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Billy Elliot 1999 / Grande Bretagne / Projection en cloture de la Quinzaine des réalisateurs / Sortie: 20 décembre 2000 |
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La mère est morte. Mais elle revient certaines nuits pour lui donner un conseil avisé. Il aime préparer le petit déjeuner à sa grand mère qui voulait être danseuse. Son père supporte mal la solitude, et les temps qui changent. La Mine qui l'emploie depuis toujours va fermer, c'est certain. Et son frère aîné est aux premières loges, tout jeune, sans formation, sans futur.
Billy. Qui se sent différent. Pas comme les autres. Il a la danse dans la peau. L'envie de bouger, de frapper des murs, d'aller voir ailleurs si il y est. Alors Billy échange ses gants de boxe pour des chaussons de ballet. Il a rencontré Madame Wilkinson.
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Il y a quelque chose qui tient de l'autobiographie dans ce film, d'abord appelé "Dancer" pour finalement prendre le nom de son héros. Le producteur John Finn est issu d'une famille mineurs. Premier enfant à entrer à la fac dans sa famille, il ressentait parfaitement les appréhensions de son héros.
Il fait donc appel à Stephen Daldry, dont c'est le premier long métrage. Finn avait produit le court métrage de Daldry, grand directeur artistique londonien.
Le plus difficile fut surtout de trouver l'acteur capable de jouer avec le bon accent (et danser avec le bon tempo) Billy Elliot. Plus de 2000 garçons passèrent une audition. Jamie Bell a appris à danser dès l'âge de 6 ans. Il fut enrôlé à 13 ans pour son premier film. "Il faut beaucoup s'entraîner pour réussir et les mecs de mon école se moquaient de moi en me disant que je faisais un sport de fille. Ils disaient que je ferais mieux de jouer au football ou au rugby, alors je ne leur disais plus qu'après l'entraînement de foot, j'allais à mes cours de danse." (in dossier de presse).
L'histoire est en partie inspirée par un vrai danseur du Royal Ballet, Philip marsden, originaire du nord de l'Angleterre et dont la famille était des militants syndicaux dans l'industrie des Mines. Avec un budget très modeste (environ 5 millions de $), le casting n'est pas dans la catégorie des grandes stars, mais des grands acteurs y évoluent. Julie Walters fut nommée à l'Oscar de la meilleure actrice dans "Educating Rita" (83), son plus grand succès. Son père (Gary Lewis) fut remarqué dans de nombreux petits films britanniques dont "East is East", "Petits meurtres entre amis", et deux Loach (My Name is Joe, Carla's Song). La plupart des comédiens avaient fait leurs premiers pas à la TV.
L'autre investissement majeur fut la bande originale. T-Rex ("Cosmic Dancer", "I Love To Boogie", "Children of the Revolution", "Ride A White Swan", "Get It On"), Eagle Eye Cherry ("Burning Up"), The Jam ("A Town Called Malice"), The Clash ("London Calling") se mélangent à Tchaikovsky (Le lac des cygnes) et Fred Astaire (Top Hat).
Le film fait la clôture de la Quinzaine des Réalisateurs, qui s'offre ainsi une parenthèse (de fermeture) ... enchantée.
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LANGAGE DES CYGNES
« Les garçons font du foot, de la boxe, mais pas de la putain de danse. »
Lorsque le cinéma anglais mélange les genres, entre comédie et drame social, avec un soupçon d'allégorie et de dépassement de soi, lorsqu'il parvient au plus juste des équilibres, il est à son meilleur et nous offre de très beaux cadeaux comblés d'émotions, de rires, de souvenirs...
Il est évidemment aidé par des acteurs dont l'interprétation frôle souvent le prix d'excellence. Du gamin (étonnant Jamie Bell) à la "revenante" (Julie Walters), tous apportent leur touche d'humanité et la subtilité de leurs failles. L'autre réel atout du cinéma britannique se révèle ici diablement efficace : le scénario. Une histoire limite mélo, qui nous pousse doucement vers les larmes, sans le pathos, et qui nous fait croire en l'avenir de l'homme, quelques soient sa caste ou sa classe, ses clichés ou ses clans. L'histoire est forcément belle, celle d'un courage et d'une détermination, avec tous ses doutes. La générosité qui en découle n'est jamais trop sucrée. Le destin est inéxorable et pousse finalement un Gavroche à se transformer en lord Fantleroy.
La différence - et donc le don - du gosse n'est qu'un élément du puzzle. L'important se situe avant tout dans son initiation à la douleur, à la souffrance, à la vie, dans son acceptation à devoir faire des choix et refuser de se laisser embarquer dans une spirale qui n'aboutit qu'au déclin de la classe à laquelle il appartient. Tel un oiseau rêvant de liberté, il cherche le meilleur moyen de s'évader de sa cage... C'est là que le film nous touche : il remplit ce désir, satisfait notre envie de voir ce bel oiseau s'envoler. Il n'y a aucune frustration, juste un réel plaisir à nous embarquer dans ce conte de fée à la Cendrillon.
Daldry n'oublie rien : toutes les réactions possibles y sont, toutes les phases de réflexions et de rebellions s'y trouvent. Ce "petit film" devient alors une histoire universelle, s'autorisant à jouer avec l'imperfection fondamentale de son héros : son manque de culture, ses origines prolétariennes, son envie de se battre (dans tous les sens du terme). Dans ce milieu mâle, le rôle de Walters n'a rien d'innocent. C'est la fée, celle qui le guide, qui lui apprend la maîtrise, les bases pour qu'il puisse atteindre son étoile. Elle lui ouvre le monde jusqu'à le faire sortir de sa ville.
Billy Elliot est une oeuvre bouleversante qui fera battre la chamade. S'appuyant sur une musique pop "d'enfer", le garçon puise son rythme, sa chorégraphie dans un mélange savant d'instinct et mouvements impulsifs. Les chorégraphies ajoutent à la pêche que le film véhicule. On est alors en plein "musical". Mais contrairement à Von Trier, il n'ets nul besoin de transformer l'image. L'énergie véhiculée par le comédien suffit à nous faire comprendre à quel point la danse lui fait casser des murs. A quel point l'art, la culture peuvent aider tout être humain à s'élever...
Vincy
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