Zion. Et nous méditons.
(Vincy)
Vincy
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