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| Réalisation: Cédric Kahn
Production: Agat Films, Diaphana, Ex Nihilo
Scénario : Cédric Kahn
Montage: Yann Dedet
Photo : Pascal Marti
Musique : Julien Civange
Durée : 124 mn |
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Stefano Cassetti (André, Kurt, Roberto)
Isild Le Besco (Léa)
Patrick Dell'isola (Thomas)
Viviana Alberti (l'institutrice suisse)
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Un meurtre épouvantable en Italie.
Quelques années plus tard, sur une plage du Var, à la fin des vacances, Kurt drague Léa.
A la surprise de Léa, Kurt vient tous les samedi à Annecy pour voir Léa.
Des cambriolages, des attaques à mains armées, des meurtres. Les mois passent. La gendarmerie enquête.
Un étau se resserre autour de Roberto Succo.
Lééa prend peur et quitte Kurt.
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Cédric Kahn adapte là un fait divers concernant un serial killer aliéné. A partir du roman de Pascale Froment "Je te tue, histoire vraie de Roberto Succo", le cinéaste de Bar des rails et de L'ennui s'est lancé dans une drôle d'aventures où il ne voulait pas héroïser soon personnage mais comprendre ses actes. Ce problème de morale s'est posé à lui en permanence, ne voulant ni en faire "une victime de la société ni un monstre sanguinaire." Ainsi il mutliplie els photos pour le côté investigation, le scope pour la fiction, ne montre qu'un meurtre, celui où il y a des témoins. Kahn s'est inspiré des romans de Ellroy et notamment "Ma part d'ombre".
Il a eu la chance de réunir le casting qu'il souhaitait. Stefano Cassetti fait ses premiers pas au cinéma. C'est par hasard qu'il s'est retrouvé là, alors qu'il visitait Paris en touriste. Isild Le Besco, récente nomée au César du meilleur espoir pour Sade, est une actrice en vogue.
Le film a provoqué sur la Croisette un petit scandale. Les flics ont manifesté paisiblement et distribué des tracs contre l'apologie de la violence. Il faut dire que Succo est un tueur de policiers. C'est un des rares crimes montrés, de sang froid dans le film. Le plus contestable sans doute. Cela tombe dans un contexte social difficile : de plus en plus de policiers se sucident; juste avant le Festival, à Evreux, un policier a été froidement abattu lors d'un banal contrôle. Ce qui peut paraître étrange est de voir qu'on refuse cette violence dans un film français alors qu'elle est omniprésente et souvent très embellie dans les productions américaines.
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LE BARGE DERAILLE
"La mort ça compte pas. toute la vie est un rêve."
Roberto Succo est un film français qui rappelle ces portraits sociaux du pays réalisés à travers des polars dans les années 70; on y décortiquait la vie de province, les petites vies des gens, et la corruption d'un système pompidolien. Il fait aussi un faible écho aux Rivières Pourpres, film de commande signé Kassovitz, de par son décor (les montagnes) notamment. L'ensemble n'est pas mauvais, loin de là, mais souffre de l'intellectualisme du cinéma hexagonal, qui n'assume pas qu'on puisse divertir en faisant réfléchir.
On ne peut reprocher à Kahn d'avoir pensé son film. Eminemment cérébral, il a été construit avec une haute idée de ce que peut apporter l'image à son propos. Mais hélas il a oublié le cinéma au passage, mélange de musiques, de suspens, de glamour et en clair, là où d'autres en auraient tiré une oeuvre flamboyante, lui préfère s'aventurer du côté rigoriste.
Mais à ne pas choisir un genre, Cédric Kahn nous laisse sur le bord de sa route, sinueuse. Le film n'est en effet ni une histoire d'amour (même s'il commence avec la rencontre de Kurt et Léa), ni un polar (pourtant c'est bien un meurtre qui introduit le film), ni un documentaire (le film est en Scope, il y a des éléments de fiction), ni même un drame psychologique; jamais Kahn ne prend partie, n'analyse le comportement du tueur, il ne fait qu'observer son parrcours, les rapports de police ponctuant les dialogues. Le film agit en fonction des faits établis.
Comme le personnage principal n'est ni vraiment beau, ni aimable, on espère au moins une enquête bien écrite, comme dans un bon Columbo. Manque de chance pour le spectateur, l'enquête est parfois confuse, inutilement complexe. Cela sert très bien la narration du film, totalement bipolaire jusqu'aux scènes finales. Mais cela crée surtout une distance froide entre le spectateur et l'objet qu'il regarde. On comprend que Kahn ait voulu lui combler cet espace d'incompréhension entre le tueur et les gens qui l'entourent, mais comme nous ne sommes pas impliqués émotionnellement, on se détache aussi du but à atteindre. On craint à peine pour la vie de Léa, alors qu'il aurait pu s'agir d'un ressort dramatique essentiel.
Roberto Succo est donc un de ses films que l'on peut qualifier de polar cérébral, où la Nouvelle Vague se mélange à des faits divers pour le magazine Detective. Dommage que l'image soit si triste, si grise, si "sociale" et si peu "romanesque". Dommage que ce thriller art et essai ressemble tant dans son inaction à un téléfilm policier anglais ou allemand. Cette oeuvre machiste a quelques rayons de lumière, grâce aux rares personnages féminins. On pourrait citer les scènes de cul pas crédibles, la psychologie de Léa mal esquissée, une histoire insupportable, des crimes et délits aux motifs si gratuits qu'ils nous indiffèrent. Même la cavale est mal construite et ne prend enfin son ampleur qu'en Suisse. Regrettons que Kahn n'ait pas filmé tout le film comme il a réalisé cette course-poursuite infernale.
Trop longue, cette traque forcément fatale d'un killer antipathique, reste un moment intéressant de cinéma. Sans opinion, Kahn prend le risque d'une ambiguïté reprochable. En étouffant sa fin brutalement, il nous fait pousser un soupir de soulagement après deux heures où l'on s'interroge sur l'objectif initial du cinéaste.
Vincy- |
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