| Requiem for a dream 2000 / Etats-Unis / sélection officielle(hors compétition) / présenté le 16 mai | | | | | Sara Goldfarb vit seule à Coney Island. Mère juive veuve et fantasque, elle vit dans l'espoirobsessionnel d'être un jour invité sur le plateau de son émission de télévision préférée. C'est dans cette perspective qu'elle suit un régime draconien, afin d'entrer dans la robe qu'elle portera, lorsque le grand soir sera venu. Son fils Harry est en proie à une dépendance à la drogue. Avec sa petite amie Marion et son copain Tyrone, ils noient leur quotidien dans d'infantiles visions du paradis terrestre. En quête d'une vie meilleure, le quatuor est entraîné dans une spirale infernale qui les enfonce,toujours un peu plus, dans l'angoisse et la dégradation... |
| | | | | | C’est le deuxième film du new-yorkais Darren Aronofsky après le remarquable Pi. Le scénario est l’adaptation d’un livre de l’écrivain américain Hubert Selby Junior, auteur dont il a avoué rêvé d’adapter au cinéma son chef d’œuvre, Last Exit To Brooklyn. Le parcours de Darren Aronofsky est singulier. Diplomé de l'Université de Harvard, son film de fin d’études Supermarket Sweep, reçoit de nombreux prix internationaux. Pi, thriller paranoïaque sur fond de mathématiques n’a coûté que 60000 $, pour ce film le jeuneréalisateur a obtenu le prix de la mise en scène au festival de Sundance. Dès lors une hype autour du film s’est formée, PI a ramassé 3,5 millions de dollars au Box-Office américain et la presse a proclamé Darren Aronofsky le nouveau David Lynch. Annoncé dans différents projets d’envergure il a préféré rester dans le cinéma indépendant pour signer son second film. Clint Mansell, musicien techno réputé, signe une nouvelle fois la musique du film. Jennifer Connelly devient une égérie du cinéma indépendant américain, révélée par Hot Spot de Dennis Hopper, elle a notamment tenu l’un des rôles principaux de Dark City d’Alex Proyas.Jared Leto, remarqué notamment dans The Faculty de Roberto Rodriguez, tient un rôle de yuppie décapité dans American Psycho, l’adaptation du livre culte de Brett Easton Ellis. |
| | | | | | HYMNE AU CAUCHEMAR Darren Aronofsky ne filme pas comme les autres. Son Requiem débute en pleinété, mais ne se finira pas au printemps. Le printemps, l'espoir donc, cesera au spectateur de le construire dans son imaginaire, à la sortie dufilm. Cette première partie estivale est idyllique : les personnagess'éclatent, rêvent, passent de bons moments lors des beaux jours. Le filmressemble alors à une comédie indépendante américaine comme les autres,avec ciblage ados. C'est pour mieux nous leurrer. Les images façon vidéo-clips et le thèmeproche de Trainspotting sont percutants mais frôlent le superficiel, enapparence. La télé, la philosophie du winner, la réussite matérielle, le surpoids etle régime qui va avec, tout ne fait que maquiller une incroyable solitude,un profond désespoir, une quête vers un idéal, celui de sortir de cetteprison virtuelle. Aronosky place ses personnages dans un contexte classique, avec unecritique facile. Mais l'automne arrive. C'est sans doute la partie la moins intéressante, de par le relâchement durythme, la noirceur qui envahit le film. Une froideur inattendue qui faitbasculer le film dans le drame. Le régime devient accoutumance aux cachets, la drogue vient à manquer,l'histoire d'amour se fissure. Les visages se blanchissent, les yeux secreusent, les dents claquent. Les hallucinations ne sont plus des fantasmesmais bien des cauchemars. Tout va ne faire qu'empirer, avec un remarquable sens du montage (son commeimage). La musique fascine et séduit. L'hiver nous envahit.Chacun va y perdre un morceau : un bras, une innocence, la raison...Aronofsky , entre cinéma expérimental et sensations fortes (qui dérangerontcertains), habillent son film d'images chocs et fait forcément réagir lepublic. En maîtrisant le temps (prise de dope speed, puis tout devientélastique, lent), le jeune cinéaste fait monter la pression crescendojusqu'à l'horreur suprême : électrochocs, scie, partouzeŠ la déchéancehumaine. Pour avoir conquis un monde trop virtuel avec des substancesillicites, chacun des personnages en payent le prix, et reviendra dans leréel (ou pas) avec la gueule de bois. Chacun déprime, se met en position f¦tale. Le réalisateur domine son sujetet, sans discours, avec la seule force de la succession saccadée desimages, nous secoue l'estomac. Le final est très éloigné du début. Les excès de tous ont conduit à leurpropre destruction. Le rêve est mort. Entre temps, nous aurons été convié àun grand huit visuel et musical déstabilisant, plutôt pessimiste, sur nosvies et nos incapacité à imaginer. La véritable dépendance de l'Hommen'est-il pas vis-à-vis de ses rêves ? Sans cachets si possible... Vincy |
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