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   spécial Cannes
 
 
 
Production : Parallax
Réalisateur : Ken Loach ( Kes, Family Life, Land And Freedom, My Name Is Joe)
Scénario : Paul Laverty
Photo : Barry Ackroyd
Musique : George Fenton
Montage : Jonathan Morris
Durée : 110 minutes

Interprétation:
Pilar Padilla (Maya)
Adrien Bondy (Sam)
Elpidia Carrillo (Rosa)
Jack McGee (Bert)
Monica Rivas (Simona)
Franck Davila (Luis)
 

 Bread and roses
2000 / Angleterre / Projection à Cannes le 11 mai / Compétition Officielle
 
Le coeur gros, Maya a laissé sa mère à Cuernavaca pour passer aux Etats-Unis. Après bien des péripéties, elle arrive à Los Angeles où vit depuis longtemps sa soeur aînée Rosa.
Energique et décidée, Maya décroche un premier job de serveuse dans un bar de nuit puis obtient de Rosa, employée dans une entreprise de nettoyage, qu'elle la présente à son directeur, Perez. Devenue femme de ménage, Maya se retrouve au milieu d'une armée d'employés de toutes les nationalités opérant la nuit dans les bureaux des buildings de Los Angeles. Elle découvre les conditions dans lesquelles travaillent les immigrés dont les papiers ne sont pas en règle.
Contrairement à Rosa, Maya ne peut pas accepter de se soumettre.
 
 
Né en 1936, Ken Loach est un des pionners du cinéma réaliste anglais
avec Mike Leigh (Naked, Secrets et mensonges). D'abord réalisateur pour la télévision, il a franchi le pas avec Poor Crow en 1968.
C'est la 11ème fois que l'un de ces films est sélectionné à Cannes. Il a obtenu deux fois le prix du Jury, en 1990 avec Hidden Agenda et en 1993 avec Raining Stone et Peter Mullan l'interprète de son dernier film My Name Is Joe a obtenu le prix d'interprétation en 1998, parmi ces autres films sélectionnés à Cannes, Land And Freedom grand oublié du palmarès Cannois de 1995.
Ken Loach qui fut auparavant professeur a également réalisé de nombreux documentaires sociaux stigmatisant la politique de Margaret Thatcher, John Major et celle aujourd'hui de Tony Blair. Ce n'est pas la première fois qu'il abandonne l'Angleterre; avec Land And Freedom, il s'était intéressé à la Guerre d'Espagne et dans Carla's Song, il décrivait les méfaits des contras armés par la C.I.A au Nicaragua.
Cinéaste engagé, politique donc, Bread And Roses, sur fond de lutte contre la mondialisation capitaliste, semble ne pas échapper à la règle.

Adrien Brody a été révélé par La Ligne Rouge de Terrence Malick, depuis ce film, ces perfomances ont été remarqué dans The Summer Of Sam de Spike Lee et Oxygen de Richard Shepard.

 
PATHOLOACHIQUE

Dans la lignée de Carla’s Song, tout en s’inscrivant à la suite de ses films sociaux " so british ", Ken Loach nous déçoit avec une oeuvre mineure dans sa filmographie.
Ce n’est pas la première fois que le cinéaste se penche sur la culture hispanophone, sur ce conflit Nord/Sud, ni même sur l’immigration.
Comparé à Rosetta, cette histoire de Maya fait cependant pâle figure. Lorsque les frères Dardenne vont jusqu’au bout de la misère, ils affrontent la délation de leur héroïne. Ici une dénonciation (grave) qui aurait pu laisser le spectateur juger de l’acte, est vite rattrapé par un contexte démagogique qui excuse tout. Ou presque.
Loach n’a pas réussi à faire autre chose qu’un film manichéen et populiste. Les riches d’un côté, les pauvres de l'autre. Hymne au syndicalisme. On sent chez le réalisateur l’envie de faire du documentaire fictif, ou de la fiction documentaire. Mais seule la relation entre les deux sÏurs suscite un intérêt psychologique et cinématographique. Les autres rapports humains sont souvent baclés sur l’autel de la lutte sociale.
Il y a bien sûr deux trois scènes très bien écrites, inspirées notamment le cocktail tournant à la farce. Mais elles ne compensent pas le déséquilibre d’un film qui se cherche : à suivre une Maya trop spontanée, pas assez réfléchie, qui cherche des noises par bêtise, le personnage principal en devient énervant, au lieu d’être attachant. On aurait voulu adhérer !
Portrait d’une classe ouvrière, analyse d’une régression sociale, Bread and Roses (rapport à une révolution ouvrière du début du siècle) rejette le romantisme d'un dilemme amoureux, et flirte avec la comédie musicale (sans l'oser).
Reste un film de bon sens (social), de bons sentiments, un peu moral, pas très original, mais auquel on ne peut pas reprocher le regard précis de son auteur sur un monde décidément injuste.

VCT 

 
 
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