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L'Insaisissable (Die Unberührbare) 2000 / Allemagne / Projection à Cannes le 14 mai / Quinzaine des réalisateurs |
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Münich, Berlin Est. C'est l'histoire des derniers jours de l'écrivain
Gisela Eslner qui se suicida à l'âge de 56 ans. Dans le film, elle
s'appelle Hanna Flanders, femme fantasque et fragile, sous
anti-dépresseurs. Jeune auteur, elle connaît très tôt le succès dans les
années soixantes. Très connue à l'Est, elle est très proche du parti
communiste allemand, le DKP, et de Lénine, qu'elle vénère. Mais la chute du
mur de Berlin à l'automne 1989 lui fait prendre conscience des réalités de
cette Allemagne de l'Est qu'elle idéalise. La frontière est alors fragile
entre le doute et la mort...
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| Oskar Roehler naît en 1959 de parents écrivains : Gisela Elsner et Klaus
Roehler. Il grandit à Londres, Rome et Nuremberg. Depuis le début des
années 80, il vit à Berlin et y travaille comme scénariste, journaliste,
auteur de pièces de théatre et de nouvelles.
Son sixième film, L'Insaisissable, raconte l'histoire de sa propre mère à
travers celle de Hanna Flanders.
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Tout sur sa mère
« Que penses-tu de tout ça (la chute du mur de Berlin)?
- Que veux-tu, je survis à l'un comme à l'autre ».
Parler de sa propre mère, un personnage fragile, sans tomber dans l'excès
est la performance du réalisateur Oskar Roehler. Plus qu'une histoire de
famille, c'est un formidable portrait de femme qu'il dépeint dans un caméra
à corps avec l'actrice principale Hannelore Elsner. Le choix du noir et
blanc renforce ce sentiment de nudité, de crudité et d'authenticité : le
personnage d'Hanna est toujours présent et son visage s'offre dans toute
sa netteté à l'écran. La perruque noire que porte l'écrivaine s'auréole
constamment d'un nuage de fumée de cigarette que sublime le noir et blanc.
La caméra, très mobile, s'accroche à son personnage et dérive avec lui,
guettant ses moindres doutes et angoisses. C'est comme un miroir auquel se
heurte sans cesse Hanna. Son histoire rejoint celle de l'Allemagne et de
tout une génération marquée par l'histoire du mur de Berlin. La chute du
mur est constamment évoquée tout au long du film car c'est un évènement que
redoute l'écrivaine. A la télévision, dans les cafés, sur toutes les lèvres
un seul mot : liberté. La joie de tous les habitants contraste avec la
mélancolie d'Hanna. A la fin du film, elle se voit privée de la seule
liberté qu'elle s'accordait : fumer.
Ce film fort et intense nous entraine dans un passé proche avec intensité.
C'est un beau geste de reconnaissance d'un fils à une mère qu'il a sans
doute apprise à mieux connaître.
Muriel
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