1982
Missing de Costa-Gavras (E.Unis) |
«Vous ne pouvez changer la vision politique des gens avec un film, mais vous pouvez au moins engendrer une discussion politique».
Constantin Costa-Gavras.
À la sortie de Missing en 1982, Costa-Gavras n'anticipait pas la polémique que son film susciterait. Profitant de la notoriété obtenue avec Z à son passage à Cannes en 1969 et de l'immense blindage médiatique acquise au fil des années avec des films comme l'Aveu, États de Siège et Section Spécial, Missing libère une aura qui prédisposa son succès instantané à sa sortie sur la Croisette. Une sortie agitée qui fut fidèle à la réputation du cinéaste. Surtout avec les démêllés avec le gouvernement américain concernant le film. Avec Missing, le cinéaste français (d'origine grecque) touche probablement un sommet dans sa carrière, mais il atteint également l'objectif ultime du film politique, c'est-à-dire, dénoncer l'esthablishment et faire bouger les choses. À l'opposé de Z, son précédent film, Costa-Gavras bénificia, pour Missing, de conditions privilégières quoique paradoxales puisqu'il disposa de toute la latitude possible (économique et artistique) sous l'aile de la Universal studio (?), afin de tourner un film politique en Amérique latine. Missing était son premier film à Hollywood. Toujours en opposition au conservatisme habituel des studios américains, Costa-Gravas disposa d'une liberté peu commune qui lui permit d'expérimenter une structure narrative non-linéaire. Sans être des flashbacks, l'histoire de Missing se juxtapose en deux temps différents se déroulant simultannément au présent et au passé. D'une part, il y a les faits entourant la disparition du journaliste américain Charles Horman durant le coup d'état du pays (gardé intentionnellement anonyme dans le film), et de l'autre, il y a les démêlés du père de Horman avec l'ambassade des États-Unis qui cache hypocritement leur volonté à ne pas intervenir et surtout à cammoufler les réèls détails du contexte de l'assassinat de Horman. Missing est inspiré d’un roman lui-mème basé sur un fait réel. La grande victoire commercial du film - on comprend alors l'intérêt de la Universal studio à parier sur Costa-Gavras - fut de fondre le sujet lourd d'un drame politico-économique dans une forme divertissante et accessible nommé le thriller politique. La Palme d'or de 1982 ne fut pas majoritaire. Elle fut accordée ex-aqueo à Missing et à Yol. En fait, la récompense ce divisa en deux en raisons des passions soulevées par les deux films. Les déboirs personnels de Yilmaz Güney concernant son emprisonnnement et la perte de sa nationnalité Turque et la controverse au sein du gouvernement américain et l'engouement du public pour Missing de Costa-Gavras ont peut-être davantage été la raison majeure qui a poussé le jury de l'époque à ne pas départager le prix. |
© Volute productions 1997
© Hors Champ 1997