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   spécial Cannes
 
 
 
Réalisation : Maria de Medeiros
Production : JBA Prouction, Mutante films
Scénario : Maria de Medeiros, Eve Deboise
Montage : Jacques Witta
Son : Jerome Thiault
Photo : Michel Abramowicz
Musique : Antonio Victoriano d'Almeida
Durée : 123 min

Interprétation:
Stefano Accorsi (Maia)
Maria de Medeiros (Antonia)
Joaquim de Almeida (Gervasio)
Fréderic Pierrot (Manuel)

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  Capitaines d'Avril (Capitaes de Abril)
2000 / Europe / Un certain regard / présenté le samedi 13 mai
 
Un jeune homme rejoint sa caserne, le 24 avril 74, au Portugal. Il quitte avec regrets sa dulcinée, qui rêve d'aller en France, fuir l'état policier. Qui a peur de voir son amour partir mourrir en Afrique, om les guerres coloniales font des ravages. Le Capitaine Maia ne se soucie pas du retard du soldat. Il a une révolution à préparer.
Une femme, mère d'une petite fille, soeur d'un ministre, protectrice d'un étudiant emprisonné la veille, épouse d'un militaire revenu d'Afrique. Elle ne supporte plus son mari, à ses yeux coupables d'homicides volontaires, criminel de guerre. Elle ne lui trouve aucun courage.
Pourtant, dans cette même nuit, la radio diffuse une chanson interdite, Grandola. Les chars avancent vers Lisbonne. Le gouvernement prend peur. La population se réveille de sa torpeur. Le Portugal va devenir le centre du monde, pendant 2 jours. Maia, Antonia, Gervasio,... ils seront au coeur des événements.
 
 
L'actrice Maria de Medeiros, portugaise ayant tourné avec Tarantino (Pulp Fiction), mais aussi chez Tachella, Oliveira, Luna, Lepage..., a fait de Capitaines d'Avril son premier long métrage, après 3 courts métrages (Seevrine C, Fragment II, A morte do principe). Reconnue dans le monde entier, Maria a engagé un casting européen : l'italien Stefano Accorsi, le portugais Joaquim de Almeida, le français Frederic Pierrot, l'espagnol Fele Martinez... elle a aussi offert à Lisbonne l'un des tournages les plus ambitieux de cette vieille ville, avec des chars, des foules, et l'occasion de retransposer deux jours de craintes, d'espérances, de soulèvement.
Car avant tout, le film est l'Histoire. La Révolution des Oeillets a duré 2 jours, n'a fait que quelques morts (la Police assiégée ayant tiré sur la foule) et a conduit le Portugal à la démocratie, grâce à l'armée!!!
La plus vielle dictature européenne, l'un des pays les plus illétrés et les plus pauvres du vieux continent, le seul à être encore embarrassé de guerres coloniales, tombait avec la volonté de Capitaines pacificistes (Mouvement des Forces Armées) et d'une population reconnaissante, et déterminée à avoir de la liberté et des droits. En refusant la violence, en mettant des oeillets au bout des canons, en usant de la négociation et surtout en chantant des poèmes en signe de ralliement, ce petit pays réussi l'exploit de changer son destin sans bain de sang et avec un certain panache. Le film devrait donc très bien convenir au monde enseignant ; un acte de désobéissance civile courageux qui mit fin aux années Salazar.
Aujourd'hui le Portugal vit une pleine expansion artistique et économique. C'est la première fois que le sujet est porté sur grand écran, avec des financements interantionaux.
 
OEILLETS POUR OEILLETS
Avec la fraîcheur des premiers films inspirés (vécu même) et l'intelligence d'un regard certain, Capitaines d'avril est une jolie surprise intéressante à deux égards : cinématographiquement le film n'a rien qui le rapproche du cinéma portugais ; on ressent l'occidentale Maria de Medeiros dans tout son découpage. Et surtout, le film s'offre une leçon d'histoire, une révolution méconnue, pacifiste, qui permet à tout le monde de comprendre l'âme de ce petit pays et ces deux jours qui ébranlèrent un régime innommable.
Pédagogique et romantique, parfois épique, le film prend son sens dès les premières images, sobres. Rares sont des ouvertures aussi puissantes, significatives et bouleversantes..
Une série de clichés photographiques en noir et blanc, une dizaine ; atroces, cruelles, avec des corps nus, désossés, démembrés, pourris par le soleil. Des corps brûlés, symboles des guerres coloniales en Afrique, toujours en vigueur dans les années 70. Ce contexte est l'origine historique et humaine de la Révolution des ‘illets. La population n'en pouvait plus d'envoyer ses jeunes hommes à la boucherie, tout en étant dans un régime " gestapoisé ".
C'est avec précision et sans lourdeur que Maria de Medeiros installe son histoire (des histoires d'amour qui se croisent) dans un film politico-social, où chaque personnage représente une vision des choses : le conservatisme, la lucidité et le cynisme, ou encore la foi en la liberté. Au spectateur de s'y reconnaître.
Un peu naïf, avec un scénario somme toute linéaire et classique, Capitaes de Abril relate les espoirs d'une jeunesse et de leurs parents, la volonté de rentrer dans le monde moderne, de mettre fin à une dictature policière. Tous les faits saillants de cette révolution incroyable - dirigée par l'Armée, des capitaines qui se prennent pour des héros de cinéma, soutenue par le Peuple, et négociée en 2 jours ! - sont reproduits. Lisbonne envahit par les chars, c'est à voir !
Avec des touches d'humour (les tanks qui respectent le feu rouge), des expressions insolites (on appelle la Police des " crèmes Nivéa ", rapport à la couleur des voitures), et une belle sensibilité, un véritable amour pour ces (ses) hommes, l'actrice-scénariste-réalisatrice nous offre un beau spectacle, flirtant avec le genre (guerre) et n'oubliant pas les fleurs au fusil et la musique à la Michel Legrand.
25 ans après avoir soulevé le couvercle, une femme braque sa caméra sur un épisode crucial, et ses influences sur des gens qui ont initié ce souffle de liberté. Les crimes pèsent sur les consciences. Entre utopies et envies, De Medeiros fait l'éloge de la responsabilité de chacun et la volonté de tous comme seule énergie pour faire changer les choses.
Il y a une charge émotive dans sa dédicace, à fleur de peau, comme si les souvenirs étaient encore présents dans les yeux de la petite fille qu'elle était.

Vincy  

 
 
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