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Some voices 2000 / Grande Bretagne / Quinzaine des réalisateurs / Compétition pour le Prix de la Jeunesse / présenté le 15 mai 2000
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Ray, personnage sympathique mais instable, sort d'hôpital psychiatrique pour
rentrer chez son frère, Pete. Ce dernier a racheté le café de leur père qui
est devenu, après un mariage raté, sa seule passion. L'arrivée de son frère
va provoquer un déclic dans sa vie. Ray rencontre Laura, une jeune femme
délurée et aussi un peu perturbée. Avec elle, le fragile équilibre qu'il
avait réussi à retrouver s'effrite. Les événements commencent alors peu à
peu à lui échapper.
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| Simon Cellan Jones commence sa carrière au service du courrier de la Twentieth Century Fox à Londres, puis comme stagiaire sur des films tels que 1984. Après une expérience de reporter photographe à Beyrouth, il entre à la
BBC comme assistant réalisateur. Il réalise pour la BBC de nombreux films et
séries télévisées récompensés à plusieurs reprises tels que The Bill (1989),
The Riff Raff elements (1992), Storm Damage (1999). Some voices est son
premier film. C'est une adaptation d'une pièce éponyme de Joe Penhall qui a
lui-même écrit le scénario. Simon Cellan Jones écrit actuellement son
deuxième film.
Anecdote : Simon Cellan Jones a glissé dans son film une chanson en français
de Françoise Hardy, très connue outre-Manche : La Maison où j'ai grandi.
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| La voie de l'amour
" Tu t'es encroûté sans moi ? "
Le film est une tranche de vie douce-amère, celle d'un homme, Ray, qui va
tenter de se réinsérer dans la vie normale après plusieurs années passées
dans un hôpital psychiatrique. On n'apprend que peu de choses de son passé,
sauf quelques détails concernant sa maladie. Ray apparaît comme l'élément
perturbateur de l'histoire, aussi bien à cause de sa folie que de son retour
dans la vie de son frère aîné, Pete. Ce dernier a été déboussolé par le
décès de leur père, la maladie de son frère, son mariage raté et son
divorce. Il travaille sans relâche dans le café familial. Les deux frères
souffrent, à un niveau différent : Ray entend des voix tandis que Pete lutte
contre ses démons et ses doutes. Cette notion de déséquilibre, omniprésente,
a offert au réalisateur un large terrain de jeux et d'expériences. La folie
fait peur, car elle est incontrôlable. Pete exprime sa colère, ses peurs,
son désespoir face aux problèmes et aux obstacles de la vie comme chaque
individu. Ray, lui, entend des voix imaginaires et est obsédé par toute
forme spiralée qu'il reproduit avec tout ce qui lui tombe sous la main,
ustensiles de cuisine ou sacs poubelle. Simon Cellan Jones a beaucoup
travaillé sur l'image et le son pour matérialiser les crises
schizophréniques de Ray. La caméra, à l'épaule, s'agite. Le montage est
saccadé. La musique se fait expérimentale et dérangeante pour l'oreille. Le
spectateur vit le trouble de Ray.
Lorsque Ray rencontre Laura, il traverse comme une accalmie. L'amour doit
triompher malgré les épreuves. Ray se sent de nouveau invincible : il croit
qu'un coup de foudre peut effacer ses années d'hôpital. C'est Pete qui lui
rappelle sans arrêt son équilibre précaire. Lorsque les crises
réapparaissent, les deux frères se serrent de nouveau les coudes, malgré
leurs différents.
La ville, Londres en l'occurrence et plus spécialement le quartier de
Shepherds Bush (pas très loin de celui de Notthing Hill), tient une place à
part entière dans l'histoire. C'est elle que retrouve Ray après son passage
à l'hôpital. Simon Cellan Jones l'a filmé avec une justesse qui rappelle un
peu celle de Martin Scorcese dans A tombeau ouvert. La ville respire, se
transforme au gré des heures et des humeurs. Elle ne s'efface que face à
l'amour pour céder l'écran à la mer et à ses possibilités illimitées.
La morale du film pourrait être que chaque homme a ses démons et qu'il lutte
plus ou moins facilement contre eux. Ce film, très intéressant visuellement,
révèle un acteur, Daniel Craig, au jeu subtile.
Muriel
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