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Tabou 2000 / Japon / Compétition Officielle / Présenté le 16 mai / Sortie France le 17 mai 2000
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Kyoto Printemps 1865.
Le commandant de la milice Isami Kondo et le capitaine Toshizo Hijikata
recrutent de jeunes guerriers. Ceux-ci sont confrontés au plus fin
combattant de la milice, Soji Okita. Deux hommes sont sélectionnés, le
samouraï Hyozo Tashiro et Sozaburo Kano. La beauté de ce dernier
provoque bien des convoitises. Les meurtres au sein de la milice se
multiplent. Leur principale raison commune : la passion amoureuse.
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| Nagisa Oshima est l’un des plus grand metteur en scène japonais du
cinéma contemporain. Né le 31 mars 1932, à Kyoto, l’ancienne capitale du
Japon, il préfère abandonner le droit pour se consacrer au cinéma. Il
travaille alors pour Hideo Oba puis réalise son premier film Contes
Cruels De La Jeunesse, film devenu culte sur la jeunesse japonaise
confronté au poids des traditions.
Il n’aura de cesse pendant toute sa carrière de provoquer le trouble.
Avec L’Empire des Sens en 1976, il filme pour la première fois dans un
film grand public des scènes d’amour non simulé. Pour son film suivant,
L’Empire de La Passion, il a obtenu le prix de la Mise en Scne à Cannes
en 1979. Son dernier film avant celui-ci date de 1986, l’amour entre une
femme, Charlotte Rampling et Max, un chimpanzé, Max Mon Amour.
Takeshi Kitano, réalisateur merveilleux (Sonatine, Hana-Bi) a déjà fait
l’acteur dans un film de Nagisha Oshima, le magnifique Furyo avec David
Bowie et Ryuchi Sakamoto, dont la musique a fait le tour du monde.
Les principaux personnages du film hormis les deux jeunes recrues ont
réellement existé. Le capitaine Soji Okita (Shinji Takeda, remarqué dans
Tokyo eyes) est l’un des samouraï les plus célèbres. Mort de la
tuberculose à 25 ans, il avait déjà tué en duel plus de 100 opposants.
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| Du rififi chez les samouraïs
« Je ne pense pas qu’il faille uniquement juger
quelqu’un sur ses performances au sabre »
Ce n’est pas une surprise, «Tabou » est esthétiquement
superbe : choix des couleurs, qualité de la photo,
symétrie de la mise en scène, chorégraphie des
combats…tout contribue à faire de ce film de samouraïs
un spectacle entier, plaisir des sens. L’attention
portée au son et la musique de Ryuichi Sakamoto (déjà
salué pour la bande originale de «Furyo ») ne sont pas
pour rien dans l’envoûtement que provoquent certaines
scènes : les duels sont la grande réussite du film,
souvent filmés de façon aussi érotique qu’un tango
argentin.
Tout cela aurait pu donner un film splendide, si
Nagisa Oshima ne s’était pas enfermé dans un scénario
simplet mais confus, s’il n’avait pas affaibli
l’intensité de son film avec une narration
incroyablement naïve. Tout le problème est de savoir
s’il a volontairement souhaité des scènes décalées oui
si l’on rit à ses dépens. Difficile en effet de
prendre au sérieux des commentaires tels que «tout
vient à point à qui sait attendre », difficile de ne
pas trouver ridicule le monologue de Takeshi Kitano,
obsédé par les éventuels «penchants » des samouraïs de
sa milice. D’autant plus que l’homosexualité, loin
d’être le tabou annoncé par le titre du film, est tout
à fait admise dans ce milieu masculin, très perturbé
par l’arrivée d’un ange séducteur digne du «Théorème »
de Pasolini.
Le film manque enfin de chaleur, d’émotion. Certes, la
discipline des samouraïs n’autorise guère les
épanchements, mais puisqu’il est question de passion
destructrice, on aurait aimé partager les affres de
ces rois du sabre. Impassibles, les visages des
acteurs sont autant de masques de cire qui nous
empêchent décidément de regarder cette histoire
autrement que de loin.
Vraiment pas de quoi se faire hara-kiri.
Mathilde
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