A Hanoi, trois sœurs préparent un repas en l’honneur de leur mère décédé. Lien la plus jeune découvre l’amour, Suong, la maternité et Khanh, l’aîné cherche à faire renaître la flamme dans le cœur de son époux.

 
C’est le troisième film de Tran Anh Hung, cinéaste français d’origine vietnamienne. Son premier film, le zen, L’Odeur de La Papaye Verte a obtenu la caméra d’or à Cannes en 1993. Il avait réussi à reconstituer l’atmosphère du Vietnam dans un petit studio en France. Le fabuleux Cyclo obtient le Lion d’Or à Berlin en 1995. Cyclo est réalisé au Vietnam, mais sera interdit dans ce pays du fait de la trop grande violence contenu dans le film. A La verticale de L’Eté, tourné également au Vietnam, est le retour de Tran Anh Hung à l’atmosphère paisible de L’Odeur de La Papaye Verte. Le film a été sélectionné dans la section Un certain Regard au festival de Cannes 2000.
Tran Nu Yen Khé est la compagne et l’égérie de Tran Anh Hung, jouant dans chacun de ces films l’un des rôles principaux.
Christophe Rossignon est le fidèle producteur du cinéaste. Il a également révélé Matthieu Kassovitz (La Haine).
Ping Bing (Mark) Lee le directeur photo a collaboré avec les plus grands réalisateurs asiatiques, notamment Hou Hsiao Hsien (Les Fleurs de Shanghaï).
La musique est primordiale dans les films de Tran Anh Hung. Dans Cyclo, il employait la musique de Radiohead, notamment la chanson Creep dans une scène éblouissante au sein d’une discothèque vietnamienne. Pour ce film, en plus des compositions de Ton That Tiet, on peut retrouver des morceaux de Lou Reed, du Velvet Underground et d’Arab Strap.

Harmonie Vietnammienne

"Comment sait-on qu'on est enceinte? "

A La Verticale de L’Eté est un voyage au Vietnam plein de sensations, de plans magnifiques, de moments d’émotions.
Il dresse le portrait croisé de trois sœurs au carrefour de leur vie sentimentale avec douceur et justesse de ton.
Les réveils de Lien la plus jeune des trois, la belle Tran Nu Yen Khe, la douce et tendre du réalisateur, qui partage un appartement avec Hai, qu’elle appelle son grand frère, sont magiques.
Sur des chansons de Lou Reed ou d’Arab Strap, ils inventent des jeux amoureux, s’échangent des regards tendres et pleins de malice. La scène de l’orage est d’un romantisme incroyable, fait palpiter le cœur à cent à l’heure.
Magiques, également les annonces de future maternité, entre fous rires et larmes. Plus douloureux mais pas moins juste, la crise du couple entre la sœur aîné et son mari, qui ne vit plus depuis qu’il a trahi celle-ci.
On peut regretter l’absence de Tran Anh Hung en Sélection Officielle à Cannes, il n’aurait pas démériter devant les films asiatiques. Ces qualités formelles lui auraient permis sans doute d’obtenir un prix.
A la verticale de l’Eté parvient à nous transporter à Hanoi, nous fait respirer le fumé des mets cuisinés avec amour, ressentir le contact de la pluie de la mousson vietnamienne, nous fait tomber amoureux de ces trois femmes fortes mais sensibles Tran Anh Hung est un esthète du cinéma. Ces plans sont autant d’estampes colorés, de petit tableau d’une beauté renversante. Le vert des plantes, le bleu de la mer, le rose des vêtements, la blancheur des jeunes femmes se répondent avec une virtuosité extrême.
Certes le film manque peut-être d’un coup de folie, mais le cinéaste a voulu justement retrouver la quiétude, la mélancolie aussi du Vietnam de sa jeunesse Avec ce film, il atteint la plénitude de son art cinématographique, réussissant un film rare, conjuguant émotion, rire et même érotisme diffus, porté par un trio d’actrices magnifiques.

Yannick