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Nordeste (Nordeste)
Certain Regard
France / sortie le 13.05.05
LA JUANA SANTA
"- T'es pas � moiti� péd�?"
Nous aurions pu espérer de la part de Juan Solanas, class� grand espoir des cinéastes français depuis ses multiples prix pour L'homme sans tête (court métrage), autre chose que cette oeuvre complaisante. Voire fainéante, et pas seulement avec ce rythme d'un autre temps. Le film semble d'une autre époque, conçu pour des festivals art et essai, comme une caricature de ce type d'oeuvres, rurales, naturalistes, sociales et, hélas, très manicchéennes. Certes la lumière est soignée, souvent sombre, un peu saturée. L'image est étudiée, captant l'essence du vent qui caresse les herbes, le sang qui s'écoule...
Mais Nordeste, film esthétique se reposant sur sa beaut�, ne tire pas partie de son sujet (l'adoption, la crise en Argentine) et ne révolutionne en rien le cinéma; il ne fait que prolonger cette tendance de vouloir réaliser des films contemplatifs... Mais le principal reproche se porte sur le scénario. De personnages sans relief ni nuances en situations toutes prévisibles (� ce niveau de non suspens on s'interroge sur la foi du cinéaste dans notre intêrêt), nous nous ennuyons souvent, en espérant un final passionnant. Point du tout, au contraire : il n'y a pas de fin. Nous sommes laissés l�, en pleine histoire, tels des points de suspensions.
Cela pourrait avoir son charme mais cela nous prouve surtout l'absence de motif du réalisateur. Ce n'est donc plus du cinéma, mais juste de l'impressionnisme. Pourquoi pas. Après tout, nous n'avons jamais vu Carole Bouquet aussi libre dans son jeu. Si le cadre est clich� (de la ville moderne, froide et bleutée au méchant de service fortement antipathique), on aurait pu croire que le film tendait vers une morale, un message, une rencontre. Rien du tout. Tout juste nous justifie-t-on l'ensemble avec un "Tout ça est le fruit de la misère, rien de plus." So what? C'est regrettable, il y a quelques séquences brillantes (le crocodile et l'enfant).
Mais tout est gâch� par un propos social binaire, des histoires parallèles inutiles, des plans trop longs. Nordeste est finalement l'incarnation d'un cinéma dépressif, malade , victime d'un format intellectuel prétentieux. Ni romanesque, ni onirique, il nous laisse perplexe. Incertain d'avoir saisi le sens de ces relations humaines, de cette ouverture aux autres. Nous raccorchant � la beaut� des paysages.
vincy
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