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Secret sunshine (Milyang)
Sélection officielle - Compétition
Corée du Sud
SOUS LE SOLEIL DE DIEU
"Comment Dieu a-t-il pu lui pardonner avant que je ne le fasse ?"
Décidément, cette 60e édition du festival de Cannes est obnubilée par le travail de deuil et l’acte de pardon. Après la famille éclatée de Tehilim, les êtres à la dérive de De l’autre côté ou encore le héros des Chansons d’amour, le nouvel opus de Lee Chang-Dong met en scène une jeune femme devenue brutalement veuve à la suite d’un accident de voiture. Pendant environ une heure (soit quasiment la moitié du film), on pense que l’intrigue va se résumer à un chemin initiatique lui permettant de retrouver le bonheur. On la voit ainsi tenter de se faire une place dans une nouvelle ville, rencontrer un homme susceptible de l’aimer et, comme elle le dit elle-même, "recommencer à zéro". Aucun indice ne permet d’imaginer que, soudain, le film va basculer dans un tout autre registre.
C’est pourtant bien ce qui arrive avec l’irruption inattendue du drame puis de la religion dans la vie de l’héroïne. Celle-ci se convertit et devient une croyante zélée résolue à appliquer tous les principes du christianisme, dont le pardon inconditionnel des pêcheurs. On assiste alors à quantités de scènes de prières ou à connotations religieuses juxtaposées les unes derrière les autres comme pour bien enfoncer le clou. Toutefois, au moment où l’on commence à croire que le réalisateur cherche à nous convertir, le film prend pour la seconde fois un nouveau tournant, se dirigeant cette fois-ci vers le n’importe quoi généralisé (rejet virulent de Dieu, scènes de démence, avances sexuelles …)
Lee Chang-Dong a beau y faire, l’incommensurable douleur de son héroïne ne nous touche pas et l’on n’éprouve jamais la moindre bribe d’empathie pour elle. Pire, l’alternance de scènes d’hystérie outrées et de "séquences émotion" artificielles nous donne le sentiment d’être au grand guignol. Cette distance nous fait également percevoir l’intrigue sous un prisme déformé qui tient plus du pathétique que du sublime. En mêlant sa réflexion philosophico-mystique de grosses ficelles dignes du mélodrame, le réalisateur réduit son message final (dénonçant l’absence de réconfort et la mystification du pardon) à une énième péripétie sans consistance et rate totalement et sa démonstration et son film. Pas facile de s’attaquer au Dieu-soleil sans se brûler les ailes…
MpM
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