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1989
Sex, Lies, and Videotapes de Steven Soderbergh (E.Unis) |
![]() Narrativement aussi simple, de prime abord, que son titre l’indique, sex, lies, and videotapes cache, sous son vernis un peu froid et distant, le brillant esprit disséqueur de Soderbergh, qui examine lucidement l’état des relation hommes-femmes à travers le cheminement d’une épouse bourgeoise et frigide. Au contact d’un vieil ami de son mari, celle-ci s’ouvre alors en lui confessant, sur vidéo, ses frustrations et fantasmes sexuels. Un geste libérateur pour la femme trompée qui aura des répercussions dévastatrices sur sa vie et celles de ses proches. Sorte de croisement entre Teorema de Pasolini et Next of Kin de Egoyan, le long métrage de Soderbergh exploite la vidéo pour en dénoncer le pouvoir médiateur et manipulateur, mais aussi pour dresser une critique d’un certain mal des communications à l’aube d’une nouvelle révolution technologique (que vient confirmer la frénésie actuelle des échanges de courrier électronique et autres tractations sur Internet). A l’instar de l’intrus qui s’immisce dans (puis transforme) l’intimité des femmes pour mieux sceller son retrait sexuel (il se masturbe en visionnant ce qu’il filme), la caméra pénètre une réalité qu’elle ne peut laisser intacte. Cette mise en scène amène en bout de ligne à une mise en abîme, qui provoque la mort d’un monde et facilite l’émergence d’un nouvel ordre. Presque sournoisement, Soderbergh aura réussi à installer une tension, érotique et psychologique, qui laisse sur le spectateur une indélébile impression de malaise, d’ambiguïté et de désarroi. |
© Volute productions 1997
© Hors Champ 1997