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(C) 96-01 Ecran Noir

The Man who wasn't there
USA
Sélection officielle (en compétition)
Projection: 13 Mai 2001
Sortie en salle : n.c.

Réalisation: Joel Coen
Production: USA Films
Scénario : Joel et Ethan Coen
Musique : Carter Burwell
Montage: Roderick Jaynes et Tricia Cooke
Photo : 116 mn
Billy Bob Thornton (Ed Krane)
Frances McDormand (Doris Krane)
Michael Badalucco (Frank)
James Gandolfini (Big Dave)
 
Ed est coiffeur seconde chaise dans la boutique gérée par son beauf. Doris, sa femme, gère tout. Elle est comptable chez leur ami Dave, qui a une sorte de grand magasin local.
Mais Dave sort avec Doris. Et Ed le sait. Il s'en fout. On est dans un pays libre.
Bizarrement quand Dave refuse dinvestir dans une entreprise de nettoyage à sec, Ed flaire la belle invention et décide dinvestir dans le business d'une tantouze à moumoutte. Pour cela il fait chanter Dave sur l'adultère avec Doris.
Ca se finit plutôt mal. Ed tue Big Dave. Et c'est Doris qui écope de la menace de chaise électrique...
 
 
Quasiment tous leurs films ont été à Cannes. Jusqu'à la Palme d'Or 91 pour Barton Fink. Depuis Blood Simple en 84, les Coen ont exploré toutes les facettes des malfrats américains, quelques soient les époques et les états. Le summum fut un kidnapping chez les ploucs, dans les plaines enneigées du Dakota et du Minnesota, avec Fargo, qui donna un Oscar de la meilleure actrice à Frances McDormand, qu'on retrouve dans ce film. La miss est par ailleurs l'épouse de Joel Coen. O Brother le dernier opus des infernaux brothers fut présenté l'an dernier, consacrant la superstar Clooney. O Brother a été leur plus gros hit aux USA.
Ils ont engagé Billy Bob Thornton pour devenir leur anit-héros du film. Scénariste, réalisateur, acteur, Billy Bob a été aperçu chez OLiver Stone, Robert Duvall, Adrian Lyne, Mike Nichols (dans le film d'ouverture de Cannes 97), Sam Rami, Mike Newell et même Michael Bay (aaaaarghmageddon). Il a écrit et réalisé Daddy and them qui va sortir aux USA cet été.
On retrouve aussi Gandolfini, célèbre Soprano pour la Télé, actuellement à l'affiche en tueur à gage gay dans The Mexican.
Enfin, notons que la photo sublîme est signée Roger Deakins, chef op' attitré des frères Coen. Il a aussi travaillé avec Michael Radford, Agnieszka Holland, Michael Apted et Edward Zwick.
 
ENTRE GRIS CLAIR ET GRIS FONCE

"Il s'était envolé comme les japs à Nagasaki"

Critiquer une oeuvre des Coen s'avère complexe tant on s'attend à revoir chaque fois un film surpassant Fargo. A chaque fois, on est (un peu) déçu. Soit il y manque la profondeur et la noirceur, soit on le trouve trop farce. The Man who wasn't there n'échappe pas à la règle. Il gagnera peut être ses lettres de noblesse en dehors du périple cannois, hors du temps. Mais il y a quelques motifs d'insatisfaction qui empêche une totale jubilation. Le plaisir n'est pas absent, mais on ne parvient pas non plus à aimer ce film plus que les précédents.
En fait, cette oeuvre précipitée (un an à peine après le R&B O'Brother) a les défauts de ses qualités. Son esthétisme noir et blanc est admirable, mais il en fait un film maniéré et trop distingué. On peut y noter un hommage au cinéma d'époque. Mais à l'instar du Grand Saut, ce "Film Noir" préfère l'exercice de style à la simple envie de faire du cinéma. On reste distant par rapport à l'objet. Ca ne tient pas aux comédiens - superbes et bien choisis - mais aux personnages. Jamais one ne s'attache à eux, on ne s'implique dans leurs destinées, on ne se sent concerné par l'histoire - une trame à tiroirs à la Fargo.
Pourtant, le matériau de départ est un diamant brut avec ce scénario macabre et machiavélique. La normalité excessive de Ed fait planer une angoisse sans nom. Il y a toutes les scènes du genre : le meurtrier qui regarde ses paumes coupables, la visite brulesque des flics, la Lolita plutôt émancipée... Mais voilà, le personnage principal est un fantôme, transparent, insignifiant, vide, banal. Les bonnes répliques ("Je suis avocat. Vous êtes coiffeur. Vous n'y connaissez rien) et quelques touches d'humour absurde font le lien entre les opus passés des Coen et ce nouveau film, trop bien ciselé et sans beauté. Car cela ne suffit pas pour mettre du relief dans l'insipidité de cet innocent aux mains sales, de ce Droopy rarement enthousiaste. Le soleil californien n'éclaire que les ombres...
Le nouveau Coen est donc un film atemporel, soigné, tellement perfectionniste qu'on en ressort froid. Comme si la stylisation avait crée une distance au lieu de procurer une émotion. Un blues très bien arrangé en studio mais qui manque de vie et de chaleur pour qu'il fonctionne en public.

Vincy-