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A VENDRE
Interview Sandrine Kiberlain
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Filmo
DES FILLES ET DES CHIENS, de Sophie Fillières (c.m. - 1991) |
Q « Quelle a été votre réaction quand Laëtitia Masson vous a donné à lire le scénario de A Vendre ? SK Laëtitia étant très respectueuse, elle m'a envoyé le scénario avec une lettre me disant : "J'ai écrit en pensant à toi mais évidemment j'ai écris tout ce que tu ne savais pas faire. Je comprendrai donc que tu aies peur et que tu n'aies plus envie..." Dès les premières pages du script, j'ai non seulement été imprégnée par cette histoire mais j'ai tout de suite voulu être France Robert. C'était construit de manière tellement étonnante. Quelque part, j'avais le sentiment qu'un tel personnage allait m'emmener très loin dans mes propres peurs. C'est quand même l'histoire d'un animal sauvage et solitaire qui quitte sa famille et perd, peu à peu, tous ses repères. Je vis beaucoup dans l'imaginaire, alors incarner une terrienne n'était pas la moindre des difficultés. Je lui ai donc envoyé un fax où je lui disais : "Je ne sais rien... Je sais juste que je veux faire ce film. Ce sera comme une noyade mais, parce que c'est toi, j'irai à fond..."
Q Quand était pour vous la principale difficulté d'un tel rôle ?
Q Qu'est-ce qui vous faisait peur ?
Q A l'origine, Laëtitia voulait justement que vous vous dépassiez pour ce rôle et que vous alliez vraiment au-delà de vos appréhensions de comédienne. Elle vous a emmené si loin que ça ? ? |
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Q Comment joue-t-on un sentiment à priori aussi impalpable que la solitude ? SK Je ne sais pas... C'est vraiment très rare de la filmer d'aussi près. Dès le départ, j'ai été touchée par la solitude qui émane de cette histoire et de ce personnage. Il y notamment une scène terrible où je suis dans une petite chambre d'hôtel pourrie à Belleville, assise au pied de mon lit, avec pour seule compagnie cette poule attachée au radiateur... Laëtitia voulait que je sois dans le dénuement physique et moral le plus total. Avant le tournage, elle était soucieuse de savoir si cela me gênait d'aller aussi profond dans l'isolement affectif de cette fille. Certes, je comprenais parfaitement pourquoi France en arrivait là, mais de là à l'exprimer. Instinctivement, je me suis jetée dedans. J'étais prête à l'abandon total et c'est, sans doute, à cet instant précis que je me suis approchée au plus près de France Robert. Quant à la fin de cette séquence, Laëtitia a dit : "Coupez !", j'ai pensé que, l'une comme l'autre, nous avions dû toucher le fond de quelque chose. Il y avait comme une émotion à trois, entyre Laëtitia, moi et le personnage.
Q Qu'avez-vous appris au contact de France Robert ?
Q Vous dîtes souvent que votre appréhension d'un personnage passe par le physique...
Q Et la nudité ?
Q Qu'est-ce qui a vous a le plus surpris en voyant le film fini ?
Q Que voudriez-vous que les gens retiennent de France Robert ?
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