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   spécial Cannes
 
 
 
Réalisation : Oskar Roehler
Production : Distant Dreams Filmproduktion (Berlin)
Scénario : Oskar Roehler
Image : Hagen Bogdanski
Son : Manfred Banach
Montage : Isabel Meier
Musique : Martin Todsharow
Durée : 100 mn

Interprétation:
Hannelore Elsner
Vadim Glowna
Jasmin Tabatabai
Michael Gwisdek
Tonio Arango
Lars Rudolph
Nina Petri
Helga Göhring

 

 L'Insaisissable (Die Unberührbare)
2000 / Allemagne / Projection à Cannes le 14 mai / Quinzaine des réalisateurs
 
Münich, Berlin Est. C'est l'histoire des derniers jours de l'écrivain Gisela Eslner qui se suicida à l'âge de 56 ans. Dans le film, elle s'appelle Hanna Flanders, femme fantasque et fragile, sous anti-dépresseurs. Jeune auteur, elle connaît très tôt le succès dans les années soixantes. Très connue à l'Est, elle est très proche du parti communiste allemand, le DKP, et de Lénine, qu'elle vénère. Mais la chute du mur de Berlin à l'automne 1989 lui fait prendre conscience des réalités de cette Allemagne de l'Est qu'elle idéalise. La frontière est alors fragile entre le doute et la mort...
 
 
Oskar Roehler naît en 1959 de parents écrivains : Gisela Elsner et Klaus Roehler. Il grandit à Londres, Rome et Nuremberg. Depuis le début des années 80, il vit à Berlin et y travaille comme scénariste, journaliste, auteur de pièces de théatre et de nouvelles.
Son sixième film, L'Insaisissable, raconte l'histoire de sa propre mère à travers celle de Hanna Flanders.
 
Tout sur sa mère

« Que penses-tu de tout ça (la chute du mur de Berlin)?
- Que veux-tu, je survis à l'un comme à l'autre ».

Parler de sa propre mère, un personnage fragile, sans tomber dans l'excès est la performance du réalisateur Oskar Roehler. Plus qu'une histoire de famille, c'est un formidable portrait de femme qu'il dépeint dans un caméra à corps avec l'actrice principale Hannelore Elsner. Le choix du noir et blanc renforce ce sentiment de nudité, de crudité et d'authenticité : le personnage d'Hanna est toujours présent et son visage s'offre dans toute sa netteté à l'écran. La perruque noire que porte l'écrivaine s'auréole constamment d'un nuage de fumée de cigarette que sublime le noir et blanc. La caméra, très mobile, s'accroche à son personnage et dérive avec lui, guettant ses moindres doutes et angoisses. C'est comme un miroir auquel se heurte sans cesse Hanna. Son histoire rejoint celle de l'Allemagne et de tout une génération marquée par l'histoire du mur de Berlin. La chute du mur est constamment évoquée tout au long du film car c'est un évènement que redoute l'écrivaine. A la télévision, dans les cafés, sur toutes les lèvres un seul mot : liberté. La joie de tous les habitants contraste avec la mélancolie d'Hanna. A la fin du film, elle se voit privée de la seule liberté qu'elle s'accordait : fumer.
Ce film fort et intense nous entraine dans un passé proche avec intensité. C'est un beau geste de reconnaissance d'un fils à une mère qu'il a sans doute apprise à mieux connaître.

Muriel 

 
 
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