1978
L’arbre aux sabots de Ermano Olmi (Italie) |
Avec un souci du détail et un sens évident de la proximité, L’arbre aux sabots relate la vie collective, un an durant, d’un village de la Lombardie à la fin du siècle dernier. Tourné en 16 mm, en extérieurs réels avec des acteurs non-professionnels, il constitue un morceau de grande authenticité.
De cette épopée de la vie quotidienne d’une multitude de personnages, entraînés à vivre sur des terres qui ne leur appartient pas, Olmi ne semble pas avoir perdu un seul détail de vue - ne serait-ce qu’en ce qui concerne le climat politique de l’époque, qui pointe toujours en filigrane par la présence de ce propriétaire terrien qui use de son pouvoir pour chasser une famille entière de ses terres, ou par cette scène où un paysan corrompu trouve une pièce d’or sur la place où un orateur socialiste fait son discours. Mais cette présence du politique n’occulte pas encore, chez les paysans eux-mêmes, le sens d’une évidente communion religieuse, le rapport au sacré autour duquel chacun d’eux est situé, sentiment que partage manifestement le cinéaste, puisqu’il ne manque pas d’assaisonner son film de petits événements « miraculeux »: guérison d’une vache malade (est-ce à cause des prières de sa propriétaire?), perte de la pièce d’or et syncope du paysan malhonnête, adoption d’un enfant trouvé près d’un couvent par un couple de jeunes mariés. Mais jamais cette symbolique religieuse n’alourdit le propos. Écrivant, dirigeant, tournant et montant lui-même son film, Ermanno Olmi signe ici une fresque rurale aux proportions saisissantes, qui ne va pas sans diviser le spectateur entre la nostalgie d’une époque où les choses prenaient un caractère nettement humain, et l’admiration devant cette même humanité, brillamment reconstituée. On en vient également à regretter ce genre de cinéma italien comme il ne s’en fait plus (eh oui), dans la veine des premiers Taviani. |
© Volute productions 1997
© Hors Champ 1997