|
|
|
|
Réalisation : Patricia Mazuy
Production : Denis Freyd
Scénario : Patricia Mazuy, Yves Thomas
Son : Henri Morelle, Stéphane Morelle
Montage : Ludo Trocu, Eric Thomas, Anne Riegel, Rodolphe Risse, Estelle
Babut-Gay, Catherine Minier, Eliette Cochon, Frédéric Barbe, Victoria
Catoire
Photo : Thomas Mauch
Durée : 119 min
Interprétation:
Isabelle Huppert ( Madame de Maintenon) Nina Meurisse ( Lucie de
Fontenelle grande) Morganne Moré ( Anne de Gradcamp grande) Jean-Pierre
Kalfon ( Louis XIV)
|
|
|
|
Saint-Cyr 2000 / France / Projection à Cannes le 16 mai / Un certain regard |
|
|
|
|
Fin du XVII ème siècle : Anne de Grandcamp et Lucie de Fontenelle, deux
petites normandes, arrivent à l'école de Saint-Cyr créée par Madame de
Maintenon pour éduquer les filles de la noblesse ruinée par les guerres et
en faire des femmes libres.
|
|
|
|
|
|
| Monter Saint-Cyr n'a pas été pour Denis Freyd son producteur, une mince affaire. Le développement du projet a duré près de 5 ans. Il explique
qu'une fois l'équipe réunie, « la production s'est engagée rapidement grâce
au soutien de plusieurs partenaires ( il y en aura 21 à l'arrivée), avec
l'inquiétude et l'énergie que procure la nécessité de financer une partie
du film pendant le tournage. Mais en plein hiver, en extérieur, avec de
grands acteurs et 250 petites filles, une équipe franco-germano-belge, il
reste peu de temps pour s'inquiéter »
|
|
|
|
|
|
|
Lorsque Patricia Mazuy a proposé à Isabelle Huppert d'interprêter le
personnage de Madame de Maintenon, elle lui a dit que son film
ressemblerait un peu à un « Full metal jacket en jupons ». Et il est vrai
que ces jeunes filles de Saint-Cyr, telles de vaillants petits soldats,
semblent continuellement se préparer à livrer la bataille. Elles s'en
remettent complètement à Madame de Maintenon, qui a déclaré au moment de
l'ouverture de l'école : « Je voudrais une éducation solide, éloignée de
toutes les petitesses du couvent. Je veux de l'esprit, de l'élévation, une
grande liberté dans les conversations. Saint-Cyr est fait uniquement pour
former et instruire nos jeunes filles et pour les rendre aptes à affronter
le monde...et ainsi, quand elles sortiront, elles seront libres et
maîtresses du chemin de leur vie. » Cette noble ambition - qui selon
Isabelle Huppert s'inscrit résolument dans l'histoire du féminisme - repose
en effet uniquement sur la détermination de Madame e Maintenon. Et c'est
dans ce constat là que le projet trouve ses limites. Tant que Madame de
Maintenon garde la maîtrise des choses autour d'elle, tout va pour le
mieux. Elle sait d'instinct ce qui devrait advenir pour libérer les femmes,
elle est prête à tout mettre en oeuvre pour y parvenir et elle entraine les
jeunes filles dans son sillage. Mais elle est aussi une femme de son
époque. Patricia Mazuy dit à son propos : « Maintenon est à la fois une
femme de pouvoir et une courtisane qui se sent sale et qui veut se laver.
Avec son beau projet d'école d'avant-garde, elle pense être quitte de ses
pêchés mais quand elle a l'impression d'avoir fabriqué des petites putes -
c'est à dire exactement ce qu'elle ne voulait pas - elle va peu à peu vers
une folie d'autant plus destructrice qu'elle garde son pouvoir. » Les
premières à en souffrir sont bien sûr les jeunes filles, en particulier les
personnages de Anne de Grandcamp et Lucie de Fontenelle, magnifiquement
interprêtés par Morgane Moré - qui incarne la résistance à Madame de
Maintenon - et Nina Meurisse, qui à l'inverse perd son identité à force
d'écouter Madame de Maintenon. Saint-Cyr est un film particulièrement
dense. Patricia Mazuy ne perd jamais de vue son sujet principal, elle le
détaille même à l'extrème avec le plus grand soin. Mais Saint-Cyr est aussi
un film sur le pouvoir politique et sur le manque. L'interprétation
d'Isabelle Huppert est exceptionnelle.
Anne
|
|
|
|
|