© Ecran Noir 1998
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Q Ce film est complètement autobiographique, jusquau secret quon apprend par rapport...
JN Oui, mais ne le dites pas trop. Je suis très égocentrique. Il y a un truc que je trouve très intéressant, si je peux me permettre de dire ça, cest que javais trois pièges : un narcissisme complaisant, un pathétisme et légocentrisme. Je crois que je les ai évités, parce que cest dur de parler de soi comme ça. Et cest vrai, par rapport à la filiation, si vous voulez au doute de la filiation... Je voulais en parler avec la maturité dun homme de 50 ans. Et non dun jeune garçon de 20 ans, si vous voulez, qui le reçoit différemment. Cette dame de 83 ans qui meurt, qui est aussi non-professionnel, et tout ça était très fort. Je voudrais citer les quatre professionnels qui sont Lionel Goldstein, Raphaël Goupillaud, Christine Paolini et Alois Mignaux qui ont accepté de travailler avec moi. Cest des amis qui m'ont rendu tellement de services, et je les voulais absolument sur le plateau. Cétait très important pour moi, qu'ils soient là, et les non-professionnels ont amené cette qualité, cette sensibilité, ce naturel qui est vraiment merveilleux. Jai beaucoup travaillé avec eux.
Q Y a-t-il eu un gros travail de préparation ?
JN Beaucoup de lectures. Puis je suis revenu chez moi après 10 ans dabsences, revenu 3 mois. Jai travaillé avec eux petit à petit. Jai eu du mal à faire des choix et je nai pas pris de risque à part la mort, je ne vois pas où est le risque. Ca métait égal. Cest-à-dire, je me disais : Et bien sils sont mauvais, ils seront mauvais!, voilà cétait pas grave. Jai jamais dit Moteur ni Coupé exprès, dêtre égal à égal, comme ça avec eux.
Q Le film se passe un petit peu en huit clos, puisque tout le film se passe sur cette place du village entre la tante, les parents qui sont sur la même place du village.
JN Oui, absolument. Un huit clos aéré, cest un petit village de mille habitants à Marciac dans le Gers. C'est un charmant village, où il y a un festival de jazz qui est connu depuis 20 ans. Et je voulais situer le film sur la place, pour le côté espion, le côté ragot. Mais, ce nest pas Marciac en soit, cest tous les villages dont je voulais parler, et jaimais bien lidée que la tante, la soeur de mon père habitent là et pouvaient espionner donc ma mère. On apprend pendant le film, quelle a été une coquine et qu'il se passe plein de choses, et sans que ça soit dit par les mots. On devine quand même que cette vie, tout est concentré et tout se sait. Cest pour ça que je voulais rester sur la place.
Q C'est votre premier long métrage ?
JN Cest mon premier long-métrage, en tant que réalisateur. Que je ne voulais pas faire et cest Agnès Godard, Dubroux et Téchiné qui mont poussé, si vous voulez, à passer à la réalisation. Mais, jai fait un court-métrage qui sappelle Manège en 1986 sur les 3 sexes homo, travelo, hétero (interdit aux moins de 16 ans), mais acheté par Canal + qui est passé à minuit et demie. Après jai écrit Jembrasse pas. Ce que jaime bien dans mon travail, si je peux me permettre de dire ça, cest quil y a une continuation, ma seule identité, elle est vraiment dans lécriture, je privilégie beaucoup lécriture, donc je refuse de travailler avec quelquun et quelques commandes, car je ne fonctionne pas sur la commande. Et cest vrai que Jembrasse pas, je nai pas pu le tourner parce que le sujet était trop difficile, donc on ne ma pas fait confiance. Puis, jai lâché prise assez vite. Puis, il y a eu la Matiouette (1983) qui est un moyen-métrage en noir et blanc, qua fait André Téchiné, qui a fait ses premiers pas sur un travail, sur les deux caméras. Cest pour ça quil a fait ça expérimentalement parlant. Et après, Larrière-pays où il revient à 50 ans pour la mort de sa mère.
Q De passer à la réalisation sur un long-métrage de venir ici à Cannes, ça représente quoi pour vous ?
JN Oh, je vais être un peu prétentieux, le film a été sélectionné au festival dAngers où les journaux en ont parlé dans de très bons termes. Jai eu le Prix Sadoul. Je trouvais un peu normal que je vienne un peu à Cannes enfin bêtement, si vous voulez. Et je trouvais important dêtre là. Cest que, dabord, je suis avec vous, enfin tout le monde, on parle de soi, donc cest toujours très narcissiquement très agréable. Et promotionnellement parlant, cest quand même toujours bien, même si on ne parle pas assez de Cinéma en France je trouve dans les journaux.Cest une très bonne sélection, et je trouve un peu dommage que la presse ne soit pas plus importante par rapport à ces sections parallèles. Et donc, je suis content parce quon en parle, cest toujours un plus.
Q Et vous avez dautres projets après, au niveau réalisation?
JN Oui, jai une pièce porno.
Q C'est du théâtre...
JN Oui, mais je peux faire un film, un moyen-métrage. Et parce que le sujet est trop hard et trop dur, donc au bout de 30 minutes on a compris, donc ça va. Mais, à mon avis je ne pourrais pas le faire.
Pourquoi ?
JN Trop cher, parce quen moyen-métrage, je pense que je pourrais le faire si Canal + est intéressée. Et cest sur le monde des travestis, des hommes qui se travestissent, ce nest pas la même chose, pas des transsexuels. Des hommes qui se travestissent pour accéder à leurs désirs, pour accéder au fantasme hétérosexuel. Et ils ont besoin de ce travestissement pour accepter aussi leur propre désir. Et une histoire damour entre une caissière et un sero-positif à la fin, mais à mon avis, il me faut beaucoup de monde, et je naurais pas dargent parce que je veux payer les gens, jai beaucoup de figuration, faut les payer pour les tenir sinon, on ne peut pas le faire, jai ça qui me tient beaucoup à coeur.
Film, Buzz, Synopsis
André Téchiné
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