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Vatel Europe / Film d'ouverture / projeté le 10 mai |
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Château du Prince de Condé, près de Chantilly,10 avril 1671. François Vatel est l'intendant
fidèle et dévoué d'un Prince de Condé fie, mais vieillissant et ruiné; il
cherche à regagner les faveurs du roi Louis XIV, en commandant son armée. Pour l'occasion, Condé
remet la destinée de sa maison entre les mains de Vatel, lui intimant la lourde
charge de recevoir toute la cour de Versailles. Car Vatel est un personnage
intransigeant et courageux, ne supportant pas la moindre faiblesse. Mais il
est séduit par Anne de Montausier et commence à perdre la maîtrise de
lui-même dans un jeu de cour où il n'est pas à son aise. |
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| La scénariste Jeanne Labrune (la réalisatrice de Si je t'aime prend garde à toi) s'est intéressée au personnage de Vatel après
avoir lu une lettre de Madame de Sévigné relatant son suicide. Souhaitant au
départ mettre en scène elle-même le scénario, elle y a travaillé pendant
près de huit ans, effectuant de nombreuses recherches afin de s'imprégner de
la langue et des formules de l'époque. Ce scénario aux plusieurs prix ne pouvait qu'attirer le fin gastronome Depardieu. Uma Thurman avait elle tourné 11 ans aupravant Les Liaisons dangereuses. Cette histoire vraie narre les derniers jours avant que Vatel ne soit appelé à Versailles, loin de sa période chez Fouquet (lorsqu'il était ministre des finances du Roi). Le scénario, racheté par Alain
Goldman, a été confié au réalisateur britannique Roland Joffé qui avait
précédemment émis l'envie de le mettre en scène. Roland Joffé a réalisé de
nombreux films dont, La Déchirure, la Palme d'or Mission (1986) - avec Robert de Niro et Jeremy Irons
(membre du Jury cette année) -, La
Cité de la Joie (1992) avec Patrick Swaize, Les amants du nouveau monde (1995) avec Demi
Moore et Gary Oldman et Goodbye Lovers (1997), déjà présenté hors-compétition à Cannes.
En faisant l'Ouverture de ce prestigieux Festival, Vatel s'offre un beau coup marketing, malgré les rumeurs un peu froides entourant ce film d'une autre époque. Artistiquement, Joffé a fait appel aux meilleurs, et notamment le célèbre Ennio Morricone pour la musique. Le producteur Alain Goldman avait déjà travaillé avec Depardieu (1492), avant de produire Casino, plusieurs flops français (XXL, Bimboland, En Plein coeur) et cette année, le nouveau Kassovitz.
Impressionnante, la production (anglophone) a nécessité près de 400 personnes sur les décors (construits par Jean Rabasse, qui a travaillé avec Jeunet et Caro), les effets spéciaux et la cuisine. De la cuisine pour 3 banquets somptueux, symbole d'un art de vivre et d'un gachis digne de notre époque.
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INSTITUT DE GOUTER
Tout commence avec une vieille plume qui rédige à l'encre une lettre de mission. Un séjour de 4 jours, et donc 3 actes et un épilogue, où le Roi Soleil devra décider (ou ne pas décider) si le Prince de Condé dirigera son armée. Un Prince piégé par ses dettes, sa goutte mais avec un atout, son Intendant. Vatel, dont le métier est de céer, sera chargé d'offrir spectacles et mets, divertissements et gourmandises à la cour de sa Majesté.
La présentation des personnages est appuyée, de peur qu'on ne comprenne ni les intrigues, ni les noms. Et pour ne rien arranger, tous les seconds-rôles sont caricaturaux (avec mention spéciale pour le ratage Arielle Dombasle qui nous fait ses vocalises comme de Funès grimaçait pour un rien). Depardieu sauve son talent avec quelques scènes pleines de grâce, un sourire nuancé ou un une gestuelle maîtrisée. Thurman est sublîmée et donne le meilleur d'elle-même dans les scènes dramatiques.
Hélas le spectacle ennuie le Roi, et les spectateurs, en tirant en longueur, en ne faisant palpiter aucun coeur. Et sans crescendo, l'histoire s'installe lentement dans une succession de faits et armes, de manipulations macchiavéliques et de rumeurs de couloirs. Certes le souci du détail, le même qu'avait vatel, certaines idées originales aussi, sont admirables. Artistiquement, le film est presque parfait : costumes, décors, cuisine... les métiers ignorés par les médias ont pourtant la vedette dans ce Vatel qui aurait pu être un excellent téléfilm. Car ce n'est pas en mettant sa caméra en oblique, que le cadre sera moderne. Joffe, manquant sans dout d'inspiration dans la plupart de ses séquences, avorte les moments intéressants, et d'un film qui aurait aimé être aventureux et romanesque, le transforme en drame amoureux.
Si l'on pense à la Reine Margot (la scène de chasse est beaucoup plus fougueuse chez Chéreau) ou à Ridicule (les traits d'esprit y fusaient), on songe à espérer que les films à costume retrouveront une forme de renaissance.
Face à ces images faciles, à quelques beaux instants (Tim Roth posant sa joue sur l'épaule nue d'Uma Thurman), on se prend à apprécier ce maestro des délices hédonistes, qui n'oublie pas ses origines (le peuple) et se retrouve à devoir faire plaisir aux nobles. Coincé entre les deux classes, il cherche une intégrité touchante, un respect souvent incompris et tente de satisfaire tout le monde. Le rôle de Vatel est autrement plus exquis que le film autour de lui.
Le spectateur se retrouve dans la position du roi Soleil : à s'ennuyer ou s'amuser, à faire fi des détails et à se préoccuper de la suite des événements; le spectateur attends que le film passe, inactif, comme le Roi saisit une orange, déjà épluchée et prédécoupée. Où est le plaisir? VCT
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