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Trolösa 1999 / Suède / En compétion dans la Sélection Officielle / présenté le dimanche 14 mai
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Un écrivain reclus sur une île, en panne d’écriture.
Une voix s’adresse à lui, avant de prendre forme sous
les traits d’une actrice, Marianne, qui lui raconte
son histoire : mariée à Markus, célèbre chef
d’orchestre, et mère d’une petite fille, elle coule
une vie sereine aux côtés de David, ami commun du
couple. Un soir, alors que Markus est absent, David
vient dîner chez elle. Ce qui n’était qu’une relation
platonique se transforme en une passion aussi folle
que dangereuse….
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| Actrice fétiche d’Ingmar Bergman («Cris et
chuchotements », «Scènes de la vie conjugale »,
«Sonate d’automne »…), Liv Ullmann rend un nouvel
hommage au maître suédois, qui avait déjà écrit pour
elle le scénario de «Private Confessions ». Le film,
tiré de la vie des parents du réalisateur, reçut un
excellent accueil au Festival de Cannes 97, dans la
section Un certain regard.
«Trolösa » est à nouveau tiré d’un épisode réel de la
vie d’Ingmar Bergman. Ce dernier, qui a longtemps
tardé avant de le mettre par écrit, a rédigé un
scénario uniquement composé de dialogues, créé pour
une actrice : Lena Endre. Pendant deux ans, Liv
Ullmann en a travaillé la réalisation, avant de
s’attacher au reste du casting.
Erland Josephson, qui joue Bergman dans le film, est
l’un des acteurs suédois les plus connus dans le
monde. Il a notamment travaillé sous la houlette
d’Ingmar Bergman bien sûr, mais aussi de Théo
Angelopoulos, Peter Greenaway ou Tarkovski. Grand
homme de théâtre, c’est la troisième fois qu’il est
dirigé par Liv Ullmann, après «Sophie » (court
métrage) et «Kristin Lavransdotter ».
Les autres acteurs du film sont essentiellement connus
pour leurs performances sur les planches, notamment au
Théâtre Dramatique de Stockholm, le Dramaten.
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| Portrait de femme
«Pourquoi joue-t-on ?
On passe le temps avant la mort »
«Trolösa » n’est pas un film de demi-mesure, pas plus
qu’il n’est un film facile. Rythme très lent,
monologue omniprésent, réalisation réduite à sa plus
simple expression…Beaucoup abandonneront en cours de
route, découragés par une introduction longue parce
que double : d’abord, celle d’un écrivain
vieillissant, Bergman, obligé de recourir à une voix
et une présence imaginaires pour écrire; puis celle du
drame proprement dit, raconté par cette femme rêvée.
Pour tous les autres, ceux qui trouvent une rare
intensité dans cet univers intimiste et sobre, le
voyage est bouleversant. Construit comme une tragédie
dont l’héroïne est aussi l’unique chœur, celui qui
annonce l’inévitable, «Trölosa » déroule
implacablement les règles d’un drame classique, mais
sublimé.
L’histoire est après tout fort banale, celle d’un
adultère qui mène évidemment à l’humiliante
confrontation, à l’ignoble trio, le mari , la femme et
l’amant, tous prêts à prendre une petite fille de neuf
ans en otage. Mais si l’on s’identifie si fort aux
personnages et aux situations terriblement crédibles,
c’est que Liv Ullmann parvient à filmer l’indicible en
se concentrant sur un seul visage, celui de Marianne,
victime et narratrice.
Cadrée au plus serré, Lena Endre est incroyable
d’émotion, dans le discours comme dans l’action ;
c’est elle qui assure sa tension au film, faisant
passer sur son visage une variété de sentiments
rarement atteinte. Elle est évidemment pressentie pour
un Prix d’interprétation féminine, presque une
évidence.
Au talent de cette femme, il faut encore ajouter la
force du texte d’Ingmar Bergman. Le discours est
certes omniprésent, mais d’une telle beauté, d’une
telle vérité, que l’on voudrait pouvoir le retenir en
entier. Impossible de ne pas se reconnaître dans cette
« biographie érotique », évidemment très proche de
l’univers bergmanien. Le vieil homme qui ouvre le film
ne peut que rappeler celui des «Fraises sauvages », et
ce n’est évidemment pas un hasard si Liv Ullmann donne
à Marianne le prénom de son personnage dans «Scènes de
la vie conjugale ».
Mais peu importe que l’on aime ou non Bergman pour
apprécier (ou non) ce film, dont les images autant que
les mots restent longtemps gravés dans le cœur autant
que la mémoire.
Mathilde
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