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Odete (Odete)

Quinzaine des réalisateurs - Compétition
Portugal


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"Maintenant, avec un enfant, c'est complètement différent."

Film en son ouverture joliment teint� d'intimiste et particulièrement bien dessin� en termes psychologiques, Odete glisse peu � peu dans une noirceur des plus baroques. L'aventure ne se relèvera pas de cette chute (morbide chute), accumulant les situations biscornues sans esquisser une once d'enjeux. L'hystérie, au sens freudien du terme ; au final platement traduite. A l'arrivée, un film très inégal. Joao Pedro Rodrigues transcrira parfaitement bien les fantasmes d'Odete sur toute la première partie de son film. Un test de grossesse négatif, un faux ventre de femme enceinte, une alliance volée au défunt Pedro dans son cercueil, une mise en relief avec la tragique histoire de Rui et Pedro� Peu de dialogues, énormément de ressentis : strictement visuel, le propos se révèlera riche en procédés d'accroche dès les premiers instants. Plan d'ouverture : le cinéaste dézoome, filmant un langoureux baiser entre les deux jeunes gays. Avant le clash � l'accident fatal - les deux amants esquisseront la promesse d'un amour inépuisable. Quelques instant plus tard, Rui trouvera Pedro ensanglant�, éject� sur le capot de son véhicule. Scène alarmante, ambiance quasi néoréaliste ; notre gorge se noue. Joao Pedro Rodrigues commencera ici même � conceptualiser le néant, notion qui deviendra son principal fil conducteur, fort de ses personnages définitivement plac� en situation de manque.
Un sentiment d'incompréhension puis d'abandon pour Odete ; la disparition d'un être cher pour Rui : faciles corrélations, toutefois, reconnaissons, finement dépeintes. Le réalisateur nous accompagnera pour mieux traverser son parcours dédaléen. A juste titre, son montage parallèle suivra une formation sinusoïdale pour d'insidieux crescendo dramatiques. Ambiances en apesanteur, gravit�, déflagrations : Odete ondule et crépite. Ici, une voluptueuse scène de fellation entre gays dans un hammam ; l� l'éclatante preuve d'un utérus vide. Une avalanche de manques d'amour � combler ! On pressent une évolution organique. Au final, que de désenchantement : initi� par de charnelles représentations, Odete ne tarde pas � dériver avant de s'embourber, abus de basiques troubles psychiatriques obligent. Invasions d'espaces privés, déchéance sur fond de messe morbide : glauque et dérisoire. Et on en passe en matière de séquences macabres. Notre héroïne ira jusqu'� viser � se substituer au défunt Pedro. Course au chimères ? Vaine course, puisque � ce point d'orgue on sera depuis longtemps déj� sortis de la sphère des fantasmes, embourbés dans une accumulation de primaires calamités ; aux mieux un flot d'incartades psychosomatiques. Point de contours psychologiques, point de maux, ni même mots qui soient concrètement enveloppants, un temps soit peu palpables. Stress, cris, mutisme : les personnages d'Odete et Rui paraîtront surtout donner du fil � retordre � leurs interprètes qui, soulignons-le, resteront étonnamment investis. Toutefois, cela ne suffira pas. De notre côt�, scénario évanoui oblige, on ne peut que raccrocher. Trop de folies complaisantes� Propos et traitement resteront vains : le choix de Joao Pedro Rodrigues. Difficile d'y adhérer.

Sabrina



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