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| Réalisation: Mohsen Makhmalbaf
Production: Makhmalbaf Film House
Scénario: Mohsen Makhmalbaf
Photo: Ebrahim Ghafouri
Montage: Mohsen Makhmalbaf
Musique: M.R. Darvishi
Durée: 85 mn |
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Niloufar Pazira (Nafas)
Hassan Tantai (Tabib Sahid)
Sadou Teymouri (Khak) |
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Nafas est journaliste d'origine afghane, écrivant sur la condition féminine, réfugiée au Canada. Sa petite soeur n'a plus de jambes. Elle est restée en Afghanistan, aux mains des Talibans.
Dans une lettre elle annonce son suicide durant la dernière éclipse du siècle. Nafas cherche à tout prix à sauver sa soeur. Elle enregistre de l'espoir et de la vie dans un petit magnétophone tandis qu'elle risque sa vie à passer la frontière en compagnie d'inconnus : un vieil afghan, un jeune garçon ou encore un médecin... Son périple lui fait découvrir un pays arriéré, dangereux.
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S'inspirant d'un fait réel , l'un des plus grands réalisateurs iranien, est un habitué de la croisette. Ecrivain, scénariste (des films de sa fille Samira), activiste qui fut un temps emprisonné, il est un des favoris des grands festivals, au point, parfois, d'être accusé de choisir des sujets susceptibles de plaire aux bonnes consciences occidentales. La plupart de ses films ont été présentés à Cannes, dont l'un des Contes de Kish, La Porte.
En s'attaquant à un sujet comme les femmes afghanes, il ne pouvait qu'être dans l'actualité. Il faut savoir que l'Afghanistan appartenait à l'Iran, il y a 250 ans. Depuis la guerre avec l'URSS, puis les Talibans, plus de 6 millions d'afghans se sont exilés, dont près de la moitié en Iran.
Le tournage sur place s'est avéré difficile. Les rivalités de clans empêchaient de réunir les populations entre elles; certains ignoraient même le cinéma, et pour leur montrer, il a fallu d'abord les convaincre. Là bas, les femmes n'ont pas le droit à l'éducation. En Occident, on préfère s'indigner pour un patrimoine sculptural, certes inestimable, mais que vaut-il par rapport aux êtres humains?
Dans ce pays prison, le cinéaste a décidé d'appeler son personnage féminin Nafas, ce qui veut dire respiration.
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ENVOYEE SPECIALE
"Je suis de toutes les prisons d'Afghanistan"
Nul ne peut reprocher à ce film d'être à Cannes, d'exister même. Qu'un (vénérable) cinéaste iranien s'attaque de front au régime des Talibans, à ses atrocités, dans un pays voisin, et voilà que nous continuons à être choqué par ce moyen âge toujours en vigueur. Par un mauvais concours de circonstances, Makhmalbaf a fait un film sur des têtes et des jambes
Les têtes noires ce sont les femmes voilées, celles qu'on ne voit jamais, et comme c'est si joliment dit dans le film, celles qui espèrent être vues un jour. Cette obscurité diurne n'a d'égal que l'obscurantisme des mollahs qui les gouvernent.
Les jambes ont été mutilées. Ce sont celles des enfants, des femmes, des hommes qui ont marché sur une mine anti-personnelle. A cela, le cinéaste montre aussi l'éducation religieuse et militaire (le coran, les armes), la famine et les maladies...
Dans un pays où les poupées tuent, où la beauté réside dans les tissus et les accessoires, où la malaria persiste à croupir dans les puits, on envisage assez bien la folie de Nafas de vouloir sauver sa soeur.
En fait le film est un métissage de documentaire façon National Geographic et un film typiquement iranien avec quelques scènes fortes et des métaphores magnifiques. On y voit des prothèses de jambes sautées en parachute, un désert étonnemment peuplé de fantômes colorés, .... La scène dans le campement de la croix rouge est insupportable de réalisme, avec tous ces moignons et toutes ces béquilles...
Evidemment le cinéaste continue d'écrire ses films comme une succession d'épisodes. Cela nous installe parfois longtemps dans une scène alors qu'on aimerait passer à la suivante. On peut aussi regretter que deux sujets aussi forts dans un seul film soient un peu "faciles", disons politiquement corrects, dans le traitement. On pourrait croire qu'il est trop complaisant en flattant notre culpabilité occidentale. Certaines scènes sont trop évidentes : le cours du Mollah. D'autres énervantes : le camp de la croix rouge. Mais on reste fixé à cet itinéraire d'une femme courageuse qui veut sauver sa soeur. Avec habileté il ponctue son film d'humour (la procession de la mariée), d'aventures (avec le jeune Khak), et surtout d'une rencontre magnifique, celle du médecin, un black américain.
La séquence de la visite m"dicale est intense, hallucinante pour un oeil occidental, et cinématographiquement, elle est une vraie leçon. Il y a là surtout source d'un dialogue intelligent entre une femme afghane et un homme étranger, la première exilée, le second immigré.
On voit relativement peu les fous de Dieu, mais ils sont là, dans tous les gestes, dans toutes les peurs des habitants. Cette illustration de ce qu'est l'Afghanistan aujourd'hui mérite le détour. Dommage que Mahkmalbaf finisse son film sur des séquences mal écrites et surtout avec une image trop énigmatique pour comprendre exactement le sens de sa pensée. Libre d'interprétation, entre solidarité et activisme, la fin est ouverte sur un soleil qui va disparaître. Le cinéaste s'éclipse, peut être pour pleurer devant tant de bêtise humaine, et on peut espérer que l'astre reviendra, après cet écran noir; on peut rêver, qu'un jour, les femmes afghanes soient belles et le montrent, les hommes afghans marchent avec les deux jambes.
Vincy- |
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