Depuis douze ans, Marie est l'épouse de François, dont elle a un enfant, Paul. Mais sans qu'elle connaisse véritablement les raisons de son mal-être, sa vie ne la satisfait plus. Un jour, son activité de représentante en encyclopédies l'amène à faire la connaissance d'un client singulier, Bill, un noir américain récemment émigré à Paris. Au fil de leurs rencontres successives, Marie va se sentir attirée par cet étrange personnage...

 
Bien qu'elle soit l'auteur d'un court métrage remarqué en 1995 (Grandir), Virginie Wagon est principalement connue pour être la collaboratrice artistique et la co-scénariste d'Erick Zonca. Elle a ainsi cosigné les scenarii de La vie rêvée des anges (1998) et de Le petit voleur (2000). A l'occasion de son premier long métrage, Erick Zonca ne manque pas de lui rendre la pareille, puisqu'il est à son tour crédité en tant que co-scénariste et collaborateur artistique.

Virginie Wagon confie volontiers avoir cherché longtemps l'interprète idéal pour Bill, cet américain qui réussit à séduire Marie. C'est finalement à Los Angeles qu'elle réussit à dénicher Tony Todd, un comédien dont les mensurations (deux mètres et un bon quintal !) lui ont valu d'interpréter un monstre dans Candyman.

" Je n'ai pas d'arguments, j'ai des envies "

C'est avec une infinie délicatesse que Virginie Wagon brosse ici le portrait d'une femme anonyme. Le metteur en scène réussit en effet à rendre compte du mal-être de son personnage principal dans tout ce qu'il a de diffus.

Marie est une jeune femme qui étouffe dans son existence quotidienne, sans qu'elle parvienne pour autant à définir ce qui lui manque exactement. " Tu m'as devancé tout le temps. Il me manque quelque chose qui vienne de moi " dit-elle à son mari. La rencontre avec Bill est pour elle une manière de reconquérir un espace de liberté dont elle ne disposait plus : cet homme qui ne lui propose rien, c'est bien ce qu'elle attend. Avec lui, elle prend goût à se raconter, puis à se dévoiler. Surtout, elle apprécie de mener enfin son chemin comme elle l'entend, sans les conseils et les directives de son époux. Après avoir passé une bonne partie de sa jeunesse à tout partager avec lui, elle apprécie de redevenir une et de mener enfin une existence en dehors de lui. Car Marie est plus éprise de liberté que d'absolu.

Leur relation de couple est également très bien perçue par Virginie Wagon. Marie et François se sont laissés broyer par le quotidien. En engageant une relation sans issue avec un autre homme, Marie a peut-être ouvert la soupape de sécurité qui était nécessaire pour remédier au malaise dans leur couple. Peut-être, parce que Virginie Wagon ne porte aucun jugement sur ses personnages et parce qu'elle a le bon goût de ne pas nous en dire plus sur le destin de ce couple qui s'aime mais qui vient de se déchirer.

Sa mise en scène est certes sans originalité, mais Virginie Wagon donne ici la preuve de sa capacité à conter une histoire tout en donnant à ses personnages une épaisseur qui, au cinéma, tend malheureusement à devenir une exception.

Pascal