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Eldorado
Quinzaine des réalisateurs - Compétition
Belgique / sortie le 18.06.2008
LA MYSTÉRIEUSE CITE DORT
"Je suis le Christ, mais je ne suis pas venu pour me faire crucifier une seconde fois"
Une fois n’est pas coutume, c’est dans une Belgique quasiment magnifiée que nous emmène ce road-movie burlesque et décalé. Dans des paysages wallons lumineux et colorés (filmés avec un scope avantageux) qui évoquent plus le Far West que les frères Dardenne, on suit donc le voyage semé d’embûches de deux hommes que tout oppose. Tout ? Pas tout à fait, car ils ont en commun le désir impérieux d’inverser le cours du temps pour effacer leurs fautes passées. L’étincelle d’espoir est ténue, mais l’humanité, elle, est palpable. D’autant qu’ils rencontrent en chemin tout un échantillon de personnages plus décalés les uns que les autres, d’un naturiste serviable à un collectionneur allumé. De ces situations simplistes, Bouli Lanners tire des épisodes étranges et presque dérangeants qui sous sa caméra tournent pourtant au burlesque ou carrément au comique débridé. Mais l’émotion bien sûr est toujours en embuscade, prête à surgir pudiquement quand on l’attend le moins.
D’où vient alors que l’on reste indifférent et insensible au sort de ces deux personnages et à leurs micro-aventures ? L’aridité de la mise en scène, si épurée qu’elle semble vidée de toute substance, n’invite peut-être pas assez à l’empathie. Echanges et révélations se déroulent sous nos yeux sans que cela nous touche, extérieurs à une intrigue dont on comprend les enjeux sans les ressentir intimement. Le réalisateur ne délivre pas de grand message et n’offre aucune rédemption facile à ses personnages, ce qui est plutôt une bonne chose, mais il ne donne pas non plus de clefs au spectateur pour s’approprier cette histoire et ses conséquences. On aurait voulu aimer ce film curieux à la petite musique personnelle (intellectuellement, on apprécie d’ailleurs sa démarche), mais émotionnellement, c’est curieusement le grand vide.
MpM
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