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In the mood for love 2000 / Chine / Hong Kong / Sélection officielle / Compétition / présenté le samedi 20 mai
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Hong-Kong, 1962. Journaliste, Chau emménage avec sa femme dans un nouveau logement, en plein coeur d'un immeuble habité par la communauté shangaiaise. Il y rencontre Li-Chun, ravissante jeune femme qui vient elle aussi d'emménager avec son époux. Celui-ci, représentant d'une société japonaise, est régulièrement absent. Lui-même souvent seul, Chau passe de plus en plus de temps avec Li-Chun, jusqu'au jour ou les deux amis découvrent que leurs époux respectifs sont amants... Dès lors Li Chun et Chau essaient de comprendre comment cette histoire d'a (comme adultère) a pu commencer. A ce petit jeu, ils tomberont eux aussi amoureux l'un de l'autre.
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| Voici l'un des favoris de la compétition... et le dernier film présenté dans ce cadre. Comme Rosetta l'an dernier. Tourné dans le plus grand secret, le film est un vieux projet de Wong Kar-Wai, enfin achevé, avec un casting des plus glamours : la splendide Maggie Cheung (qui vit désormais en France avec Assayas) et le magnifique Tony Leung. Cheung était présente dans le premier film de WKW. Et Leung est un habitué, puisqu'il avait déjà accompagné le cinéaste en 97 pour Happy Together, Prix de la mise en scène.
Déjà réunis dans "Center Stage ", du Taïwanais Stanley Kwan, ces deux beautés s'annoncent comme de sérieux concurrents pour les Prix d'interprétation, à peu près aussi dangereux que le virtuose Wong Kar-Wai.
Le film n'était pas terminé lorsque Gilles Jacob a annoncé la sélection cannoise mi avril. Et d'ailleurs c'est une copie de travail (le son n'est pas mixé) que les festivaliers verront. A l'origine, WKW souhaitait réaliser un film en 3 histoires, après avoir avorté son projet Suimmer in Beijing; finalement il se concentra sur l'unique segment qui l'intéressait, l'histoire sur l'infidélité. Le tournage fut éprouvant. Produit par un français, le film fut tourné durant un an, avec un script évoluant constamment, des tensions entre le metteur en scène et ses deux acteurs chéris. Pour retrouver une ambiance de Honk Kong dans les années 60, il du s'expatrier à Bangkok, où les appartements exigus furent contraignants pour l'équipe technique. In the mood for love, comme Les Années Sauvages, est un film sur une époque révolue, avec des musiques latinos.
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MEME LE THERMOS EST SEXY....!
Après le naturalisme de Lars Von Trier, le bouquet final est laissé à Wong Kar-wai, tendance impressionniste. Une palme ex-aequo? Le cinéaste de Hong Kong, qui nous surprend à chaque film et nous bluffe depuis 10 ans, donne une véritable leçon de cinéma, croisement d'Antonioni et d'Almodovar, où la grammaire du 7ème Art se mélange à la vision d'un auteur totalement en phase avec les images de son époque.
Le film rassemble la chorégraphie d'un ballet des corps qui s'aimantent et se séparent, l'image aérienne d'êtres qui se croisent et s'évitent, la peinture colorée et abstraite où les visages sont des profils et les détails de la vie des éléments centraux. Chaque plan révèle l'absence, le non dit, l'imperceptible et l'invisible. On ne voit jamais le mari de Maggie Cheung (belle au delà des mots) ni la femme de Tony Leung (en tout point parfait). Kar-wai cherche des réponses à des questions simples sur l'amour, la blessure liée à l'infidélité, les origines d'une rencontre, et surtout le regret. Le goût d'amertume laissé par un couple désemparé et abandonné conduira à des choix qui auraient pu en être d'autres. Subtil, In the Mood for love égare ce "couple malgré-lui" , dans un jeu dangereux où l'on tombe amoureux, où la culpabilité guette et où l'on ressent un immense vide sans l'autre. La musique a des airs de complainte....
Par ailleurs Kar-wai établit un portrait du Hong Kong des années 60, de ce voisinage très indiscret, de ces rues vides et noctrunes, pluvieuses et sordides. Avec des décors superbes, que ce soient les bureaux, les appartements ou les restaurants, le réalisateur nous installe dans un univers qui lui est propre, presque claustrophobique, à base de couleurs pastelles et flashy, retransposition acidulée de l'époque. Il y ajoute des images dérisoires pleines de dérisions, où le bout de viande moutardé devient drôle, le thermos rempli de nouilles est sexy et où l'on est saisit par sa façon de filmer le Temple d'Angkor, tel un corps ou un amour abandonné, détruit et anciennement beau. Spirituel même.
En ralentissant les images ou en inversant certaines scènes (qui ainsi se font échos), WKW filme avec grâce un jeu félin entre deux acteurs divins. Deux comédiens à l'allure adolescente en quêt d'un absolu trahit par leurs époux. Le scénario mélange habilement ce jeu qui les piège, où chacun joue le rôle de l'époux, cherchant à comprendre, et même à anticiper sa réaction face à cet adultère sans mode d'emploi.
Tout en passion retenue, In the mood for love est une oeuvre absurde et intelligente où l'essentiel est dans l'impression que ces images, ces musiques, ces gestes nous laissent. Comme si Kar-wai participait à fabriquer notre propre mélange de souvenirs du film. Une confusion des émotions qui n'atteint pas la qualité de l'oeuvre et au contraire peut donner envie de la revoir. A travers ce jeu de miroir, le film apparaît nu de tout artifice, et se consacre à sa simplicité indéniable : il réinvente ainsi le cinéma en imprimant dans nos yeux un film nostalgique et intemporel, léger et profond. Un bijou qui nous laisse à bout de souffle. Vincy
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